Espagne / élection : les sondeurs en déroute

Manuel Vicuña - - 0 commentaires

La surprise a un goût amer pour la gauche alternative espagnole.

Depuis des semaines, la presse nationale et les sondeurs annonçaient ensemble un tremblement de terre électoral, lors des élections législatives du 26 juin. Enfin, Podemos et ses alliés communistes d’Izquierda Unida allaient réaliser le "sorpasso" : dépasser un parti socialiste (PSOE) à bout de souffle. Enquête après enquête, la même analyse, laissant penser que Pablo Iglesias et ses alliés allaient s’imposer comme la nouvelle force de gauche, seule alternative à Mariano Rajoy (Partido Popular) et à une droite de gouvernement donnée victorieuse mais affaiblie par les scandales de corruptions à répétition. Il n’en a rien été.

Contre toute attente, les résultats des élections législatives espagnoles de dimanche ont balayé les espoirs de la coalition "morada" (violette) de Unidos-Podemos : l’alliance des gauches alternatives (21,1% des voix) n’est pas parvenue à dépasser le parti socialiste (22,7% de voix) qui reste la deuxième force politique du pays derrière le gouvernement sortant de droite du PP (33%), grand gagnant des élections, qui progresse de 4,3 points avec 137 députés. Pire, Podemos et Izquierda Unida qui conservent leur 71 sièges, ont perdu les 1,2 million de votes depuis les dernières élections de décembre. La déroute est aussi cuisante qu’inattendue. Car comme le soulignait ce matin la presse espagnole, toutes les enquêtes d’opinion se sont lourdement trompées.

Ce n’est pas tout : jusqu’à la dernière minute, hier soir, tous les grands médias d’El Pais à El Periodico en passant par ABC, La Vanguardia, la chaîne Antena Tres annonçaient le fameux "sorpasso" de Unidos Podemos face au PSOE en s’appuyant sur des sondages réalisés au sortir des urnes notamment par l’institut Sigma Dos pour la télévision publique TVE et par l’institut GAD3 pour le quotidien ABC.

"La coalition électorale entre Pablo Iglesias et le leader de Izquierda Unida (IU), Alberto Garzon, a confirmé les prévisions des enquêtes et dépasse le PSOE."avançait ainsi El Pais en plein dépouillement des bulletins à 20h50.

Les sondages prévoient la victoire du PP et le "sorpasso" de Unidos Podemos

Loin des résultats réels. Puisque le sondage en question donnait Podemos devant le PSOE, avec entre 91 à 95 sièges (soit 20 sièges de plus que le résultat réel). "Tous les sondages se sont trompés en sous-estimant les résultats du PP et en gonflant ceux de Podemos Unidos"constate el diario.es.

 

Si, au lendemain du scrutin, eldiario.es dresse un bilan catastrophique des enquêtes d'opinion et des sondages sortis des urnes - lesquels ont tous échoué à prévoir le résultat final -, le site d'information lui-même fait son mea culpa. Il avait également publié une enquête avant le scrutin annonçant le "sorpasso" de Podemos et de ses alliés. L'annonce prématurée d'un "sorpasso" a dépassé hier soir les frontières espagnoles. En France aussi, reprenant les estimations de la presse espagnole relayées par des dépêches d'agences, certains médias s'étaient quelque peu avancés :

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