Espagne : cyber-accusations de racisme contre le leader socialiste

Manuel Vicuña - - 0 commentaires


En Espagne, la campagne électorale pour les législatives du 26 juin tourne à la guerre de coups bas sur le web

. A moins d’une semaine du scrutin déterminant qui doit permettre à l’Espagne de dégager une majorité, le leader du parti socialiste (PSOE) Pedro Sanchez est le héros involontaire d'une vidéo mise en ligne sur Twitter ce dimanche. On y voit Sanchez en campagne dans les rues de Madrid, s’essuyer les mains après avoir salué une femme et deux enfants noirs. Le candidat socialiste pris en flagrant délit de racisme? C’est l’accusation portée par ses opposants et rivaux conservateurs du Parti Populaire (PP).

Postée dimanche matin sur Twitter par une internaute espagnole, la première vidéo n’a pas échappé aux cadres du PP (droite) qui l’ont abondamment relayée sur les réseaux sociaux, la section madrilène la première. "Une image vaut mieux que mille mots", a commenté le chef de file catalan du parti, suivi de près par d’autres figures du PP comme la présidente de la communauté de Madrid, Cristina Cifuentes ou encore la porte-parole du parti à l’assemblée de Madrid, Isabel Diaz.

 

Logiquement, l'affaire agite donc la presse espagnole depuis dimanche. D'El Pais à La Razon en passant par El Periodico ou infolibre, la majeure partie des médias nationaux y consacre des sujets. Est-ce un geste de mépris ? L'enfant qui regarde ses paumes après le passage de Sanchez avait-il simplement les mains collantes ? Médias et internautes s'interrogent.

Le quotidien El Pais publie également une autre vidéo de la même scène, filmée sous un autre angle. Le journal précise également que la scène a eu lieu mardi dernier dans le quartier madrilène d'Hortaleza, alors que le leader socialiste était sur le point de se rendre à un meeting en présence du syndicat de l'Union générale des travailleurs (UGT).

Mais la droite espagnole n’est pas la seule à saisir l’occasion de tirer sur le leader d’un parti socialiste en perte de vitesse. Plusieurs soutiens de Podemos qui, allié aux communistes de Izquierda Unida pourrait bien déborder le PSOE sur sa gauche le 26 juin, se sont aussi empressés d'épingler Sanchez. Les cadres du front des gauches alternatives n’ont pas directement commenté la vidéo. Mais comme le pointe El Pais, plusieurs relais non-officiels de Podemos sur les réseaux sociaux ne s’en sont pas privés. C'est le cas de plusieurs twittos proches du parti mais également de "Guerrilla", la chaîne du réseau social Telegram qui diffuse les contenus de Podemos et qui s’est fendue pour l’occasion d’un message cinglant: "Pedro Sanchez se nettoie les mains après avoir salué une famille noire. Quelle honte."

"En politique tout n'est pas permis"

La réponse du leader socialiste ne s’est pas fait attendre. "Mon engagement pour la défense de l’égalité, la tolérance et la diversité ne peut être remis en cause", martèle-t-il sur sa page Facebook. "Je sais très bien qui tente de salir mon image, qui est capable de recourir aux pires méthodes pour me faire du mal" écrit-il en affirmant que "en politique tout n’est pas permis". Quant au geste polémique? "Pour dire vrai, je ne m’en souviens pas. Je salue tant de gens et serre tant de mains" s’est justifié Sanchez ce lundi, selon des propos rapportés par le site elconfidencial.com. Il a reçu le soutien de l'association espagnole de lutte contre le racisme, Movimiento contra la intolerencia. De son côté, le leader de Podemos, Pablo Iglesias a tenu à dégager son parti de toute implication dans cette affaire, accusant au passage la droite. Et Iglesias d'affirmer : "L'utilisation de cette vidéo pour attaquer Pedro Sanchez me semble gravissime, je crois qu'il a raison lorsqu'il souligne que tout n'est pas permis."

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