Erdogan : presse turque divisée (Libé)
Gilles Klein - - 0 commentairesAlors qu'un deuxième enregistrement d'une écoute téléphonique met en cause Recep Erdogan, le Premier ministre, la presse turque est très divisée face à cette affaire constate Libération. Erdogan et ses soutiens parlent d'un montage et d'un complot animé par le mouvement Hizmet de l'imam Fetullah Gülen opposé au premier ministre, après avoir été son allié.
Ecoute compromettante pour Erdogan, rebelote. Après la diffusion d'un premier enregistrement sur Youtube, où l'on entendait deux hommes présentés comme Erdogan et son fils parler de grosses sommes d'argent, @si vous le racontait ici, un deuxième a été posté en ligne mercredi 26 février au soir. Dans ce nouvel enregistrement, un homme qui serait le Premier ministre demande à son fils de refuser une somme de 10 millions de dollars proposée par un homme d’affaires, la jugeant insuffisante. "N’accepte pas, lui conseille-t-il, tu verras bien qu’il finira bien par nous donner ce qui a été promis", rapporte Libération. Par ailleurs, le quotidien raconte l'affrontement des médias turcs sur ce scandale. Les uns protègent le gouvernement, d'autres au contraire s'en donnent à coeur joie. "Les quotidiens et les chaînes de télévisions pro-gouvernementaux – environ 70% de l’ensemble des médias – gardent un silence absolu sur leur contenu, tout en prétendant, comme le fait Erdogan, que ces enregistrements sont un montage orchestré par «les espions de la Confrérie Gülen infiltrés dans les services d’Etat chargés des téléphones portables cryptés et des écoutes" constate Libération. Exemple ci-contre, hier, avec la Une de Sabah (325 000 exemplaires, dirigé par le gendre du Premier Ministre) :«Gülen est au service des puissances étrangères.» |
Les quotidiens proches de l’opposition et ceux proches de la Confrérie relatent, eux, en détail les conversations entre "Le Premier Voleur et son fils". Zaman (1,1 million d’exemplaires, porte-parole officieux de la Confrérie) titre à la une«Le tremblement de terre des écoutes se poursuit» souligne Libération Du côté des télévisions, même différence de traitement : "Les chaînes nationales pro-gouvernementales attaquent systématiquement la Confrérie, accusant les responsables des écoutes téléphoniques. Seules les chaînes nationales proches de la Confrérie (Samanyolu, Samanyolu Haber, Bugün, Beyaz) ou de l’opposition (Halk TV, Art 1 Tv et Sokak TV) diffusent des débats sur le contenu des bandes." Mais la majorité des Turcs ne s'informeraient pas via ces médias traditionnels selon un spécialiste cité par Libération :"Etant donné la censure et l’autocensure en vigueur, la majorité des citoyens, et surtout les jeunes,ne lisent pas les quotidiens et ne regardent pas les chaînes de télévision pour s'informer,observe Esra Arsan de l’université Bilgi. Internet et les réseaux sociaux sont beaucoup plus riches et beaucoup plus fiables que les grands médias." Ce vendredi, l'enregistrement de la conversation attribuée à Erdogan et son fils a été été écouté plus de 4,6 millions de fois sur YoyTube. |
Dernier détail qui montre l'impact de la polémique provoquée par ces enregistrements dont la véracité n'est pas prouvée pour l'instant : "Mercredi soir, lors du match de foot entre Galatasaray et Chelsea, plus de 50 000 spectateurs ont scandé le slogan imposé par l’actualité : «Partout des pots de vins, partout de la corruption.»" conclut Libération.