Enderlin (F2) : "Le conflit israélo-palestinien n'intéresse plus tellement"

Justine Brabant - - 0 commentaires

Sur le point de prendre sa retraite après 34 ans comme correspondant de France 2 à Jérusalem, le journaliste Charles Enderlin livre au JDD et à l'Obs son analyse du conflit israélo-palestinien. Il revient sur l'affaire al-Dura, sur la deuxième intifada, et estime que le conflit "n'intéresse plus tellement" les rédactions aujourd'hui.

Comment devient-on l'emblématique correspondant à Jérusalem de France 2 ? Dans le cas de Charles Enderlin, en allant passer six mois dans un kibboutz pour "un projet citoyen" après avoir été viré de la fac de médecine. C'était en 1968. Ce sont les premiers pas du reporter dans une région du monde où il passera ensuite 34 ans de sa vie comme journaliste. Il commence à piger pour France 2 en 1981, puis est titularisé en 1988.

Ces trente années ont été notamment marquées, pour le reporter, par la deuxième intifada : "Pour les équipes israéliennes et palestiniennes qui travaillaient pour France 2, il y a eu un moment où cela a été très difficile, raconte Enderlin au JDD. On a même envisagé de mettre en place une cellule psychologique."

Episode marquant de cette deuxième intifada : l'affaire al-Dura, du nom de cet enfant palestinien de douze ans mort en septembre 2000 dans les bras de son père, filmé par un caméraman de France 2 (notre point complet ici). Enderlin dira dans son commentaire que les balles provenaient "de la position israélienne". Version contestée par un général israélien, par un reportage diffusé sur une chaîne publique allemande et par des agences ou sites de "réinformation" sur Israël, mais maintenue par le journaliste qui attaque en justice ses détracteurs. Quel regard porte-t-il aujourd'hui sur cette affaire ? "Je ne retire pas une virgule, assure-t-il à l'Obs. Mon seul regret, c'est d'avoir attaqué en justice, car les juges sont parfois imprévisibles et on n'en sort jamais."

Au moment de laisser son poste au journaliste Franck Genauzeau, Enderlin semble avoir un regret : l'intérêt déclinant des rédactions pour le conflit israélo-palestinien. "Le conflit israélo-palestinien n’intéresse plus tellement. J’ai vu des bureaux littéralement fondre. Les grandes chaines américaines (ABC, NBC, CBS), à l’exception de CNN et Fox, n’ont maintenant plus qu’un “Young Correspondant” sur place", relève-t-il. Avec Enderlin s'en va "le plus beau carnet d'adresse de la région", assure l'Obs.

L'occasion de relire notre point sur l'affaire al-Dura, et de revoir notre émission avec Charles Enderlin.

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