Elkabbach, ré-invitez Cahuzac !
Daniel Schneidermann - - 0 commentairesA l'heure où vous lirez cette chronique, si vous ne savez pas encore que Rachida Dati
a lapsucé (pardon) en prononçant "fellation" au lieu "d'inflation", dans une émission du dimanche, faisant se gondoler Touittère et Fessebouque, compère et commère en gondoleries, c'est que vous vivez sur la planète Mars. Si vous êtes encore dans l'ignorance des dernières nouvelles de la tectonique Fillon-Sarkozy (Fillon s'est détaché d'un bon centimètre, aux dires des fillonomes unanimes, assurant sur France 2, dans une émission rigoureusement calibrée pour ce bouleversant aveu, que Sarkozy n'était pas son "mentor"), c'est vraiment que vous le faîtes exprès.
En revanche, il y a beaucoup moins de chances que vous suiviez le feuilleton Lagarde-Cahuzac. Cet affrontement-là ne fait pas les gros titres. Mais c'est bien dommage, c'est pourtant l'affaire la plus intéressante du moment. Combien Bernard Tapie empochera-t-il, à l'issue de "l'arbitrage" dans l'affaire Tapie-Crédit lyonnais ? Une trentaine de millions, comme l'assurent Christine Lagarde, et Tapie lui-même ? Ou plus de deux cents millions, selon l'estimation de la commission des finances de l'Assemblée ? On a bien lu : la différence d'estimation ne porte pas sur des clopinettes. Elle porte sur plus de cent cinquante millions d'euros. Le président (PS) de cette commission, Jérôme Cahuzac, aimerait entendre Lagarde. Laquelle se barricade dans son bureau, pour éviter de déférer à la convocation. A laquelle elle sera, finalement, obligée de se rendre. |
Derrière cette épreuve de force, le sarkozysme évidemment. L' "arbitrage" si généreux pour Tapie a été décidé à l'Elysée, en échange d'opaques promesses dont nul ne connaît la nature exacte (notre dossier complet sur l'affaire est ici), et Lagarde a été forcée d'en endosser la responsabilité. Rendons grâce, pour une fois, à Sarkozy : c'est lui qui a souhaité, à l'époque de "l'ouverture", que la présidence de la commission des finances de l'Assemblée revienne à un socialiste. Et rendons grâce, tant qu'on y est, à Elkabbach : il avait invité Cahuzac, lequel s'est fait un plaisir de régler son compte à Lagarde, et de lui confirmer la ferme invitation du Parlement (même si le fond de la controverse, ces quelque cent cinquante millions d'argent public, a été quelque peu noyé dans une étrange euphorie générale, dans un studio tout épaté de sa propre audace). Hors micro, dimanche, à la fin de son autre émission d'Europe 1, Elkabbach a estimé que son émission de la semaine prochaine, avec Arnaud Montebourg, serait "moins intéressante" que celle qu'il venait de terminer avec Lagarde. S'il veut faire des émissions intéressantes, je me permets de lui suggérer une recette très simple : qu'il invite plus souvent Jérôme Cahuzac.