EI/musée de Mossoul : certaines statues étaient des copies

Anne-Sophie Jacques - - 0 commentaires


Des statues explosées à coup de massue ou de marteau-piqueur : la destruction d’œuvres d’art assyrien dans un musée de Mossoul en Irak par le groupe Etat Islamique (EI) a fait le tour des plateaux télé… et notamment en France où ces images – diffusées le 26 février – n’ont pas manqué de choquer. Pourtant, la plupart des œuvres détruites ne sont que des copies, ce que certains médias ont omis de préciser.

Les images sont choquantes : diffusées le 26 février par le groupe Etat Islamique (EI), on y voit de nombreuses œuvres d’art assyrien d’un musée de Mossoul en Irak voler en éclats sous les coups de massue ou de marteau-piqueur.

Le lendemain, ces images sont brièvement reprises sur le plateau de C dans l’air ou encore, plus en longueur, dans Le Grand Journal de Canal+ qui les soumet à ses invités Henri Guaino et Thomas Legrand – chroniqueur de France Inter – émus tous les deux. Rebelote le lundi : ces images sont de nouveau soumises à la chanteuse Madonna.

Or une partie de ce qui a été détruit au musée de Mossoul était des copies en plâtre.En effet, selon Le Figaro qui cite Élisabeth Fontan, conservateur honoraire du Louvre où elle fut en charge des collections assyriennes du musée,"la plupart des originaux pouvant être transportés avaient été évacués en 2003 par l'armée américaine à Bagdad." Pour le journaliste de France 24 Wassim Nasr, le grand taureau à l’entrée du musée est d'ailleurs une réplique dont l’original se trouve aujourd’hui en Allemagne. Pour autant, la chaîne assure que "selon d'autres experts, les pièces comprennent des originaux et des reconstitutions autour de fragments et des copies". Les images de la vidéo de propagande sont à ce titre assez éloquentes et on peut supposer que les statues qui explosent sous les coups de massue sont en plâtre, tandis que celles qui résistent sont des pièces d'origine.

Parmi les œuvres vraisemblablement originales se trouve un autre taureau, également attaqué au marteau-piqueur par les djihadistes, cette fois-ci non pas au musée de Mossoul mais sur un site archéologique situé de l'autre côté du Tigre. Ce site contient les vestiges de la capitale assyrienne de Ninive, comme le raconte Fontan qui détaille :"les taureaux ailés à tête humaine que l'on voit mutilés sur les images de propagande islamiste sont des «lamassou», des êtres bienveillants chargés de garder les entrées en éloignant les forces maléfiques".

Des copies donc ? Même si l'information ne change pas grand-chose à la portée du geste de l'EI, à aucun moment Le Grand journal n'évoque des copies. De leur côté, le jour de la diffusion de la vidéo par l'EI, les 20 Heures de France 2 et TF1 ont également omis de signaler ces copies. La précision a été apportée le lendemain dans les JT du soir.

> L'occasion de revoir notre émission sur la communication des groupes djihadistes.

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