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Revolution
Très étonnant de voir comment les médias dominants occidentaux ont accompagné le coup d'Etat puis semblent aujourd'hui le "lâcher" (car cet article du Monde est en droite ligne d'un changement opéré il y a quelques jours par le New York Times). A noter que l'Union Européenne demande la libération de Morsi.
Ne jamais perdre de vue que les "journaux de référence" tout autour de la planète ne font que servir la ligne de leurs gouvernements. Et bien souvent, les opinions publiques occidentales se croient informées par une presse "libre" et en conçoivent le plus souverain mépris pour les médias d'Etat de telle ou telle dictature sans se rendre compte que la propagande qui s'abat sur elles est à peu près du même niveau (voire la guerre en Irak aux Etats-Unis comme l'image d'Epinal mais absolument pas unique - ce travail est quotidien), légitimant sans cesse absolument les actions de son gouvernement et villipendant de manière grotesque le fâcheux étranger du jour qui n'a pas l'heur de plaire au dit gouvernement.
On l'a vu récemment avec Le Monde et les armes chimiques en Syrie qui fleurent bon la manip façon New York Times de l'époque de Judith Miller (2003). Il suffit de regarder la vidéo qui était censée appuyer ces articles pour se poser des questions. De plus, les échantillons "ramenés" par des journalistes (félicités par Fabius) sont admis comme des vérités révélés incontestables par à peu près tout le monde. Le fait même de ne pas envisager que des journalistes puissent mentir/manipuler/être manipulés dans cette séquence d'évènements prouve la mauvaise foi du Monde et du Ministre. La prudence élémentaire aurait voulu que tout le monde admette cette "preuve" avec des pincettes. Et quand Fabius nous demande de croire à la corroboration de cela par une source qu'il ne peut révéler, il se moque littéralement des français. Comment peut-il penser qu'après la guerre en Irak, une opinion d'un grand pays puisse se satisfaire de pareilles assertions sur lesquelles il ne peut donner aucun détail? Je le renvoie à Collin Powell et ses fioles d'Anthrax. Cela montre le mépris qu'il a de l'opinion publique et la certitude tranquille que les médias ne lui chercheront pas de poux dans la tête. Et il a raison...
Tout ça pour dire que nos "journaux de référence" (Le Monde en France) sont ultra-toxiques et travaillent main dans la main avec les gouvernements d'une manière qui peut être un peu plus élégante mais tout aussi impitoyable qu'un presse aux ordres du pire des dictateurs.
C'est ainsi que de hérault contre le bushisme avec Chirac, la France en est aujourd'hui devenu le pire fer de lance ce qui montre qu'en donnant le ton au reste des médias, les journaux de référence (suivi peu ou prou par le reste des médias surtout quand il s'agit de sujets d'intérêt national - lire "sujets ou l'intégrité journalistique passe totalement par la fenêtre) peuvent complètement changer l'atmosphère dans un pays sans même qu'on ne le remarque.
Si Khadafi a réellement financé Sarkozy, ne pourra-t-on pas relire avec amusement tous les articles "fleur au fusil" qui nous ont entraîné dans cette guerre en ignorant cet élément d'information substantiel? LOL
Alors pourquoi soutenir la destitution de Morsi puis demander sa libération 15 jours plus tard pour nos Etats (et donc nos journaux de référence)? Après l'Irak, la Lybie, la Syrie, il faut bien constater que la guerre civile et la destruction des Etats semblent être une issue qui ne déplaît pas aux occidentaux dans les pays musulmans ces dernières années. -
caius lapsus
Question,si en 1934 le peuple Allemand se revoltait et reussisse à virer avec l'aide de l'armée , Adolf,qui a été democratiquement élu, ce coup d'etat serait il considéré aujourd'hui anti democratique? c'est juste une question..bref.les fréres musulmands ce sont de grands démocrates..ça change tout. -
Djac Baweur
Les médias dominants oublient souvent, "étrangement", de mentionner les mouvements de syndicats et de travailleurs, et les revendications premières de la population, d'ordre sociaux-économiques.
"La place occupée par les syndicats indépendants et par les divers collectifs de travailleurs dans les mobilisations de la fin de l’année 2012 contre l’extension des pouvoirs de Mohammad Morsi (comme à al-Mahallah al-Koubra) montrent que la dimension économique et sociale du processus révolutionnaire égyptien demeure essentielle. Le régime ne s’y est pas trompé, tentant par divers moyens de réprimer les mobilisations sociales et leurs dirigeants. […]
La campagne Tamarod s’inscrit dans la continuité de ces mobilisations sociales : l’appel qui a été signé par des millions d’Égyptiens ne fait en effet absolument pas référence à des questions religieuses et ne dénonce aucunement, contrairement à ce que laissent entendre les médias occidentaux, une quelconque « islamisation de la société égyptienne ». Le texte affirme ce qui suit : « Nous vous rejetons car la sécurité n’a pas été rétablie, car les plus pauvres sont toujours ignorés, car nous sommes toujours en train de mendier des prêts à l’extérieur, car aucune justice n’a été rendue pour les martyrs, car notre dignité et celle de notre pays n’ont pas été restaurées, car l’économie s’est effondrée et repose sur la mendicité, car l’Égypte continue de marcher dans les pas des États-Unis ». […]
Les processus révolutionnaires posent en effet la question de la temporalité du changement, et invitent à se débarrasser de toute conception graduelle, ou linéaire, du temps politique. « On ne saurait se représenter la révolution elle-même sous forme d’un acte unique: la révolution sera une succession rapide d’explosions plus ou moins violentes, alternant avec des phases d’accalmie plus ou moins profondes »1. La révolution ne peut se résumer à un « grand soir », au cours duquel l’ancien s’écroulerait soudain et le nouveau le remplacerait : elle est un processus qui s’inscrit dans la durée, au sein duquel se succèdent, parfois de manière très rapprochée, le flux et le reflux, les avancées et les reculs, le calme et la tempête." […]
Si nul ne peut pronostiquer les développements à venir en Égypte et, plus généralement, dans le monde arabe, force est de constater, et la journée du 30 juin l’a confirmé, que nous n’en sommes qu’au début d’un long processus dont les causes sont profondes et dont les problématiques ne peuvent être résolues par un simple changement d’élite au pouvoir."
(sur contretemps) -
Msettimio
Tout n'est pas caprice ou mode,;
"Disgrâce" voilà qui en dit long sur votre point de vue. Comme si les printemps arabes étaient un phénomène de mode médiatique.
Vous avez le tropisme du chroniquur d'Asi fatigué : vite une chronique..."média = caca", envoyez, c'est pesé.
Le point de vue de Libé est argumenté et sans doute le fruit de réflexions sur le passé récent au Maghreb, il mérite mieux que ça, au moins d'être pesé.
: Remember, l'armée algérienne, chacune de ses interventions dans un processus civil s'est terminée par une tragédie.voire dans l'horreur.
Souvenez-vous du tout premier printemps arabe, souvenez -vous cette belle jeunesse qui manifestait tous les jours, souvenez-vous d'Isabelle Adjani se mêlant aux manifestants et les soutenant "en tant que française", L'ALN noya cette belle jeunesse dans le sang, dans le sang pour avoir réclamé transparence, liberté, démocratie.
Fin du premier acte.
Puis il y eut la victoire du FIS, aux municipales, le lâche soulagement des gouvernements européens suite à l'intervention de l'armée, vingt ans d'horreur tout ça pour des municipales.
Qu'a-t-elle défendu l'armée algérienne en '92 ? La constitution ? La liberté ? La paix civile ?
Que défend l'armée égyptienne aujourd'hui ? -
yaniz
aider à déposer une dictature, prendre le pouvoir démocratiquement, puis modifier les lois et la constitution pour imposer une règle religieuse d'un autre age, c'était s'exposer à une seconde révolution de "légitime défense".
car la constitution semble la clé et un verrou de la stabilité des démocraties.
en égypte, l'établissement de la constitution n'avait pas l'air de donner beaucoup la parole au peuple, qui a peut-être anticipé aussi un "cadenassage" légal et "démocratique" de son avenir.(cf le post de léa)
les médias n'ont pas trop éclairé le sujet et les articles du Monde et de Libé non plus.
le dernier post le montre bien, les militaires ont été le recours. ils vont peut-être éviter une guerre civile et permettre à la démocratie égyptienne de grandir, mais c'est vrai qu'on a tellement de contre-exemples dans le passé...et ils n'ont pas l'air de trop aimer les frêres musulmans. -
philv76
J'étais en Egypte aux vacances de Pâques cette année; la plupart des égyptiens francophones -ou familiers du globish- rencontrés annonçaient/envisageaient/pronostiquaient la chute de Morsi d'une façon ou d'une autre "avant l'été" tant le ras-le-bol devant l'incompétence des Frères Musulmans était intense; en résumé, le diagnostic était le suivant : "avec Moubarak, le régime était complètement pourri mais au moins les affaires fonctionnaient encore, on trouvait de quoi se procurer de la nourriture et du carburant, et les touristes étaient là!"
Dont acte. -
JREM
Un pays où l'on refuse la plus haute responsabilité à une homme d'état incontestable (Mohamed ElBaradeï)
sous prétexte qu'il est trop laïc (source) peut il prétendre être sur le chemin de la démocratie? -
yaniz
a t on le droit d'évoquer qu'un meilleur avenir pour les femmes égyptiennes a pu donner un a-priori favorable (aux yeux des médias occidentaux) à la mise à la porte du gouvernement des frères musulmans? et la démocratie sans le droit des femmes, est ce vraiment une démocratie même si la charia a été "constitutionnalisée" ? et que critiquer la mise à la porte du président morsi, c'est aussi légitimer ce fait religieux très peu démocratique? -
Sterling Archer
Belle enquête du Monde.
Que des médias ou des industriels aient accompagné Tamarrod (comme d'autres ont accompagné les Frères, Al Jezira en tête) n'est pas très surprenant, ni forcément inquiétant. Reste à savoir à quelle sauce seront mangés les apprentis-révolutionnaires maintenant que l'armée a la haute-main sur le gouvernement.
A noter que les jeunes têtes pensantes de Tamarrod, "allegiques aux barbus" se réclament de Nasser et du nationalisme arabe (l'un d'eux aussi De Gaulle en modèle). -
constant gardener
"Complot" anti-Morsi, avec la complicité de riches industriels ?
Mais pas celle des Etats-Unis?