Ebola aura son "tsar" américain

Daniel Schneidermann - - 0 commentaires

Branle-bas de combat dans les chaînes d'info continue.

Une infirmière atteinte d'une forte fièvre hospitalisée et "confinée" à Saint-Mandé, dans la banlieue parisienne. Elle avait soigné une autre infirmière, atteinte d'Ebola, rapatriée d'Afrique, et depuis hors de danger. C'est le seul cas français pour l'instant.  Il faudra attendre le lendemain matin pour apprendre que les premiers tests Ebola de la deuxième infirmière sont négatifs. Dans l'intervalle, le "confinement" de l'infirmière aura occupé les antennes. Et permis aux spécialistes de la spécialité de disserter sans fin, en deuxième ligne sur "la psychose d'Ebola".

Lesquels débats sur la psychose nourriront évidemment la psychose. Comme d'autres "items" de l'actualité (par exemple "la dédiabolisation de Marine Le Pen") "la psychose d'Ebola" est, pour les medias, un sujet performatif. L'évoquer, y consacrer des analyses, des reportages, c'est mécaniquement la créer et l'amplifier. Ce qui ne signifie pas qu'il ne soit pas intéressant de médiatiser cette épidémie potentiellement mondiale. Tout reportage étayé sur les failles des protections sanitaires des soignants est évidemment nécessaire. Dans un autre domaine, on lira par exemple ce matin cet article de Reporterre sur le rôle que pourrait avoir joué, dans l'épidémie, la déforestation en Afrique.

En matière de psychose, la France est encore loin des Etats-Unis. Aucune voix, en France, ne propose encore ce que proposent plusieurs parlementaires US, évidemment relayés par la grosse caisse de Fox News : la fermeture totale des frontières aux vols en provenance des pays concernés. Fermeture totale, y compris aux personnels soignants se rendant ou revenant des pays touchés, au risque évidemment d'y accélerer encore la propagation. Pour refuser (pour l'instant) le cadenassage, Obama (comme le directeur du centre des maladies infectieuses d'Atlanta, Thomas Frieden), est la cible des attaques habituelles, sur son internationalisme de "citoyen du monde" supposé. Il serait d'accord, en revanche, pour nommer un "tsar" d'Ebola, sans qu'on comprenne très bien quels seraient les pouvoirs de cet autocrate, ni son intérêt, sinon d'offrir enfin aux caméras le visage du lutteur suprême contre l'ennemi mutliforme.

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