Drucker / gendarmerie : encore une co-production

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Le show présenté par Michel Drucker, mardi 4 mai, sur France 2, promettait une immersion "au coeur de la gendarmerie". L'émission a été financée pour moitié par la gendarmerie. Drucker est coutumier de ce type de coproductions.

 

Promesse tenue : des people découvrent différentes unités de la gendarmerie, une immersion en bonne et due forme. Et pour cause ... Le journal Libération dévoile le lendemain que le coût de l'émission serait assumé pour moitié par la gendarmerie. Financement, mais aussi fourniture de matériel, de caméramen et de transports, soit une somme totale de 350 000 euros. Selon les propos du chef d'escadron Guillaume Emile-Zola-Place (recueillis par Libération), cela "correspond à une stratégie en terme d'image et de recrutement. Une campagne de recrutement pendant une semaine coûte 700 000 euros. Là, on a 2h10 d'émission." Plan com donc.

"Au coeur de la gendarmerie"picto

Drucker aime l'armée. Toutes les armées. Le 14 juillet dernier, une émission semblable sur l'armée de terre avait déjà fait polémique. Le site de Marianne 2 dénonçait "une vision ludique, pacifiste et démilitarisée de l'armée", menée par le présentateur de France Télévisions, qui prévoyait alors deux autres émisions, l'une sur l'armée de l'air et l'autre sur la patrouille de France. Les producteurs avaient alors raconté que "le ministre de la Défense Hervé Morin a immédiatement accepté de mettre du matériel à notre disposition. (...) Nous avons ainsi pu réaliser en toute liberté ces films avec notre journaliste et les équipes de tournage de l'armée."

picto "Au coeur de l'armée de terre"

Drucker aime aussi la Corse. En 2005, après un numéro de "Vivement dimanche", un élu de l'île affirmait que l'émission avait "bénéficié d'un financement de 100.000 euros par la collectivité territoriale". L'affaire avait alors "suscité un courrier du président (PRG) du conseil général de Haute-Corse Paul Giacobbi au Conseil supérieur de l'audiovisuel." Le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel s'était alors promis d' "engager une réflexion sur les conditions de participation des collectivités territoriales à la production de programmes audiovisuels diffusés par les chaînes publiques et privées ".

"Vivement Dimanche" en Corsepicto

Quelques semaines plus tôt, à propos d'une émission spéciale sur l'Airbus A380, un article dans Libération (daté du 28 juin 2005) avait déclenché les foudres de Michel Drucker.

Le journaliste Gilbert Laval y mentionnait la convocation de l'animateur par le CSA car il aurait "accepté une promesse de subvention pour faire la promotion du Grand Toulouse dans son émission sur France 2". 131 560 euros. Suite à la réaction "violente" de Michel Drucker accusant le journaliste de "malhonnêteté", Libération affirmait qu' "au CSA, certains jugent l'affaire «très choquante, Drucker a de la chance que l'argent n'ait pas été versé, sinon, il aurait eu de vrais problèmes»".

picto"Airbus A380, l'envol d'un géant"

Pratiques courantes ou procédé condamnable ? Le CSA a légiféré (recommandation du 4 juillet 2007) dans le sens du respect des règles sur le parrainage : "tout financement d'une émission par une collectivité territoriale implique le respect des règles sur le parrainage, appliquées d'autant plus strictement que ce financement soulève par ailleurs des difficultés au regard des principes d'indépendance, d'honnêteté et de pluralisme de l'information". En supposant que les émissions parrainées soient clairement identifiées en tant que telles. Ce qui n'était pas le cas de l'émission "au coeur de la gendarmerie". Il est vrai que la gendarmerie n'est pas une collectivité territoriale.

(Par Delphine Bouchard)

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