Drahi (SFR) et Niel (Free) : guerre par hebdos interposés
Robin Andraca - - Financement des medias - 0 commentairesCa chauffe entre Xavier Niel et Patrick Drahi. Mais entre grands patrons français, on ne se dispute pas n'importe comment. C'est par hebdos interposés que le nouveau propriétaire de Libération ( à deux doigts de racheter L'Express) et l'actionnaire du Monde ont décidé de régler leurs comptes.
Drôle de guerre. En novembre 2014, Vanity Fair publie un long portrait-enquête à propos de Rani Assaf, "l'associé fantôme de Xavier Niel". Un article où l'on n'apprend pas grand chose– si ce n'est que Assaf est payé 1000 euros de plus par an que Niel. Cela a suffi pour déclencher la colère du patron de Free qui aurait, si l'on en croit la note de blog publiée avant-hier par le journaliste médias de l'Express Renaud Revel, dans la foulée résilié tous les accords qui existaient entre Condé Nast (le groupe américain qui publie Vanity Fair) et son entreprise. Et paf !
Le journaliste de l'Express en profite pour dénoncer une "curieuse conception de la liberté de la presse" mais se défend par avance d'avoir été guidé par les intérêts de son futur propriétaire : "Devançant l’éventuelle réaction du fondateur et dirigeant de Free, Xavier Niel, qui pourrait nous accuser de lui porter un mauvais coup à l’heure où le groupe Express-Roularta est entré en négociation exclusive en vue de son rachat par l’un de ses principaux concurrents, le propriétaire de SFR et de Numéricâble, Patrick Drahi, nous rétorquerons que les journalistes de l’Express, – et le tenancier de ce blog-, écrivent en toute liberté et indépendance".
Pas de coup bas, donc, mais la réponse n'aura pas tardé. Et elle est imprimée dans L'Obs de cette semaine, magazine du groupe Le Monde dont Niel est co-propriétaire, et qui publie une enquête de quatre pages sur... la chaîne israélienne de Drahi, i24news, intitulée "La petite chaine israélienne qui ne monte pas". Et re-paf ! Ambiance délétère, détecteurs de mensonges, humiliations, licenciements brutaux : rien n'est épargné dans ce papier à la "CNN du Moyen-Orient". Un petit encadré est aussi réservé au patron, ce "nouveau nabab", qui "contrôle sa société Altice, basée au Luxembourg et côtée à Amsterdam, via Next Limited Partnership Inc., une holding domiciliée dans le paradis fiscal de Guernesey". La guerre (des hebdos) est déclarée.
L'occasion de relire notre article : "Libération et L'Express-L'Expansion réunis dans une même entité créée par Drahi".