"Donald Trump, c'est nous" (Huff Post)
La rédaction - - 0 commentairesComment expliquer le sucès de Donald Trump, candidat à l'élection présidentielle américaine de 2016, en tête des sondages dans le camp républicain, risée et attrape-clics des médias ? Le directeur de la version américaine du Huffington Post, qui a décidé de traiter la campagne de Trump dans sa partie "divertissement" et non "politique", émet plusieurs hypothèses dans une tribune publiée hier.
"C’est triste à dire, mais Trump, c’est nous". Howard Fineman, directeur de la version américaine du Huffington Post en est persuadé : si Trump est actuellement en tête des sondages dans le camp républicain, alors que l'élection présidentielle aura lieu en novembre 2016, c'est qu'il ressemble aux électeurs américains, et plus encore, à son époque. "A bien des égards, il n’est que le résultat logique de courants corrosifs qui n’ont cessé de prendre de l’ampleur dans l’arène politique au cours de ces dernières décennies. Même si nous ne voulons pas l’admettre, nous avons largement contribué aux conditions qui lui permettent de s’épanouir", estime Fineman.
En quoi Trump ressemble-t-il aux électeurs américains ? Dans la défiance que les deux camps partageraient, vis à vis du gouvernement américain, estime Fineman. Pour lui, le succès de la série télévisée House of Cards (ce monde politique dominé par le calcul et le cynisme, décrypté sur notre plateau en avril 2014) serait même symptomatique de cette défiance : "Il en va de même pour ce qui concerne la culture populaire. Le personnage principal de la série à succès House of Cards, plusieurs fois récompensée, est un président criminel qui urine sur la tombe de son père et crache sur une statue de Jésus".
"Il est fait pour les rafales de Twitter, où les conflits éclatent en tout anonymat"
Surtout, selon le directeur du Huff Post US, Trump serait "l'homme d'une époque, d'une ère où les accusations et le divertissement sont rois (...) Il est fait pour les rafales de Twitter, où les conflits éclatent en un instant et en tout anonymat". Le journaliste relève d'ailleurs que Trump a 3,34 millions d'abonnés sur le réseau social, plus que n'importe lequel de ses rivaux républicains.
Les médias, selon lui, jouent aussi un rôle important dans la montée en puissance du candidat Trump (au moins dans les sondages) : "Les médias en général et la télé en particulier (surtout le câble) n’arrivent jamais à détacher leurs yeux et leurs caméras d’un accident de la route. Trump est un crash qui n’en finit pas, mêlant controverses, accusations, irascibilité et foutaises. En plein calme estival, quand les audiences du câble sont en berne, c’est du pain béni".
Du pain béni que la version américaine du HuffPosta décidé de traiter dans sa rubrique... divertissement, et non politique. "Notre choix est simple : la campagne de Trump est un vrai cirque. Nous ne mordrons pas à l'hameçon. Si ce que dit Trump vous intéresse, vous le trouverez aux côtés des Kardashians et de l'émission du Bachelor", s'était justifié Danny Shea, directeur éditorial du site. Et le HuffPost tient bon. La preuve : la tribune de leur patron a été publiée dans la partie... divertissement !
L'occasion de relire notre article : "Où s'arrêtera donc la plaisanterie Donald Trump ?".