Djihadistes "hors de combat" : quand Paris revendique

Justine Brabant - - 0 commentaires

Cette fois, ce n'est pas un secret. Les forces spéciales françaises ont annoncé mercredi qu'elles avaient tué au Mali deux chefs des groupes djihadistes Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) et Ansar Eddine, dont l'un serait responsable de la mort de deux journalistes de RFI au Mali, en 2013. Alors que ce type d'opération est d'ordinaire peu médiatisé, le ministère de la Défense s'est cette fois

fendu d'un communiqué.

Pas de "tués", d'"assassinés" ni même de "morts" en titre. Le ministre de la Défense a intitulé son communiqué "Deux importants chefs terroristes mis hors de combat au Sahel". Même pudeur (ou jargon, c'est selon) chez un certain nombre de médias français, qui annoncent en titre "l'élimination" des chefs djihadistes :

 

Site du Monde, 21 mai 2015

Site de Direct matin, 20 mai 2015

Avec des pincettes lexicales certes, mais il n'empêche : l'opération est revendiquée. Or, les autorités françaises n'ont pas toujours assumé publiquement ces assassinats ciblés (ainsi que l'expliquait sur notre plateau le journaliste Vincent Nouzille, auteur d'un livre sur les assassinats commis par les forces spéciales et les services secrets français). Dans ce cas, l'empressement à communiquer s'explique certainement par le profil des deux victimes : Ibrahim Ag Inawalen et Amada Ag Hama alias «Abdelkrim al-Targui» étaient présumés responsables de l'assassinat des journalistes de RFI Ghislaine Dupont et Claude Verlon en novembre 2013 à Kidal, et impliqués dans plusieurs enlèvements de ressortissants français.

Pour mieux comprendre les ressorts de la communication des forces spéciales françaises, (re)plongez vous dans notre émission : "Services secrets : "Sous Hollande, on prend moins de gants pour éliminer". Tueurs de la République : ce que l'on en sait"

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