Deutsch / bataille de Poitiers : guerre de l'histoire, le retour

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On n'en a pas fini avec l'auteur de livre d'histoire, Lorànt Deutsch. Dans son nouvel ouvrage baptisé Hexagone (Michel Lafon), l'acteur revisite plus de 2000 ans d'histoire de France, via les routes et les fleuves. Une histoire orientée, accusent de nouveau les auteurs du livre Historiens de garde (Inculte) en s'appuyant sur le traitement par Deutsch de la bataille de Poitiers de 732.



Dans le chapitre, "Croissant et Marteau", consacré à la bataille de Poitiers, Deutsch évoque le contexte historique en ces termes : "L’islam conquérant a quitté les terres désertiques d’Arabie pour se lancer à l’assaut du monde. Les Arabes – les Sarrasins, disent les chrétiens – ont occupé l’Espagne au nom d’Allah le Miséricordieux et, en vertu de la foi qui doit se propager partout, ils ont transformé églises et synagogues en mosquées. (p. 223)". Pour Christophe Naudin (que nous avions reçu sur notre plateau), en mettant l'accent sur l'aspect religieux, Deutsch gommerait une "réalité un peu plus complexe" : "Les conquêtes avaient avant tout une dimension politique et impériale, qui plus est dans un contexte difficile pour les conquérants", explique-t-il.

Selon Naudin, Deutsch insisterait également un peu trop sur la violence des Arabes : "Franchissant les Pyrénées, Coran dans la main, cimeterre dans l’autre, ils ont envahi Narbonne et sa région, massacrant les défenseurs de la ville, envoyant femmes et enfants en esclavage, offrant terres et habitations à des milliers de familles musulmanes venues d’Afrique du Nord", écrit l'acteur qui semble s'appuyer "sur L’Histoire Générale du Languedoc, ouvrage datant du XVIIIe siècle, et qui opposait la violence musulmane à la brillante résistance chrétienne" d'après Naudin. Or, pour l'historien Philippe Sénac, cité par Naudin, il "est difficile de souscrire à cette opinion qui repose sur la volonté de valoriser la résistance chrétienne tout en noircissant l’adversaire".

En outre, Naudin dénonce l'emploi de certains termes qui permettraient de faire un parallèle avec l'histoire contemporaine en parlant de "milliers de familles musulmanes venues d’Afrique du Nord" ou d'une population "qui croyait pouvoir venir s’installer sur les riches terres de Francie". Si Naudin, déjà très critique contre Métronome, le précédent livre de Lorànt Deutsch, insiste sur le traitement de ce fait historique, c'est tout simplement parce que "la bataille de Poitiers n’est pas n’importe quelle bataille. Elle est devenue très vite, et l’est encore plus aujourd’hui, un marqueur idéologique clair. Charles Martel est ainsi vu par les identitaires et l’extrême droite, jusqu’à Marine Le Pen, comme celui qui a arrêté l’invasion, un héros ayant sauvé la nation du péril musulman. Péril représenté aujourd’hui, selon ces extrémistes, par l’immigration, principalement celle venue d’Afrique du Nord". Naudin ne range pas explicitement Deutsch dans cette catégorie, mais il pose la question et s'étonne, à nouveau, de l'orientation idéologique de l'ouvrage.

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