Dette grecque : au secours, les algorithmes !

Daniel Schneidermann - - 0 commentaires

Si toute cette affaire de la dette grecque pouvait être réglée par des algorithmes

, on trouverait sans doute une solution plus raisonnable. Mais non. Il y a du sentiment humain, là-dedans. De la fierté des uns contre la fierté des autres. Du "je ne vais pas baisser mon pantalon". De la volonté d'humilier. Il faut non seulement punir la Grèce, mais l'humilier. La brutalité de l'annonce de la décision de la BCE, à la fin de la semaine dernière, de fermer un des robinets d'approvisionnement des banques grecques, à peine Varoufakis avait-il quitté le bureau de Draghi, et que souligne très bien Lordon, ne peut pas s'expliquer autrement.

Ah, si les algorithmes...Jouons aux chiffres. Et prenons une unité de référence : la dette publique grecque, justement (environ 315 milliards d'euros). On peut tout rapporter à la dette publique grecque. Par exemple, le montant des sommes détournées aux fiscs nationaux, tel que révélé aujourd'hui par la nouvelle salve "SwissLeaks" du consortium international de journalistes, auxquels nous devions déjà "Offshore Leaks" (2013) et LuxLeaks (2014). En France, le scoop est porté par Gérard Davet et Fabrice Lhomme, du Monde. Eh bien, pour la seule période 2006-2007, ce sont 180 milliards, qui ont été soustraits aux fiscs nationaux, soit une grosse demi-dette grecque. On imagine, sur une durée plus longue, et sur toutes les banques suisses, à combien de dettes grecques se monte le total du manque à gagner pour les systèmes fiscaux nationaux.

Tiens, un autre chiffre : les indemnités de guerre que la Grèce affirme vouloir réclamer à l'Allemagne, a répété Tsipras dimanche. On est là (selon le calcul grec) à 162 milliards d'euros, soit une demi dette grecque exactement. Certes, le bien-fondé juridique de la réclamation grecque est discutable. Par deux fois, en 1953 et 1990, les vainqueurs de la seconde guerre mondiale ont décidé de délivrer l'Allemagne du poids des réparations de guerre qu'ils auraient pu exiger, pour ne pas renouveler l'erreur de l'humiliation de l'Allemagne par le traité de Versailles de 1919. C'était sans doute une sage décision. L'humiliation n'est jamais de bon conseil dans les relations internationales.

 

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