Des salariés du Média dénoncent les méthodes "humiliantes" d’Aude Lancelin

Justine Brabant - - 94 commentaires

Dans une lettre postée publiquement, l’ancienne directrice du Média estime avoir été mise à la porte du Média avec une "violence barbare". Un travestissement de la réalité, estiment plusieurs salariés du Média, qui reviennent sur les méthodes jugées "violentes" et "humiliantes" de leur ancienne directrice, et témoignent de souffrances au travail qu’ils pensaient ne jamais vivre dans un média engagé à gauche.

Lassés que les rebondissements et crises successives au sein de leur équipe soient rapportés et commentés publiquement, ils avaient décidé de se taire. "Denis Robert était arrivé, nous étions en train de tourner la page, nous ne comptions pas revenir sur tout ça", explique la développeuse Chloé Gence. A propos des mois passés avec Aude Lancelin, les salariés du Média se sont donc tus… jusqu’à ce que leur ancienne directrice décide de porter la discorde publiquement en publiant le 13 juin sur les réseaux sociaux une lettre où elle dit avoir été victime d’une "violence barbare" en étant renvoyée de la web-télé. Devant ce qu’ils estiment être un travestissement de la réalité, certains de ces salariés ont décidé de témoigner de leurs mois de souffrance face à un management qualifié de "violent" et "humiliant". Chose rare : ils le font, à une exception près, sans requérir l’anonymat.

Tout avait pourtant bien commencé à Montreuil, dans les locaux de la web-télé de gauche. Lorsque Lancelin prend la tête du Média en septembre 2018, l’équipe espère trouver enfin la sérénité après une "saison 1" mouvementée. "J'avais plutôt confiance, d’autant plus que lors du séminaire qui a abouti au départ de Sophia Chikirou, elle avait pris parti pour les salariés", se souvient Gence. Dix mois plus tard, c’est un euphémisme de dire que la confiance est rompue. Traités par Aude Lancelin d'"enflure", d'"ordures", de "cervelles de moineaux", de "nuls et nuisibles" par le biais de messages (qu’ASI a pu consulter) adressés à leurs collègues et/ou amis, certains de ces salariés ont craqué, ont été arrêtés par leur médecin ou ont quitté Le Média. Pour caractériser ce qui fut le management du Média durant la présidence d'Aude Lancelin, ils décrivent des formes de "harcèlement" visant à "acculer" certains salariés, passant par des scènes d'"humiliation" (le terme est utilisé par quatre des salariés interrogés par ASI) mais surtout par l'envoi de dizaines de messages contenant des propos péjoratifs, dégradants ou menaçants vis-à-vis de certains membres de l'équipe, messages non pas directement aux principaux concernés, mais à leurs collègues (messages qu'ASI a pu consulter).

Ces propos semblent avoir visé en majorité - mais pas uniquement - des membres de l'équipe technique : monteurs, community managers, ... Si la supérieure de ces derniers était, sur le papier, la présidente de la société de production Stéphanie Hammou et non Aude Lancelin (qui n'était "que" directrice de la publication, présidente de la société de presse et directrice de la rédaction), il existait de fait un lien de subordination avec l'ancienne de l'Obs, qui au quotidien était celle qui leur donnait des ordres (ainsi que le confirment également des messages qu'ASI a pu consulter). Dans certains messages, Lancelin parle d'ailleurs explicitement d'elle en tant que "supérieure" de ces employés qu'elle a, pour certains, fait venir lors de son arrivée à la fin de l'été 2018.

Relations "malsaines"

Lorsqu'il est question de leurs relations avec Lancelin, plusieurs des salariés qu'ASI a pu interroger emploient le même mot : "malsaines". "Elle n’avait jamais de relations exclusivement professionnelles avec les gens. Elle n’avait que des relations malsaines, en positif [lorsqu’elle se montrait très intime] ou en négatif [lorsqu’elle se mettait à ignorer complètement quelqu'un ou à le dénigrer]", analyse Lucas Gautheron, community manager  – qu’Aude Lancelin avait fait intégrer la webtélé lors de son arrivée, en août 2018. "Elle créait des liens que je trouvais malsains" abonde un autre employé qui a requis l’anonymat. "Il y avait un mélange permanent entre affect et travail, cela créait un rapport patronal qui n’était pas sain, pas normal", observe également Mathias Enthoven, rédacteur en chef du pôle numérique du Média, qui a reçu des messages de Lancelin l'assurant de sa "tendresse" pour lui avant de tomber en disgrâce et d'être qualifié de "bon à rien" (cf. infra).

Un pigiste du Média – qui "jusqu’à récemment" se considérait comme un "ami" de Lancelin -, Julien Théry, a connu le même sort : "A mon égard, elle est passée d’un degré d’affection un peu anormal, très effusif, à des échanges très agressifs et violents sans que je ne puisse en comprendre exactement la cause". Théry, historien de formation et animateur de l’émission "La Grande H" est devenu président de l’entreprise de presse du Média (EPDLM) après la démission de Lancelin (voir son communiqué). Lui aussi parle d'"une forme d'emprise" nourrie de "chantage affectif".

Ces relations débordant largement du cadre professionnel prenaient, la plupart du temps, la forme de discussions par le service de messagerie Telegram. C’est par ce canal que, mois après mois, Lancelin envoyait des messages dénigrant leurs collègues à certains salariés. "Nul", "idiot", "lamentable" : ces commentaires auraient pu être anecdotiques - bien que discourtois – s’ils n’avaient pas été distillés de manière aussi régulière et répétée.

"Quand elle s’est mise à raconter qu’on avait été violents, on s’est dit qu’elle était en train de complètement renverser les rôles. On en a discuté entre nous et on a commencé à mettre en commun les messages qu’elle nous avait envoyés, à tous. C’est là qu’on a pris la mesure… On a arrêté de se dire : « Elle m’a fait quelques piques alors qu’elle était dans un moment difficile » et on a compris que c’était avec tout le monde, tout le temps" analyse Enthoven. Avec tout le monde, ou en tout cas, avec une bonne partie de l'équipe : "En relisant les messages qu’elle m’a envoyés, je me suis aperçu que lorsqu’elle avait la peau d’une personne, elle passait à l’autre. Il y avait toujours une cible. Elle poussait les gens dehors les uns après les autres", raconte l’employé qui souhaite rester anonyme – et fut longtemps le destinataire de commentaires désobligeants concernant d'autres membres de l'équipe.

Deux épisodes en particulier incarnent ces méthodes : l’un se déroule en décembre 2018, l’autre en février 2019.

"Ils vont cracher du sang"

Le premier a pour point de départ un désaccord concernant le sort du journaliste Julien Brygo. Recruté en septembre 2018 par Le Média, cet ancien du Monde Diplo et du Plan Bn'est pas reconduit à la fin de sa période d'essai de trois mois. Il l'apprend au début du mois de décembre. Une partie de l'équipe s'en émeut. Cette émotion remonte jusqu'au syndicat de journalistes SNJ-CGT, qui envoie une lettre (non publique) à la direction du Média pour s'en étonner. Parallèlement, plusieurs journalistes dont Brygo planchent à la création d'une section syndicale CGT au Média.

Aude Lancelin prend alors pour cible, à travers des messages que nous avons pu consulter, les salariés qu'elle estime être à l'origine du courrier du SNJ-CGT et/ou impliqués dans le projet de création d'une section syndicale CGT. "Ces gens du Média" sont des "traîtres" et des "cervelles de moineaux", écrit-elle au rédacteur en chef Romain Moriconi le 1er décembre, dans un message Telegram à propos de ce qu'elle appelle la "crise Brygo". Le message poursuit ensuite en ironisant sur la supposée incompétence de trois journalistes, qu'elle cite nommément.

Les messages changent rapidement de registre pour sonner comme des menaces. Le 2 décembre, elle écrit au community manager Lucas Gautheron : "J'ai un plan. Appelons ça l'opération #LeVraiMedia. Ils vont cracher du sang, tu peux me croire", suivi d'un smiley "sourire transpirant". Elle ajoute encore "Les [prénom d'un journaliste] et [prénom d'un deuxième journaliste], nuls et nuisibles".

Lorsque la directrice de la société de production du Média Stéphanie Hammou tente d'apaiser les choses, Lancelin poursuit sur ce registre. Le 12 décembre, la patronne du Média écrit à cette dernière dans une série de messages Telegram (qu'ASI a pu consulter, comme tous les messages cités dans cet article) : "Il faut les terroriser là, pas leur passer la main dans le dos", "il faut les défoncer au contraire", écrit-elle à propos de ces salariés, ajoutant même "Je ne peux plus les voir. Je les défoncerai jusqu'à mon départ".

Le même 12 décembre, elle écrit dans un mail au secrétaire général du SNJ-CGT qui s'inquiète de la situation au Média : "Notre média, quoique pauvre et en sous-effectif, tâche d’être absolument irréprochable en matière de droit du travail et du bien-être des salariés".

contexte d'épuisement

Le vent peut tourner rapidement pour les confidents d'un jour, à qui la journaliste envoie des messages acerbes concernant d'autres salariés. Le 20 décembre, Lancelin qualifie le même Romain Moriconi (à qui elle se plaignait des "cervelles de moineaux") de "traître opportuniste", d'"imposture professionnelle", d'"enflure" et de "planche pourrie" dans des messages envoyés (à minuit) à la développeuse Chloé Gence. Face à l'ambiance délétère, le rédacteur en chef décidera de ne pas prolonger son CDD en CDI, comme on le lui proposait. Quant à Stéphanie Hammou, ses relations se tendront également avec l'ex de l'Obs - au point qu'elle finira par décider de démissionner. Aujourd'hui, Moriconi comme Hammou travaillent de nouveau au Média.

Un second épisode incarne la manière singulière de la direction du Média "époque Lancelin" de gérer les crises au sein de son équipe. Nous sommes cette fois en février 2019. L'un des responsables des réseaux sociaux, Lucas Gautheron, 24 ans, qui se dit "épuisé" par sa charge de travail, tente d'alerter sa direction de sa situation de surmenage. Le 7 février, il s'entretient avec Lancelin et Hammou dans leur bureau. Le ton monte de part et d'autre, se souvient Gautheron, qui estime que les deux directrices "lui donnent le sentiment de l'engueuler". Il en sort en pleurant et prend deux jours de repos, à l'issue desquels il rédige un mail à la direction (qu'ASI a pu consulter) énumérant les problèmes qu'il rencontre, notamment "un état de fatigue extrême" dû à "des journées de plus de 12 heures" régulières, des samedi et des dimanche travaillés bénévolement et sans récupération (pour couvrir les manifestations des Gilets jaunes) et "du stress et une pression énorme" dues selon lui à des dysfonctionnements dans l’organisation du travail. Il conclut  : "J’ai subi beaucoup, à la connaissance de ma direction, jusqu’à me retrouver dans une situation de détresse totale". Son médecin lui prescrit 10 jours d'arrêt de travail (ASI a pu consulter son avis d'arrêt).

Un petit groupe de salariés, estimant que la direction ne répond pas correctement aux problèmes soulevés par Gautheron, prépare alors le brouillon d’une lettre qu’il souhaite lire aux membres de la direction, dont Aude Lancelin, lors d’un tête-à-tête. Le ton de la lettre, qu'ASI a pu consulter, est soucieux de dialogue, avertissant "ne pas vouloir pointer du doigt qui que ce soit" et répétant à la direction que "[son] travail mérite le respect et mérite qu’on le salue". Mais, notent ces salariés, Le Média est "en crise" en raison d’une "organisation du travail qui ne correspond pas aux exigences de cet endroit, d’une mesure erronée de la charge de travail que doivent supporter certains départements et d’une incapacité collective à dialoguer sereinement sans tomber dans l’invective". Le petit groupe y demande à pouvoir prendre "des moments de pause et de répit" sans que cela ne soit considéré comme "des trahisons" ; et à ce que les discussions professionnelles par messagerie se limitent, sauf urgence, à la journée et au début de soirée.

Ils n'auront finalement pas le temps d'exposer ces revendications : Lancelin est avertie par un salarié proche que quelque chose se prépare. Elle pense que la lettre va être diffusée publiquement (ses auteurs, qui soulignent que la missive n’était qu’à l’état de brouillon, nous assurent qu’il n’a jamais été envisagé de la rendre publique).

Comme dans l'affaire Brygo, la patronne du Média semble alors décider de faire payer aux employés ce qu'elle perçoit comme une trahison. "Il faut renvoyer ce nuisible dans sa niche", écrit-elle ainsi le 12 février à Hammou à propos de l'un des initiateurs de la lettre, le monteur Camille Chastrusse. Le 14 février, elle poursuit : "Je ne peux plus les supporter. Tous. Leurs blagues de merde. Leurs manipulations. Leur médiocrité (…) Je les hais maintenant". Le 19 février, elle revient sur le cas du monteur : "Quand se débarrasse-t-on de Camille Chastrusse ?" écrit-elle, toujours à Hammou. Le monteur a le statut d'intermittent. "Alors qu’auparavant elle me disait apprécier mon travail et répétait que j’étais « brillant », à partir de ce moment là elle n’a plus jamais voulu travailler avec moi", nous indique Chastrusse. Quant à Gautheron, parti en congé maladie, il ne lui sera pas proposé de renouveler son CDD (qui prenait fin deux semaines plus tard). Il sera en revanche réembauché la semaine de l'annonce de la démission d'Aude Lancelin, début avril 2019.

Interrogée par ASI sur d'éventuels propos menaçants concernant des employés du Média, Aude Lancelin nous a répondu qu'il s'agissait de "grand guignol", de "fantasmagories" et d'accusations "comique[s] venant de ces militants de la « France Insoumise » qui vénèrent la violence de leurs chefs, et en copient les méthodes."

"les sacrifices étaient devenus la norme"

Cet épisode de la mi-février laisse entrevoir un élément de contexte important : l'épuisement d'une partie des équipes. Lucas Gautheron raconte qu'il travaillait à l'époque "tous les samedis bénévolement pour couvrir les Gilets jaunes, et très souvent les dimanche", sans journées de récupération ni heures supplémentaires payées. "Avant mon premier arrêt maladie, j’arrivais le matin et je ne finissais jamais avant 23h. Je terminais parfois à minuit ou une heure du matin. A partir de novembre, avec les Gilets jaunes, on a commencé à travailler tous les samedis", complète Mathias Enthoven, rédacteur en chef du pôle numérique (également en charge des réseaux sociaux). "J'étais content de le faire", tiennent-ils tous les deux à ajouter.

Car le problème ne semble pas tant avoir été pour ces employés de consentir à certains sacrifices en termes de rémunération ou de temps de travail (ils disent tous l'avoir fait car ils trouvaient important que le Média, malgré ses moyens limités, puisse être un succès), mais plutôt le sentiment d'un manque de reconnaissance.

"Le Média, c’est un endroit où des gens acceptent le fait de travailler le samedi, le dimanche, de ne pas être payés d’heures supplémentaires. Parce qu’on est très liés les uns avec les autres, et parce qu'on est engagés – comme on peut l'être dans une ONG, ou une association." Ce fonctionnement est devenu un problème, estime Enthoven, avec l'arrivée de Lancelin : "Tout le monde y donne de soi, volontairement. Mais le problème, c'est qu'Aude Lancelin a considéré ça comme normal. Si on n'était pas sur le pont à 23h on se faisait pourrir ; à la fin, nos sacrifices étaient normaux et elle nous répétait sans cesse que d'ailleurs ils étaient « moindres » que les siens."

A la fin novembre 2018, Enthoven, dont les relations avec Lancelin se détériorent, part une première fois en arrêt maladie. Alors qu'il tarde à transmettre son certificat médical à la direction du Média, Lancelin fulmine et le traite de "bon à rien" dans un message adressé à Hammou le 21 novembre. Le même jour, le médecin d'Enthoven adresse son patient à la médecine du travail avec pour motif "un sd [syndrome] anxio dépressif dans un contexte de souffrance au travail" (dans une lettre que nous avons pu consulter). Deux mois plus tard, alors qu'un problème technique a retardé la mise en ligne de son édito, Lancelin s'en prend encore à Enthoven, qu'elle tient pour responsable : "Mathias Enthoven, quelle honte professionnelle (…) Il n’est pas là justement, ce gros glandeur. Il est parti à 19h en week-end" écrit-elle à Gautheron (message daté du 18 janvier).

Dans d'autres messages, adressés à Camille Chastrusse - avec qui elle n'est pas encore brouillée -, elle qualifie Enthoven de "plus grosse feignasse de ce métier", un "nul", un "mec pitoyable". Le virage est d'autant plus spectaculaire que quelques mois plus tôt, elle écrivait à Enthoven son "immense tendresse" pour lui, l'assurant qu'il était "génial" et qu'elle "l'aim[ait] très fort".

Pour ceux qui deviennent ses cibles, les commentaires peuvent aussi porter sur le physique : la petite amie de tel employé est un "thon", tel salarié est appelé "le gros [prénom]". Déjà en juin 2018, alors qu'elle n'était "que" journaliste au Média, la future patronne commentait : "quelle merde, il le porte sur sa gueule d'ailleurs".

Interrogée par ASI sur cet épuisement des équipes, et sur les reproches de n'avoir rien fait pour y remédier, Aude Lancelin nous répond que "la couverture des Gilets Jaunes s’est faite entièrement sur la base du volontariat" et qu'il est par ailleurs "de notoriété publique que Serge Faubert, Virginie Cresci et moi avons, à nous seuls, assuré 90% de la couverture journalistique de ce mouvement social". "Personne ne s’est plaint auprès de moi d’une surcharge de travail intolérable dans cette période" assure-t-elle, jugeant "d’ailleurs dommage que d’autres responsables hiérarchiques de la presse française ne soient pas allés sur le terrain comme je l’ai fait aussi souvent je l’ai pu durant ces six mois."

accusations mutuelles de sabotage

Aujourd'hui, ces salariés disent vouloir tourner la page. Ils n'acceptent de se replonger dans les souvenirs de l'époque Lancelin que pour "rétablir la vérité" et parce qu'ils estiment que leur ancienne patronne vise à saboter Le Média en créant une web-télé concurrente, Quartier général. Interrogée par ASI sur d'éventuels propos dégradants prononcés à l'égard de salariés, Lancelin retourne l'argument : les accusations visant son management sont "les propos diffamatoires d’un quarteron de personnages qui a maintenant repris les commandes du Média, et qui non contents de m’avoir licenciée abusivement, veut m’empêcher d’apporter ma contribution à la liberté de l’information en France en fondant avec d’autres journalistes le média « Quartier général »" nous écrit-elle dans un mail daté du 25 juin. Ce nouveau média, qui s'est donné pour objectif d'"accompagner et inspirer les combats des lanceurs d’alerte, du peuple qui s’est remis debout à l’hiver 2018 et de tous ceux qui ne trouvent pas suffisamment de relais aujourd'hui dans les médias traditionnels" (ainsi que nous l'a exposé Lancelin dans une interview téléphonique le 18 juin) a lancé une levée de fonds qui a permis de récolter 34 000 euros à l'heure où nous écrivons ces lignes.

"J'observe que si vous aviez réellement pour souci la question des brutalités managériales, vous demanderiez plutôt de mes nouvelles, et de celles des nombreux salariés du Média actuellement poussés dehors ou en grandes difficultés", écrit-elle également, évoquant "dix départs" causés par la nouvelle direction. Des proches de Lancelin partis lancer avec elle Quartier général, selon cette nouvelle direction, qui préfère évoquer les "huit départs dont au moins six en raison de l'ambiance instaurée par Aude Lancelin" lors de son mandat.

Quant au "quarteron", il ne voit pas les choses de la même manière, préférant à l'image de Camille Chastrusse retenir de ces mois passés "l'histoire de petits, d’anonymes, de 'techos', de précaires qui ne se sont pas laissés faire : on s'est serré les coudes et on a tenu, parce que quand on voit de la souffrance, il ne faut pas être lâches."

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