Des données de la RATP livrées au public
Anne-Sophie Jacques - - Numérique & datas - 0 commentairesQuelle ligne de métro est la plus lente ? Combien de pistes cyclables sont partagées avec des lignes de bus parisien ? Et d’ailleurs combien de bus ont été impliqués dans un accident de la circulation ? Ces questions sont une partie des petits secrets de la RATP révélés au public par le journaliste du Monde spécialiste des questions de transport.
Avouez que vous vous êtes déjà demandé, en attendant le métro à Paris, combien de personnes faisaient le grand saut sur les voies. Cette donnée et des tas d’autres sont jalousement gardées par la RATP qui les compile, chaque année, dans un document d’une cinquantaine de pages "réservé à un usage exclusivement interne". La moisson de 2011 est pourtant sortie des murs de la régie des transports parisiens pour faire le miel de l’agence Data publica. Ce spécialiste des données pour le business s’offre ainsi un coup de pub sans oublier d'en faire profiter Olivier Razemon, le journaliste du Monde spécialiste des questions de transport et auteur du blog L’interconnexion n’est plus assurée. Razemon, qui a eu accès au document confidentiel, livre ainsi une partie des informations jusque là restées secrètes : "la ligne 4 est la plus lente. Par ailleurs, saviez-vous que les lignes 7 et 9 du métro parisien étaient les plus pourvues en trains à l’heure de pointe ?" On apprend également que "les bus de voyageurs circulant à Paris et en Ile-de-France ont été impliqués dans 13 760 accidents de la circulation" et que "161 kms de voies de bus, sur 3913 km, sont ouvertes aux vélos". |
Que pense la RATP de cette "fuite" ? Razemon a contacté la régie qui ne semble pas affectée par la diffusion de ces données et répond même qu’une grande partie circule déjà librement. En effet, début janvier, Alexandre Léchenet, un autre journaliste du Monde et auteur du blog J’ai du bon data, avait présenté une carte interactive réalisée déjà par Data publica sur le trafic annuel entrant du métro parisien. On découvrait alors que la ligne 7bis était "très peu utilisée car faiblement reliée au réseau, de même quela station Église d'Auteuil, qui ne permet d'accéder à la ligne 10 que dans un seul sens. Sans surprise, les stations de métro les plus fréquentées sont celles en interconnexion avec les gares SNCF, que ce soit la gare Saint-Lazare ou la Gare du Nord."
Selon les deux journalistes du Monde, on assiste, là, à un changement d’attitude de la part de la RATP qui, en 2011, avait menacé de poursuites une start-up qui voulait exploiter commercialement le plan du métro. La régie commence donc à ouvrir peu à peu ses données. Mais qu’en faire ? Bonne question qui reste en suspens, selon Razemon, joint par @si : "nous sommes béats devant les chiffres mais très vite se pose la question de leur exploitation. Il y a certaines données que je ne peux interpréter seul car je ne connais pas assez le contexte dans lequel elles ont été recueillies. Il faut impérativement les contextualiser. Comme le fait remarquer un lecteur, dire que le nombre de métros en circulation aux heures de pointe est le plus élevé sur les lignes 7 et 9 sans dire que ce sont les lignes les plus longues du réseau n’est pas très pertinent. Enfin, au-delà de l’interprétation, reste encore à estimer en quoi ces informations vont nous être utiles".
Pour l’heure, l’une d’entre elles peut assouvir votre morbide curiosité : en 2011, 71 personnes ont tenté de se suicider dans le métro. Soit une tentative tous les cinq jours.
Avez-vous vu notre tout nouveau dossier consacré aux données ?