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romain gary
une pétition a signer ici, si elle vous inspire bien entendu :
https://www.change.org/p/m-le-pr%C3%A9sident-de-la-r%C3%A9publique-fran%C3%A7aise-d%C3%A9cideurs-politiques-de-tous-bords-mise-en-application-des-principes-de-la-la%C3%AFcit%C3%A9-6 -
Aline Marchetto
Petite rectification de l'ex-otage cachée sur les propos tenus par Caroline Fourest :Sigolène Vinson reprends caroline ... Comment faire totalement confiance aux médias si ceux qui parlent reprennent de façon fallacieuses les paroles des témoins d'un fait grave ? -
kawouede
Très bon ce Luz aussi là -
kawouede
Très bien dit, sur la "question de l'islam" (formulation qui rappelle "le problème de l'immigration", tiens Sarko vient d'en remettre une couche, ou une louche) comme sur le reste.
En lisant ce billet on retrouve le ton de l'article d'Olivier Roy
J'ai une réserve toutefois : il y a quand même un rapport entre le sentiment de frustration des jeunes musulmans (conditionné, amplifié, manipulé par des gens habiles) et le passage à un tel acte. Un lien entre la Palestine, l'Irak, la Tchétchénie (Boston il y a deux ans) et ça. Le nier n'aidera pas à résoudre le problème. -
Ignatius Reilly
la liberté d'expression, c'est bien beau mais enfin ça ne veut pas dire grand chose.
En fait il en va de la liberté d'expression, comme de la liberté tout court : elle doit s'arreter là où celle des autres commence.
La liberté de mouvement et d'action, tout le monde est pour, mais ça ne veut pas dire la liberté de faire n'importe quoi, et notamment de blesser les autres. Je crois que nous sommes d'accord : il est interdit par la loi de l'Etat et par la loi "commune" un peu à toute l'humanité de blesser physiquement les gens (sauf dans le cadre de la Justice, mais c'est un autre problème). Et bien c'est la même chose pour la liberté d'expression : on a le droit de dire tout ce que l'on veut, mais dans la mesure où ça ne blesse pas les autres. En bref, on n'agresse pas les autres, ni physiquement, ni verbalement, c'est pas très compliqué. Le hic, c'est donc de trouver la limite entre ce qui est acceptable et ce qui ne l'est pas.
Alors évidemment, dans un Etat de droit, c'est la loi qui fixe la limite de la liberté d'action et de la liberté d'expression. Les deux ne sauraient etre sans limite. C'est la raison pour laquelle il existe des lois anti-discrimination, apologie de... etc.
Le problème est donc de fixer les limites de la liberté d'expression (et d'action). Qui fixe les règles ? Selon quel critère ?
Pour ce qui est de la liberté d'expression en France, force estd e constater, que les juifs sont beaucoup plus protégés que les musulmans à ce niveau là, ce qui pose problème. On a le droit de caricaturer et de blasphémer les musulmans tant qu'on veut, mais pas les juifs : car la Shoah nous l'interdit... voila un étrange raisonnement que l'on voit trop souvent. Un paradoxe qu'il faudrait expliquer autrement que par: dénoncer le sionisme c'est antisémite, caricaturer les musulmans, c'est une question de salubrité publique.
Alors pour en revenir au sujet, les caricaturistes sont dans un espace flou et limite. Puisqu'ils sont par nature en dehors de la loi : ils transgressent (par définition, ils caricaturent). Mais bon, il y a ceux qui transgressent "un peu" (comme les fous du roi, qui avaient tous les droits, jusqu'à ce que le roi décide qu'en fait non), c'etait le cas de Charlie Hebdo (oui on transgresse, mais bon dans le fond on ne fait qu'exprimer la pensée dominante en grossissant le trait, sous des airs de revolutionnaires). et puis il y a ceux qui transgressent "beaucoup" (comme Dieudonné), et alors là ça dépasse un certain seuil de tolérance du système.
Cela montre que la liberté d'expression que tout le monde ces jours ci soutient comme étant une liberté fondamentale, pilier de la démocratie (et tout le tralala), est en fait un concept assez creux, puisqu'on y met ce qu'on veut dedans (l'Etat, ie le pouvoir, fixe les règles). Et qu'on utilise cette idée (il faut défendre la liberté d'expression, puisque c'est un pilier qu'on attaque - alors que ce n'est pas de cela qu'il s'agit en fait), pour rassembler artificiellement les gens, profitant (et en amplifiant au maximum) de l'émotion des gens face à un acte barbare. pour pouvoir récupérer l'envie instinctive des gens de se rassembler face à une agression "qui vient de l'extérieur" (phénomène psychologique classique), et les manipuler. D'ailleurs l'idée de Daniel S. d'avoir un trouvé "ennemi" est bien l'expression de se sentiment naturel. Il est alors facile pour les politiques (naturellement manipulateurs - car il faut pouvoir manipuler les gens pour accéder au pouvoir), de récupérer tout ça.
Alors donc, qui voit-on venir ? Principalement les conservateurs, la droite. Ceux qui petit à petit ont fait monter l'idée que nous avons un ennemi : les musulmans. In fine, pour le profit de qui ? d'Israel, je suis désolé de le dire. Car Israel et les sionistes ont besoin du soutient des occidentaux dans leur situation. C'est triste à dire, mais c'est une réalité. Israel a développé un sentiment de supériorité (de colon) face au monde Arabe. Pour leur propre survie, certainement. Parce que sinon, Israel ne pourrait coloniser la Palestine, et Israel n'existerait probablement plus, entourée par des pays musulmans hostiles. Et ils sont donc en train d'importer ce sentiment en occident. Pour qu'on se rallie à leur cause...
PS: désolé si ce n'est aps très clair. Difficile d'exprimer des pensées complexes en peu de mots et de façon intelligible. -
Jean-Marie Messa
Oui Daniel, écouter la radio va vraiment devenir amusant. Chronique très drôle. Mais je vous trouve un peu injuste quant au caractère "déjà vu" du dessin. Ce dessin est grandiose. Par ses multiples niveaux de lecture. Par son côté apaisé et "dans ta gueule" à la fois. Pas son côté "merci à tous" et "ne comptez pas sur nous pour devenir plus soft". Comme les autres membres de Charlie à libé, j'ai eu envie de prendre Luz dans mes bras en le découvrant. -
Erwan
Juste une petite idée toute bête par rapport à aider à faire accepter le droit au blasphème aux croyants : la foi est d'abord et avant tout un lien intime entre un individu et "Dieu". La foi, c'est-à-dire la force d'y croire, ne dépend que du croyant. Par exemple, il est bien connu (je suppose dans toutes les religions) que c'est face aux difficultés que la foi est mise à rude épreuve; le croyant peut même y "perdre la foi". Mais il peut aussi la retrouver, parfois encore plus forte qu'avant.
Un blasphème, c'est pour un croyant une moquerie de sa foi, donc une épreuve. Il lui appartient de se sentir atteint, éventuellement jusqu'à y réagir avec violence, comme si sa foi était une chose fragile sensible aux attaques. Ou bien de traiter cette moquerie par le mépris, c'est à-dire la voir comme une chose insignifiante par rapport à la force de sa foi (la bave du crapaud etc.)
(par exemple, à titre personnel, je crois que l'être humain est fondamentalement bon. Et je peux vous dire que je perds la foi assez souvent... Mais j'y retourne quand-même, j'essaie du moins) -
Fisso
Bonsoir,
Lire "Lune de miel" de Cavanna. Je n'ai pas de meilleur conseil pour demain. -
vpl
C'est bon, demain c'était aujourd'hui, et entre les échanges sur ce forum où il est clair que personne surtout ne veut céder un pouce de terrain sur sa façon de voir les choses, les infos venues d'ici et la nous parlant de bagarres, de représailles, de hacks divers... Vous y aviez cru à "demain" ? Sans rire ?
Allez voir le site de l'Obs, il est déprimant jusque dans l'ordonnancement des différentes infos de la journée. -
Guy PREBET
Demain tout commence.....ou tout recommence..... à nous de choisir -
caton
Aujourd'hui 12 janvier 2015 les Medias suractivés comparent, à tort, les DEFILES pleins d'allégresse, joyeux et , ripailleurs, de la LIBERATION aux manifs recueillies, graves ,austères, compassées, pleines de colère contenue, célébrant le souvenir de l'équipe Charlie ,dont l'assassinat programmé provoque émotions , réactions ,politiques et populaires
Dessinateurs de Presse condamnés à mort pour IMPERTINENCE ?-Non !
Ils sont morts parce qu'en les atteignant les commanditaires de cet acte cruel, visaient le CŒUR de la coalition de la LIBRE expression de la PENSEE ,la LAÏCITE, s'opposant factuellement a leurs INTERÊTS immédiats.
L'ISLAM en la circonstance est l'ETENDARD religieux permettant de rallier l'assentiment et le concours ponctuel de" CROYANTS" a de vulgaires et meurtrières entreprises mercantiles
La démonstration d'une capacité a intervenir à peu de frais en territoire ennemi est faite
. Les multiples barrières de protection, Internationales et Européennes érigées, renforcées , maintenues a grand frais ,se révèlent brutalement caduques ,perméables, inopérantes
Les défilés de protestations INTERNATIONAUX du 11 janvier 2015 attestent que le choix de cette cible à été particulièrement JUDICIEUX
La coalition des ETATS semble temporairement renforcée, mais ceci ne modifie
en rien les FORCES et les moyens a disposition des deux camps.
La cohésion nationale Française , semble elle promise, a une explosion communautaire en dépit et malgré les "mesures spéciales de sécurité" annoncées par nos gouvernants.
La présence de Netanyahou a l'épicerie casher parisienne et la nomination d'un PREFET Spécial chargé des Affaires Juives ,ne sont pas des faits et des actes de gouvernements visant a apaiser les esprits .
Netanyahou serait il soudain étranger aux massacres successifs de milliers de Palestiniens ?
Le Ministre de l'INTERIEUR de la République Française chargé des CULTES, est il dessaisi de cette attribution essentielle ?
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Le Zast
"Demain, où tout commence"... en n'espérant surtout pas la gestation de petits Breivik français revanchards, qui, tout aussi paumés que la sinistre triplette Kouachi-Coulibaly, en viendrait à se dire qu'il y a décidément trop d'arabes dans ce pays. Qu'Utoya reste en Norvège, comme me l'ont rappelé ces quelques drapeaux Norvégiens agités à Paris hier (vu à la télé). -
MasterTigrou
Sur l'excellent blog de Christophe Darmangeat (d'habitude consacré à l'anthropologie) :
http://cdarmangeat.blogspot.fr/2015/01/il-ny-pas-de-bonne-religion.html
Les événements des jours passés ont suscité une immense vague d'émotion, et comme bien des gens, j'ai passé une semaine nauséeuse, plombée par l'horreur du massacre des membres de Charlie Hebdo, des policiers et des clients juifs du supermarché casher.
Mais à cette douleur s'est ajoutée, peu à peu, l’écœurement face à la vaste opération politique qui s'en est suivie. [...]
Sur tout cela, il y aurait sans doute bien des choses à dire ; mais c'est sur un point précis que j'ai eu envie de réagir sur ce blog. Je veux parler de ce refrain – plus précisément, cette antienne – répété à l'envi sur toutes les chaînes sans que personne ne semble devoir le démentir, selon lequel (en substance) : « ce n'est pas cela l'Islam », « ce n'est pas cela la religion », que « les religions sont amour et respect de l'autre » et autres fadaises de la même eau bénite.
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Anomalocaris
L'attitude de François Hollande après la manifestation était scandaleuse.
Il s'est affiché tranquillement dans une synagogue avec une kippa sur la tête. Et ceci, juste après un défilé rassemblant des millions de français autour des valeurs de la République.
Et la laïcité, on l'oublie ? C'est pourtant bien une valeur de la République, et un des thèmes défendus par les manifestants.
En octobre 2010, quand le Président Sarkozy faisait des signes de croix au Vatican, un certain François Hollande était monté au créneau, avec raison, pour s'offusquer d'un "manquement au principe de laïcité". Oublié également ?
Et sauf erreur de ma part : dans les médias, personne pour souligner ça. Pas un commentateur, pas un journaliste, pas un politique.
La neutralité de l'État commence par celle du Président, et pourtant, tout le monde semble trouver normal qu'il la piétine.
J'invite donc @si à faire un arrêt sur cette image. -
abracadabra
En vrac :
- Le fantasme technologique partagé par beaucoup de commentateurs mis à mal : une fois les djihadistes fixés, l'efficacité du Raid et du GIGN est à juste titre saluée. Mais auparavant, quelles difficultés pour les repérer et les pister ! le maillage du territoire a plutôt ressemblé à un gruyère. Les seuls indices qui permettent de suivre leur piste ne sont pas dus à des prouesses technologiques, mais tout simplement aux témoignages de ceux qu'ils croisent.
- La responsabilité des médias (BFM écoutée aussi bien dans les ministères que par les assassins). Outre les critiques qu'ASI a signalées, certains appels téléphoniques auraient pu aussi révéler aux deux frères la présence d'une personne (qu'on croyait otage), qui non seulement était à l'abri, mais renseignait la police.
- A noter : le fait que les deux frères n'ont pas cherché la prise d'otages, laissant partir par exemple les salariés de l'imprimerie, ou encore les propriétaires des différents véhicules.
- Nuances : "trois élèves auraient estimé qu'ils avaient bien cherché ce qui leur était arrivé, les gars de Charlie." Pour moi, je fais encore la différence entre ceux qui disent "ils l'ont mérité" et ceux qui disent "ils l'ont cherché". La deuxième assertion n'est pas forcément une approbation du meurtre, elle peut n'exprimer que la reconnaissance d'un terreau dangereux et la peur de l'extrémisme en face sans une quelconque adhésion (et ce n'est pas faux, faire vivre la liberté c'est parfois dangereux, la preuve). -
Al Ceste
Petit HS :
Anne-Sophie Jacques nous parle du "ravisement*" de Match sur la façon dont Minimoi 1er a réussi à se fourrer obscènement au premier rang des VIP qui nous emmerdent.
Mias on ne sait rien des [s]pressions[/s]raisons qui ont "poussé" Match à se raviser. Allez ASI, une enquête ?
* J'ai pas écrit ravissement mais, en pensant à ce qu'est devenu Match après l'éviction de Genestar par Sarkocu, j'aurais pu ! -
guy de gap
Rideau! Tout est dit,et bien dit:y a rien à rejeter. Ah si ,puis-je ètre ton ami ? -
joyeux
Pour après, M. Schneidermann, qui ne reniez pas le terme d' "ennemi", je vous propose ce texte, que j'ai écrit en réponse à certaines injonctions de mes amies les plus proches... Il est trop long je sais, mais je n'ai plus le temps de le résumer, après en avoir passé beaucoup à l'écrire. Vous me pardonnerez.
J'ai longtemps considéré l'équipe d'@si comme un groupe d'amis lointains, qui me consolaient de l'état de la pensée dominante... Et puis depuis quelques temps, je m'inquiète et je m'interroge...
"
Alors voilà, mes amies. Je sors de ma réserve. Ce silence public où je me réfugie généralement, laissant passer hors de ma fenêtre parfois une main « aimante » qui like et relaie les textes des autres, je le délaisse aujourd’hui parce que vous m’avez amicalement interpellée, et que j’accorde encore trop d’importance à l’amitié pour ne pas assumer devant vous une forme de pensée que je réserve le plus souvent à mes seuls carnets.
Il s’est passé en ce début d’année des événements qui par ailleurs nous interpellent tous. Il y a longtemps que je n’avais vu fleurir autant de textes argumentés, souvent bien écrits, sincères, dont les auteurs ont eu à cœur – comme je tente de le faire en ce moment-même – de formaliser de manière la plus juste leur pensée. Et, les réseaux sociaux numériques aidant, tous ces textes donnent lieu à d’abondants commentaires, précis, passionnés, où se discutent un mot, une image, un détail. C’est, selon moi, l’aspect de loin le plus positif et consolant – bien devant l’unanimisme chaleureux de marches massives – de ces désolants événements auxquels nous assistons depuis quelques jours : des violences physiques, suivies de leurs violences symboliques médiatiques.
Car mon cœur est bien désolé, mes amies, sachez-le. Vous revendiquez le droit de pleurer vos morts – qui visiblement ne sont pas les miens – ayant cru peut-être à tort que je vous le refusais (ou que je m’en moquais ? ). Pleurez, que je pleure avec vous mes chers moribonds. Car mes morts à moi ne sont pas tout à fait morts, mais bien malades, et mon coeur saigne chaque jour davantage en les voyant s’éteindre lentement, mon impuissance à leur chevet.
Mes moribonds à moi – je semble les opposer aux vôtres, mais cela n’est que rhétorique, mes amies, je sais que vous les chérissez tout autant que moi –, ce sont des esprits : ils se nomment esprit de paix, de tolérance, esprit de tempérance, et le dernier mais non des moindres, esprit critique.
Je sens vos regards se froncer, votre incrédulité poindre, en ce jour où des millions de personnes viennent de défiler calmement, unies formellement, devant les caméras du monde entier, avec des masses de petites pancartes aux slogans plus sympathiques et forts les uns que les autres, défendant la « liberté d’expression » et célébrant l’union sacrée.
Justement, mes amies, venons-en au fait : vous avez défilé, ou vous avez été émues devant ces défilés de la Nation unie. C’est bien votre droit, que je respecte absolument. Je ne partage pas votre émotion, et je n’ai pas défilé. C’est bien mon droit, et pourtant j’hésite à l’affirmer. Fausse pudeur ? Eh bien voyez-vous mes amies, il y a comme un petit déséquilibre en ce moment.
Quand un mouvement prend autant d’ampleur que celui qui a noirci nos rues de monde hier, que pensez-vous qu’il reste à ceux qui ne lui emboîtent pas le pas ? Quand tous en chœur chantent haut et très fort l’hymne de la Nation blessée, quand les dirigeants de cette nation finissent la journée dans un lieu de culte, la tête couverte, les mines de circonstance, à écouter un prêche s’appropriant l’ensemble des belles pensées de ce pays, que pensez-vous qu’il reste à ceux qui n’ont pas partagé la communion ?
Il ne nous reste que le droit de nous taire, et d’écouter les leçons.
Mon cœur est serré, parce que nous avons glissé définitivement dans une période sombre. Une période où j’ai peur de dire à mes amis que je ne suis pas tout à fait, pas tout le temps, ou même pas du tout d’accord avec eux. Une période où certains mots peuvent dynamiter une amitié, si l’on ne les prononce pas du bon côté de la pensée. Une période où l’esprit de paix, de tolérance de modération vient d’être assassiné, et personne ne songe à prier en sa mémoire.
J’essaie maintenant de trouver mes mots les plus justes et les plus précis, car je souhaiterais tellement parer à tous les boucliers que vous allez dresser, vous, mes amies, contre mon texte triste mais pugnace.
Je voudrais tenter de dire à quel point je me sens moi aussi choquée, blessée, meurtrie, et pourquoi.
Mes amies, je me sens spoliée. Des gens qui ont le micro, et à qui on le tend, sont en train de me voler mes mots, sont en train de les tordre et de se les approprier, à tel point que je ne trouve plus ceux qui me sont nécessaires pour exprimer ma pensée. Et comme dans un cauchemar, dans lequel je plonge chaque matin en me réveillant, je vois de jour en jour mes mots partir et ma plume impuissante à les retenir. Ces mots, ce sont démocratie, liberté, laïcité, humanisme… Vous le voyez, de très gros mots, ils ne devraient pas m’échapper si facilement ! Et pourtant. Les voici tous résumés à des slogans facilement sérigraphiables, à des mots d’ordre pour manifestation d’unité publique. Au contraire de ce qu’ils sont, précisément.
Aujourd’hui dimanche, moi qui ne suis pas sortie manifester mon rejet des méchants et mon attachement au bien, j’ai pris le temps de relire mon écrivain chéri, Stefan Zweig, qui n’ayant pas survécu à la montée d’intolérance de son époque, nous a légué un magnifique plaidoyer en faveur de la tempérance et du courage qu’il faut pour défendre cette vertu cardinale : Conscience contre violence (Castellion contre Calvin).
Zweig y réhabilite la figure du courageux Castellion, intellectuel protestant isolé, qui osa seul s’élever contre la violence faite aux hérétiques par l’Etat calviniste. Il faut relire cette phrase plusieurs fois pour la comprendre. D’abord parce que Castellion, contrairement à Calvin, ne vous dit rien du tout : vu les efforts colossaux déployés par ses ennemis pour anéantir sa vie puis sa mémoire, il est même miraculeux que son nom soit parvenu jusqu’à Zweig. Ensuite parce quand on a été comme moi biberonnée à l’histoire des persécutions faites aux protestants par les catholiques, il faut lire en entier ce puissant petit livre pour découvrir puis accepter la réalité des violentes persécutions commises par les protestants eux-mêmes à l’encontre de leurs congénères jugés dissidents ! Ca ne vous rappelle rien ? Des protestants fanatiques (ou peut-être devrais-je dire « protestantistes ? ») contre des « protestants modérés » ? Et qu’avait fait Castellion, pour être jugé hérétique ? Il avait lui-même défendu d’autres hérétiques, s’élevant contre la violence et l’intolérance. Je vous passe (malheureusement et par faute de temps et de place, mais vous enjoins ardemment à lire ce court récit magistralement écrit) les détails des argumentaires : tout ce que je veux en retenir aujourd’hui, c’est qu’à toutes les époques où le fanatisme commence à régner, il entraîne inévitablement, et tragiquement, les esprits les plus mesurés et même ses propres victimes, à glisser avec lui sur les pentes de l’essentialisation et de la radicalisation : si tu n’es pas avec moi, tu es contre moi, jusqu’à : si tu n’es pas contre mes ennemis, tu es contre moi. Le Bien contre le Mal.
Aujourd’hui nous vivons une époque formidable, où l’Ennemi est le Fanatique musulman (dire : Islamiste), et Nous (sommes Charlie), les tenants de la liberté (d’expression).
Sublime perversité, qui consiste à confisquer à tout ennemi du Nous la possibilité de penser hors des clous : si tu penses contre Nous, c’est que tu n’es pas pour la liberté d’expression ! Créer un Nous qui catalyse non plus un contenu idéologique précis (du type morale protestante, catholique ou communiste), mais les plus positives des notions « universelles » (liberté, démocratie, civilisation…), c’est l’arme imparable pour paralyser toute pensée de côté, automatiquement perçue comme « barbare »… Le hold-up magistral de la pensée : on nous vole nos mots, on les mets sous vitrines télévisées bien fermées par les cadenas de l’émotion généralisée, et hop ! circulez, y a rien à dire.
J’aurais donc pu commencer ici à discuter avec vous la définition de la démocratie, de la liberté d’expression, de celle de penser, et de tant d’autres notions si importantes, pour tenter de récupérer ces mots qu’on nous a confisqués, comme si leurs définitions allaient de soi. De ces définitions, ou plutôt de la manière dont on problématise ces notions, les solutions que l’on pourrait trouver aux problèmes qui se posent maintenant avec acuité ne dépendent-ils pas ? Ces attentats, à quoi ont-ils attenté ? La liberté d’expression, que libère-t-elle ? Est-elle synonyme de la liberté de penser ? La laïcité, est-ce finir une manifestation dans une synagogue pour pleurer des morts athées ?
Autant de questions qui non seulement n’appellent pas de réponses simples, mais en outre qui sont-elles mêmes problématiques. On sait bien que poser la question, c’est déjà orienter la manière d’y répondre. Or quelles questions a-t-on posé officiellement depuis le 7 janvier ? On entend partout « pas d’amalgame », mais comment éviter d’amalgamer des notions qu’on ne prend même pas le temps d’analyser, de définir ?
Au lieu de ça, on nous sert une soupe industrielle de prêt-à-penser, avec les mots démocratie, liberté, Juif, Musulman, barbarie, qui flottent dedans… et à nous de nous amuser à les agiter dans tous les sens, ça fera toujours des hochets pour ceux qui n’ont pas eu de cadeaux de Noël…
Je m’emporte, mes amies, mais vous voyez que je n’ai pas pour autant défini ces mots qu’on nous a volés. Et finalement, je ne vais pas le faire ici, car ce n’est même pas ce qui est le plus important à mes yeux, de vous donner mon point de vue sur la question. Justement parce qu’on nous tend un piège qui est celui de la dichotomie, du dualisme : mon point de vue contre le vôtre, les démocrates contre les barbares, la gentille France libre contre les méchants islamistes étrangers…
Je m’alarme simplement de ce que dans cette unité amalgamée qu’on nous vend comme le Graal de la Nation retrouvée, nous sommes en train de perdre l’espace qui rend possible le dialogue et la discussion argumentée. D’ailleurs l’humour aussi ne naît-il pas de la distance ?
Mon texte est ma voix clamant dans le désert : s’il vous plaît, ne cherchez pas à avoir raison ! Vous, mes amies, mes voisins, vous les gens que je ne connais pas mais que je croise dans la rue ou sur les réseaux sociaux : prenez la plume, oui, écrivez, dessinez, oui, mais par pitié, ne cherchez pas à avoir raison ! Ne devenez pas les fanatiques de la liberté (démocratie, République, mettez ici le mot que vous voudrez).
Votre point de vue est précieux, le mien aussi peut-être, mais chacun isolément est moins précieux que la possibilité toujours maintenue d’écouter celui des autres, de changer d’avis, de me (nous, vous) contredire et, surtout, de se tromper. Je répète : de changer d’avis, d’hésiter, de se contredire, de se tromper.
Or je pleure, car nous sommes en train de perdre cette possibilité, cette potentialité qui devrait pouvoir toujours rester actualisable, et qui est notre bien le plus précieux. Dans un retournement transparent et d’une violence extraordinaire, on nous vend l’esprit de guerre, avec ses « cortèges » de « mobilisation » sous les « drapeaux » de « l’unité nationale » comme le summum de l’esprit de paix ! On nous fait passer les mensonges et les hypocrisies les plus grosses, on nous invite avec le sourire et les embrassades à abdiquer notre individualisme critique, en nous culpabilisant en plus de nos velléités contraires ! On fanatise notre amour de la liberté, de la démocratie, de la République.
Par la même occasion, on nous vole aussi notre droit à l’intimité. Ne nous gobergeons pas : démocratie, dictature, peu importe les mots et les régimes, si nous perdons notre droit à ne pas rendre public ce que nous pensons, croyons, rêvons… Partout on nous somme de « condamner », de nous « désolidariser ». Mais qui es-tu, toi qui m’intime de telles sommations ? Je sens déjà poindre dans l’autorité dans ta demande les menaces de la perte de notre paix et de notre douceur de vivre.
Mon ami Zweig a aussi rédigé la biographie d’un autre grand humaniste : Erasme (grandeur et décadence d’une idée). Il y retrace le parcours du génial esprit, qui inaugure la Renaissance avec son éloge de la Folie plein d’audace caricaturale, avant de lutter sa vie durant contre un siècle fanatique : Erasme, tolérance incarnée, fut sommé par les tenants de tous bords, de choisir entre la Réforme et la Contre-réforme, de condamner et de se désolidariser, et ne céda qu’à la fin de sa vie, sous une pression folle qui le fit quasiment mourir de chagrin…
Alors pour finir ce triste texte, en vous remerciant par avance de toutes les critiques que vous lui apporterez, mes amies, je vous prie aussi, et surtout, de garder pour les temps futurs proches qui s’annoncent bien sombres, toujours à l’esprit cet héritage d’Erasme, de Castellion, de Zweig et de tous les libres esprits qui nous ont précédés :
« Nous croyions déjà disparu à jamais le temps du despotisme spirituel, de la contrainte des idées, de la tyrannie religieuse et de la censure des opinions ; nous pensions que le droit de l’individu à l’indépendance morale était aussi absolu que celui de disposer de son corps. Mais l’histoire n’est qu’un perpétuel recommencement, une suite de victoires et de défaites ; un droit n’est jamais conquis définitivement ni aucune liberté à l’abri de la violence, QUI PREND CHAQUE FOIS UNE FORME DIFFERENTE.
(…) [Mais] c’est en vain que l’autorité pense avoir vaincu la pensée libre (…) Avec chaque individu nouveau naît une conscience nouvelle, et il y en aura toujours une pour se souvenir de son devoir moral et reprendre la lutte en faveur des droits inaliénables de l’homme et de l’humanité ; il se trouvera toujours un Castellion pour s’insurger contre un Calvin et pour défendre l’indépendance souveraine des opinions contre toutes les formes de la violence. »
A bientôt mes amies, pour de nombreuses et libres discussions…
" -
emilie bouyer
Comment ne pas rigoler, ce matin, en découvrant les manœuvres de Sarkozy pour apparaître sur la photo, au milieu des chefs d'état...L'heure n'est pourtant pas à la rigolade. Mais devant le ridicule..... -
Kaniass
Je suis Chablis!