Del Ponte / rebelles syriens / gaz sarin : qui a amplifié ?

David Medioni - - 0 commentaires


Carla Del Ponte a-t-elle "accusé" avec certitude les rebelles syriens d'avoir utiliser du gaz sarin ? C'est ce que l'on pouvait croire à la lecture et à l'écoute de certains médias, Euronews et France Inter en tête. En fait, les choses sont un peu plus compliquées.

"Les rebelles ont utilisé du gaz sarin selon Carla Del Ponte", c'est le titre de l'urgent de l'AFP relatant les propos tenus par Carla Del Ponte - ex-procureur du TPI aujourd'hui membre de la commission d'enquête internationale indépendante sur la Syrie appointée par l'ONU - à propos des rebelles syriens. La seconde dépêche de l'agence est sur la même tonalité : "Les rebelles ont utilisé du gaz sarin selon Carla Del Ponte". Pas de traces des mots "accuse" ou autres dans les dépêches.

Sur la foi de ces titres, les médias s'emballent rapidement. Euronews d'abord titrant "Del Ponte accuse à son tour les rebelles syriens d'utiliser du gaz sarin". Et surtout lundi matin, France Inter au journal de 8 heures. Le doute n'est pas de mise. Le présentateur Mickaël Thébault est très affirmatif.

"C'est une accusation nouvelle et forte. Carla Del Ponte affirme clairement avoir les preuves de l'utilisation de gaz sarin par les rebelles syriens", lance ainsi Thébault.
Ecoutez le lancement et le sujet du journal de France Inter à 8h

Cette information qui ouvre le journal de France Inter tient donc sa source dans une interview donnée par Del Ponte à la Radio Télévision suisse-italienne (RSI). Dans cet entretien, elle affirme "avoir vu un rapport sur des témoignages recueillis concernant l'utilisation d'armes chimiques, en particulier de gaz neurotoxique, par les opposants et non par le gouvernement". Elle parle de "forts soupçons, de soupçons concrets". C'est toutefois moins affirmatif que ce qu'annonçait France Inter.

pictoRegardez l'interview de Del Ponte

Mais lundi soir l'ONU  tempère les propos de Del Ponte. "La commission d'enquête internationale indépendante sur la République arabe de Syrie souhaite préciser qu'elle n'a pas établi de manière concluante l'usage d'armes chimiques par l'une des parties en conflit. En conséquence, la commission n'est pas en position pour le moment de commenter les allégations" de Carla del Ponte assure le président de la commission, l'expert brésilien Paulo Pinheiro, dans un communiqué.

Devant ce communiqué, France Inter fait marche arrière dans son journal de 8 heures, mardi 7 mai au matin. Cette fois-ci le sujet ne fait pas l'ouverture du journal. La rédaction se contente d'un petit "off" et rejette la faute sur Del Ponte elle-même, sans même préciser que la radio elle-même a -un poil - amplifié la déclaration.

Contacté par @si, le présentateur de France Inter ne nous avait pas rappelé au moment de la mise en ligne de cet article.

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