Décodeurs : Macron victime-recordman des intox

Juliette Gramaglia - - Intox & infaux - 0 commentaires

Emmanuel Macron parmi les "cibles privilégiées" d'intox sur internet ?

C'est la conclusion des Décodeurs. Les fact-checkeurs du Monde ont étudié plusieurs dizaines de fausses informations catégoriquement démenties depuis le 1er février, et sélectionné les plus virales (c'est-à-dire celles partagées plus de 5 000 fois sur Facebook). Des fausses informations destinées à "manipuler les émotions des internautes, à marteler des thématiques chères aux groupuscules qui les relaient et à discréditer les médias qui avancent, eux, des faits vérifiés, écrivent les Décodeurs, qui ont également recensé un certain nombre de sites et pages Facebook responsables de la propagation des intox.

Sur les quinze intox relevées, aux thématiques variées -agressions, droit de vote des prisonniers ou heurts avec la police- les grands favoris sont l'immigration, la sécurité ou encore les médias. Sur ces trois thèmes, les fausses informations tentent de faire passer plusieurs messages, expliquent les Décodeurs : "L'insécurité explose en France", "les médias vous cachent la vérité" et "l'immigration est un danger". N'arrivant dans le classement des Décodeurs que "dans un deuxième temps", quatre intox visaient directement le candidat du mouvement "En Marche" - soit un quart d'entre elles. Et elle comptabilisent à elles quatre plus de 198 000 partages sur Facebook.

Article des Décodeurs, mercredi 29 mars 2017

Quelles sont ces quatre intox anti-Macron ? En se penchant sur les résultats des Décodeurs, on remarque que deux d'entre elles sont en fait extrêmement similaires. Il s'agit de la rumeur selon laquelle Emmanuel Macron aurait pour projet de créer une "taxe propriétaire" (pour faire payer un loyer aux propriétaires). Les Décodeurs distinguent deux vagues pour cette intox, à seulement trois semaines d'intervalle. La première, basée sur un article du site parodique de droite BuzzBeed (partagé plus de 77 000 fois), et la seconde provenant du site Cyceon (partagé plus de 28 000 fois), et épinglé par Crosscheck, le projet de Google qui fonctionne avec des étudiants en journalisme. Celà, même si les Décodeurs avaient fusionné ces deux intox en une seule, Macron restait, dans leur classement, le candidat recordman des intox.

Les "frais de bouche" de Macron, largement relayés - puis oubliés

Autre intox relevée par les Décodeurs: l'omerta médiatique supposée sur les "frais de bouche" de Macron. Il s'agit d'une information sortie fin janvier, dans le livre Dans l'enfer de Bercy (JC Lattès) des journalistes Frédéric Says et Marion L'Hour. Les auteurs pointaient les dépenses anormalement élevées des frais de représentation de l'ancien ministre de l'Economie alors qu'il était encore à Bercy: 120 000 euros en huit mois, soit 80% de l'enveloppe annuelle allouée à ces dépenses telles que l'habillement, la restauration ou encore les voyages.Comme l'expliquait à l'époque Le Monde, Macron n'aurait pas directement financé son mouvement, comme il en a été accusé, mais "il aurait simplement «élargi» le panel de ses rencontres, ciblant des interlocuteurs plus susceptibles de l'aider à préparer sa future campagne présidentielle qu'à alimenter ses activités de ministre... mais sans jamais se départir de ses habits de ministre".

Cette affaire a-t-elle été "cachée par les medias" ? Question de point de vue. De nombreux sites (dont Le Figaro, Le Parisien, Le Monde, Libération ou encore Le Point) avaient largement relayé la nouvelle. Rapidement cependant, faute d'éléments nouveaux, l'affaire a été beaucoup moins évoquée – contrairement à l'affaire Fillon, dont les nombreux rebondissements et évolutions continuent à largement alimenter la presse. Chacun décidera donc s'il s'agit, ou non, d'une intox.

Lire sur arretsurimages.net.