De quoi Valls est-il le stéréotype ?

Daniel Schneidermann - - Nouveaux medias - 0 commentaires

Facebok a dix ans. Happy birthday les amis, les profils, les statuts, les like, les en couple, les c'est compliqué

, tout le monde, vouzémoi. Happy birthday le bijoutier de Nice, les lanceurs de chats, et les pourchasseurs de lanceurs de chats. Happy birthday la police nationale (qui a son compte Facebook). Mais au lieu d'explorer la manière dont le réseau social a changé nos vies, comment il a contribué aux Révolutions, comment il a révolutionné la distribution de l'information -comment donc s'informait-on, avant Facebook et Twitter ? Horreur : on lisait des journaux-, France Inter a choisi de nous emmener dans une classe de primaire. Un gendarme y met en garde les têtes blondes, contre les vilains pédophiles qui pourraient se cacher sous d'avenantes photos de profils. Pourquoi pas ? Entre l'heure de maths et les TP de masturbation, l'avertissement a son intérêt. Mais choisir cet angle, pour la radio, c'est en rester à une sourde méfiance, dix ans après, envers le méchant Internet. C'est fou, comme ils n'arrivent pas à s'y faire.

Tiens, la masturbation à l'école, justement. L'heure étant grave, le gouvernement a fait donner Valls. Au micro d'Aphatie, c'est donc le ministre de l'Intérieur qui, terrassant les fantasmes, assure que le gouvernement s'opposera à d'éventuels amendements parlementaires ouvrant la PMA aux couples homos. Circulez, affaire classée. La semaine dernière, la ministre en charge du dossier, Dominique Bertinotti, avait refusé de répondre à la même question. Mais on ne va tout de même pas laisser le dossier à une femme. Pour rassurer les troupes cathos, il faut un mec, un vrai, avec une voix de baryton, et des casqués derrière. Et vive la déconstruction des stéréotypes.

On a beau savoir que si le gouvernement s'agite sur ces sujets, c'est pour compenser sa reddition économique, on se laisse avoir. Tiens, même nous, ici, on n'a pas signalé l'escarmouche Moscovici-Barnier, la semaine dernière. Visant parait-il la présidence de la Commission Européennne, l'UMP Barnier a donc proposé de placer la prochaine mandature sous le signe d'une grande, d'une ambitieuse réforme bancaire, séparant pour de bon les activités de dépôt, et la spéculation (un Glass-Steagel Act à l'européenne, toutes les explications sont ici). Précisément la réforme que le gouvernement français a refusé de faire. Et qui s'y est opposé ? Qui est monté à la barricade ? Le socialiste Moscovici, évidemment. Ca vous avait échappé ? Vous avez des excuses, vos medias préférés regardaient ailleurs.

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