Croissance et dépenses publiques : boulette de Natixis

Anne-Sophie Jacques - - 0 commentaires

Confondre la Suède avec la Suisse, voilà une belle boulette commise par le directeur de la recherche de Natixis, Patrick Artus, dans un flash économie. Une boulette repérée par le site Regards qui ne serait que boulette si elle ne participait pas – encore une fois – à dénoncer les dépenses publiques et à prôner l’austérité.

Le refrain est connu : trop de dépenses publiques nuisent à la croissance. Aussi célèbre soit-il, ce refrain est continuellement alimenté par diverses études dont celles menées par le département de recherche économique de la banque Natixis chapeauté par Patrick Artus. Dernière démonstration : le 11 septembre, dans un flash économie, Artus, graphique à l’appui, relève que la France, la Belgique et la Suède, qui ont un niveau de dépenses publiques respectivement de 57%, 54% et 53% du PIB, sont, comme par hasard, les pays dont la croissance est faiblarde. Sauf que, comme le souligne Laura Raim sur le site Regards, l’économiste confond la Suède, notée SD, avec la Suisse, notée SW.

Et ça change tout ! Selon Henri Sterdyniak cité par Raim, "«avec 2,6%, la Suède enregistre en fait la plus forte croissance des pays de l’échantillon, à égalité avec la Finlande.» De quoi mettre tout le raisonnement par terre, voire d’en inverser la conclusion : «Comme le poids des dépenses publiques dans le PIB est de 34% pour la Suisse, de 52% pour la Suède et de57% pour la Finlande : ce sont des pays où le poids des dépenses publiques est très fort qui ont eu la croissance la plus forte.»"

Certes, reconnaît la journaliste, avec une production de plusieurs notes quotidiennes, Artus n’est pas à l’abri des boulettes. Seulement, ces erreurs vont toujours dans le même sens et "certaines «mauvaises manipulations» d’économistes sont lourdes de conséquences, notamment lorsqu’elles sous-tendent des thèses qui apportent une caution scientifique aux politiques d’austérité sociale et salariale que subissent actuellement les peuples européens". Et de rappeler "le cas de l’article «Croissance en période de dette» publié en 2010 par Carmen Reinhart et Kenneth Rogoff «démontrant» qu’une dette supérieure à 90% du PIB freine la croissance", une équation reprise à tire-larigot par nos dirigeants européens. Las ! En avril dernier, un étudiant de l’Université du Massachussets a démontré de son côté que "les économistes réputés de Harvard (et anciens cadres du FMI) avaient non seulement écarté du panel cinq pays qui contredisaient leur thèse (Australie, Autriche, Canada, Danemark et Belgique), mais le tableur Excel utilisé comme support de l’étude comportait une erreur de formule".

Un mois plus tard, Reinhart et Rogoff ont publié un erratum. Deux mois plus tard, la note de Patrick Artus n’est toujours pas corrigée.

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