Crise : Joschka Fischer évoque les années 30 (Le Temps)

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Dans une tribune publiée par le quotidien suisse Le Temps, Joschka Fischer, l’ancien ministre allemand (Verts) des Affaires étrangères insiste sur la responsabilité de l'Allemagne et de son obsession de l'austérité, évoque la montée du nazisme, et propose un gouvernement européen, signale le journaliste François d'Alançon sur son blog du site de La Croix.

"L’Allemagne va-t-elle encore une fois conduire l’Europe à sa ruine?" Fischer en veut à la politique d'austérité européenne instaurée par Angela Merkel.

Il constate qu'aujourd'hui, "la maison européenne est en flammes", mais que "malheureusement, la brigade des sapeurs-pompiers est dirigée par l’Allemagne, avec à sa tête la chancelière Angela Merkel" : "L’Europe continue donc à tenter d’éteindre l’incendie avec de l’essence – l’austérité imposée par l’Allemagne – avec pour conséquence d’avoir transformé, en à peine trois ans, la crise financière de la zone euro en une crise existentielle européenne."

Fischer juge que "le remède «tuer pour guérir» de Merkel est aujourd’hui confronté à la réalité – et à la démocratie". Il souligne que l'échec de l'austérité a été acté depuis longtemps dans l'histoire : "Nous constatons une fois de plus à nos dépens que ce genre d’austérité, appliqué en dépit d’une crise financière majeure, ne conduit qu’à la dépression. Cette idée devrait être de notoriété publique; elle est après tout l’une des grandes leçons des politiques d’austérité du président américain Herbert Hoover et du chancelier allemand Heinrich Brüning de la République de Weimar dans les années 1930. Il semble hélas que l’Allemagne, qui devrait être le premier pays à s’en souvenir, ait oublié cette leçon."

Le Temps 30 mai 2012

Pour éviter un "abandon de l’euro" et "l’éclatement de l’Union européenne", l'ancien ministre Vert estime qu'il "revient à l’Allemagne et à la France (…) de décider quel sera l’avenir de notre continent". Et il fixe une feuille de route à l'Allemagne, mais aussi à la France : "changement radical de l’orientation économique de l’Allemagne", mais aussi "de la position de la France sur l’intégration politique et les réformes structurelles". "La France devra cautionner une union politique: un gouvernement commun avec un contrôle parlementaire commun de la zone euro. (…) L’Allemagne devra de son côté accepter une union budgétaire. En fin de compte, cela revient à garantir la survie de la zone euro grâce aux moyens et à la puissance économiques de l’Allemagne: rachat illimité des obligations d’Etat des pays en difficulté par la Banque centrale européenne, européisation des dettes nationales par le biais d’euro-obligations, et des plans de croissance pour éviter une dépression dans la zone euro et encourager un redressement économique."

Conclusion, très sombre : "Il n’est pas encore trop tard pour changer de direction, mais il ne reste aujourd’hui plus que quelques jours, quelques semaines, ou tout au plus quelques mois, mais pas des années. L’Allemagne s’est détruite elle-même – et l’équilibre européen – deux fois au cours du XXe siècle. (…) Il serait à la fois tragique et ironique qu’une Allemagne unifiée provoque la ruine, par des moyens pacifiques et les meilleures intentions du monde, de l’ordre européen pour la troisième fois."

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