Copwatch renait, Guéant attaque à nouveau (LePoint.fr)

La rédaction - - Silences & censures - 0 commentaires

Copwatch est mort, vive Copwatch ! Le site de surveillance des dérives policières est de retour. Le ministre de l'Intérieur avait obtenu sa fermeture l'an passé, provoquant une vague de soutien au site. Le ministre repart aujourd’hui à l'attaque. Aura-t-il plus de succès cette année? Rien n'est moins sûr.



Surveiller la police avec les méthodes de la police. Copwatch fiche les responsables de bavures policières, mais aussi des policiers en civil, parfois sans aucun élément à charge, avec à l'appui, photos, et pour certains, informations personnelles. La mise en ligne du site, révélée par le site Owni.fr en septembre dernier, avait fait polémique. Accusé par le ministère Claude Guéant de violer la vie privée et l'honneur des policiers qui y sont fichés, Copwatch avait officiellement fermé... mais n'avait jamais totalement disparu. Une nuée de sites jumeaux, qui reproduisaient le contenu de Copwatch, avaient poussés comme des champignons.

A l'époque, de nombreux spécialistes avaient raillé l'incompétence du ministre Claude Guéant, qui avait malgré lui servi la cause du site: "Guéant a lancé une grande campagne de marketing viral pour Copwatch, qui bénéficie désormais d'une attention et d'une couverture médiatique internationales", avait notamment remarqué le porte parole de la Quadrature du Net, Jérémie Zimmermann.

Rebondissement :

picto le site officiel est désormais de retour...

...sous une adresse légèrement modifiée, (passant de .org à eu.org), révèle Lepoint.fr. Et Claude Guéant relance l'attaque. Selon Numerama.fr, une nouvelle audience judiciaire est prévue pour février.

Mais selon le blog Signal, cette nouvelle plainte risque de se heurter à nouveau à des problèmes techniques. Le blogueur en sait quelque chose : c'est lui qui fournit le nom de domaine au nouveau site de Copwatch. Sans pour autant avoir accès au serveur qui héberge le site: "eu.org n’est pas une prestation d’hébergement mais la simple fourniture d’un nom de domaine, écrit le blogueur. (...) Le site étant physiquement hébergé aux USA, il est impossible d’obtenir la coupure du serveur qui l’héberge pour la même raison qu’en octobre."

Certes, le ministère peut demander "aux fournisseurs d’accès français, de même qu’en octobre, le blocage pour les accès depuis la France de l’adresse IP du nouveau site". Mais le risque de réapparition du site sous une autre forme restera entier.

De son côté, Le Point ne semble pas au clair sur la question. L'article affirme que Copwatch aurait "fermé en vertu de la loi Loppsi 2 permettant le filtrage administratif des sites pédopornographiques sans intervention du juge". Mais que vient faire la pédopornographie dans cette histoire ? Rien. Contrairement à ce que suggère le site, l'affaire est passée devant la justice, et même devant trois juges : ceux du Tribunal de grande instance, qui ont ordonné sa fermeture. Le rapport de leur décision est disponible en ligne. Il cite une série de lois en rapport avec la diffamation et la violation de la vie privée, mais rien sur la "Loi d'orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure".

Le loi n'a pas été invoquée, mais elle n'est pas totalement hors-sujet. Numerama.fr s'était interrogé sur les conséquences qu'aurait une application élargie de la loi Loppsi à des cas tels que celui-ci...

(Par Julie Mangematin)

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