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Rémi Jeannin
Je sais bien la différence de statut entre un édito et des articles d'analyse où les limites des raisonnements ou faits relatés ont davantage vocation à être explorées. Mais comme quelques uns ici (lecture en diagonale des réactions à cet édito ; désolé de ne pas pouvoir tout lire !), je trouve de plus en plus qu'ASI.net est devenue un site de promotion exclusive des analyses d'économistes "à la gauche de la gauche", sans grand recul et regard critique sur ces analyses. Je suis abonné depuis le commencement de cette aventure et était un fidèle de l'émission télévisée, mais m'interroge sur la poursuite de mon abonnement.
Sur ce sujet que je connais un peu (professeur de sciences économiques et sociales), j'aurais aimé lire en même temps que ces analyses qui n'ont pas toujours droit à la place qu'elles méritent dans les grands médias (quoique cela bouge, cf. la présence croissante d'un Paul Jorion) des contre-analyses en provenance d'autres écoles de pensée, pas nécessairement acquises pour autant au néo-libéralisme.
Un exemple de contre-argument que j'aurais aimé trouver ici : dans un contexte de crise de confiance comme celle que nous connaissons, pour les économistes keynésiens les plus orthodoxes, la création monétaire est parfaitement inefficace mais tombe dans une "trappe à liquidités", comme l'illustre la crise que connait le Japon depuis le début des années 1990.
Cet argument est développé en particulier par Stiglitz dans cette tribune du 16/08 publiée par le quotidien vespéral. La solution, pour lui (et je m'y associe), ne réside pas dans une injection massive de liquidités, mais dans une polique budgétaire orientée vers la croissance (avec des effets redistributifs vers les plus démunis, et des effets d'entrainements par le choix de priorités comme l'innovation ou la formation).
Sur le protectionnisme, il ne me semble pas que vous ayez jamais invité des économistes spécialistes de ces questions (que ne sont pas Lordon, spécialiste de la finance, ou Coutrot, spécialiste de l'organisation du travail). Sur la plupart des sujets économiques, je déplore ce manque de recul et de pluralisme, que ne vient évidemment pas combler la présence d'un guignol comme Marc Touati ...
Un asinaute décu, et qui rongeait son frein depuis quelques semaines pour publier ce message. -
sandy
Le problème de son raisonnement est qu'effectivement il présuppose des décisions politiques comme si celles-ci étaient des conséquences logiques à des conditions et des situations économiques alors qu'évidemment dans la réalité elles n'ont absolument rien d'évidentes.
Les décisions politiques dépendent des rapports de force politique, et on ne peut pas prévoir leurs évolutions. -
Pat de Saint-Rémy
Brillante démonstration mais qui a peu de chances de se vérifier : en réalité le problème posé est celui des châteaux de cartes quand le vent se lève.
La tendance à l'écroulement général se précise !
La cessation de paiement le l'Italie, de l'Espagne ou de la France mettrait un point final au système que nous connaissons, avec une si gigantesque destruction de valeur que personne ne peut l'imaginer ou se le représenter...
Encore plus simplement la chute de deux-trois grandes banques, Soc Gen en tête - l'action qui était à 40 € en juin est autour de 20 € aujourd'hui et perd encore 3,75% ce matin, 2 heures et demie après l'ouverture. Ça sent fort le pâté et il y a déjà quelques baisés dans l'histoire ! - , enclencherait un processus impossible à enrayer et un jeu de quilles en pleines déconfiture (mot qui existe, assez drôlement, en économie)
J'ai l'impression que nous sommes comme les passagers du Titanic qui dansaient tandis que le beau bateau se préparait à aller visiter les fonds marins, usage pour lequel il n'avait pas été prévu au contraire du Nautilus de l'excellent capitaine Nemo (en révolte ouverte contre les délires du genre humain, faut-il le rappeler ?). Ou comme le type tombant du haut de l'Empire State Building et qui se dit : "Pour l'instant tout va bien !"
Je rappelle que Lordon, en cas d'écroulement général, prévoit le retour à l'âge de pierre (allez donc relire son papier du Monde Diplo !)
Allons une peau de bête autour des miches, un bon feu et sur la paillasse tôt, faute de fabriquer des ordinateurs et surtout de pouvoir les alimenter en électricité il faudra apprendre à cesser d'écrire des conneries (ou des choses intelligentes parfois) sur les claviers dont nous faisons si grand usage, sans savoir jusqu'à quand ! De plus la chasse ça prend du temps et ça fatigue ! Tout comme la cueillette ou l'agriculture d'ailleurs... -
tony
"Lordon ne le précise pas davantage qu'il n'explore les risques de cette "création monétaire": une hyper-inflation, qui dévore les salaires du privé, ou les pensions de retraite."
Notre cher Daniel avait été, par boutade et provocation, gentiment traité de "lieutenant" de la doxa éditocrato-libérale des régulateurs actuels par F. Lordon lors d'une précédente émission, et effectivement, c'était justifié, puisqu'il est le seul à ne pas organiser de "faux débats", en invitant deux affreux gauchistes pro-régulation. Il fallait bien un représentant de l'habituelle musique institutionnelle. Malheureusement, c'est autre chose quand Lordon n'est pas là pour répondre au "lieutenant" improvisé des marchés.
Lordon n'étant pas là pour lui donner la réplique, substituons-nous un moment à ce dernier.
1) La création monétaire, la FED et la Banque d'Angeleterre en font à tour de bras depuis 2008, sous le doux nom de Quantitative Easing, et le spectre de l'hyper-inflation tant redoutée ne semble pas poindre à l'horizon.
2) Cette menace d'hyper-inflation n'en n'est pas une, puisque - Lordon lui a déjà expliqué, mais Daniel a du mal à retenir la leçon - le double choc récessionniste provoqué par les politiques coordonnées d'austérité budgétaire et par le spectre d'un nouveau credit crunch consécutif à une seconde crise bancaire tire l'ensemble du systême vers la déflation.
3) Dans le cas d'une tension inflationniste, là aussi Lordon lui avait pourtant bien expliqué à Daniel, que le "consommateur" et le "salarié" (ou le pensionné) sont le même bonhomme: il est parfaitement possible de maintenir le pouvoir d'achat des salaires et des pensions par leur hausse nominale: c'est l'indexation.
4) Dans le cas peu probable d'une "hyper-inflation", les mesures de sauvegarde existent, et avaient été appliquées après l'échec de la relance de 1981: c'est le blocage administratif des prix et des salaires.
5) En revanche, une inflation forte mais contenue (disons à 5-6%) est une formidable tueuse de dette, publique ou privée et une menace avant tout pour les détenteurs de créances - la fameuse "euthanasie des rentiers" de Keynes: évidemment, il est plus commun de présenter celle-ci comme l'ennemie jurée du salariat, ce qui est faux. Il est aussi un poil démago de nous ressortir la bonne vieille iconographie des brouettes de deutshmark dans les années 1930 pour faire trembler dans les chaumières...
6) De toutes façons, comme le dit Lordon, face à l'échéance programmée d'un deuxième effondrement du systême financier et l'impossibilité pour les Etats d'une part de le sauver une deuxième fois, et d'autre part, pour ceux de la taille de l'Espagne ou de l'Italie d'honorer leur propre dette, on ne voit pas trop quel serait un autre choix.
La BCE, ou les Banques Centrales nationales ne pourront pas se dérober à un de leurs attributs fondamentaux: celui de "prêteur en dernier ressort". -
gab
En déchiffrant l'ordonacle, il ne resterait qu'a s'orienter selon la carte et le territoire. Vive pernot... -
Francois T
Comme ce texte est intéressant : http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/08/17/la-revolte-des-abeilles-contre-les-frelons_1560468_3232.html
La révolte des abeilles contre les frelons -
peheme
Ou bien est-ce la lâcheté des hommes politiques actuels ?
Pour que les marchés se calment, ce n'est pas le stock de dettes qui est pris en compte, mais la capacité à équilibrer son budget.
Est-ce possible ? Bien sûr que oui, mais avec des choix. A t'on besoin de dépenser des milliards pour payer des jouets inefficaces aux militaires ? A l'opposé, quel pays faut-il être pour compter sur l'endettement à vie ?
Nous pouvons changer bien des choses, par exemple le système de santé : à quoi bon voir et revoir un médecin avec 10 ans d'étude et une paie stratosphérique (ben oui, de mon point de vue) quand une infirmière utilisant un logiciel d'assistance saura détecter 90% des petites maladies du quotidien ? 10 points de PIB dépensés pour la Santé et des labos qui ne trouvent plus rien depuis une bonne décennie.
On pourrait aussi qualifier la croissance que nous faisons, afin de peut être faire des choix conscients, lucides, et sélectionner les meilleures sources de croissance.
Avec du cynisme, sachant que la vie est courte, je peux aussi penser que je suis plutôt heureux de cette crise qui ridiculise les uns après les autres tous les économistes, que je suis plutôt heureux du malheur qui me permet de faire ce que je veux sans gros risque de contrôle, comme de vendre des biens d'Etat à mes amis à un prix ridiculement faible, ou faire de l'évasion fiscale pour les très riches, qui me paient une fortune pour ce faire ...
A en croire les sens de l'Histoire, le pire est indéniablement devant nous : Lordon proposant l'hyper inflation sur laquelle mise Sarkozy depuis qu'il a décidé d'ouvrir en grand les vannes de la dette française ! Ca ne suffit pas de faire des beaux discours pour avoir de la tête : les pensions seront laminées, et les riches encore plus riches. Merci Lordon.
"Il faut faire payer les Riches" : on dirait que ces mots puent depuis 30 ans, mais qui paiera sinon eux ? à moins de suivre le délire de Lordon et des Puissants de ce monde, pour la ruine des plus faibles.
Lordon est de mauvaise foi vis à vis de l'agence de notation de Standard and Poors : il est bien normal de cesser de remettre des dollars au pot quand ça ne fonctionne pas. La croissance obtenue par la dette ne permet pas de rembourser : il convient donc de changer de modèle. Et il paraît qu'on escompte une aide des économistes penseurs !! On attend. L'agence a fait son job et dénonce les politiciens US : nous aussi, nous les dénonçons depuis des lustres. Pourquoi cacher sa joie ? -
gemp (ASiiii c'est finiiii... ♫♩)
Un petit peu (sic) de Mélenchon, très en forme, principalement sur les agences de notation et leur nouveau statut en Europe: Un devoir de résistance intellectuelle. Sa prestation sur France 2 dans Les 4 vérités n'est pas mal non plus.
Pas taper. -
syro
M. Lordon fait une lecture bien orientée de l'actualité. Certes, il arrive parfois à la même conclusion que plusieurs gros méchants monétaristes, mais ses solutions sont tellement teintées de rouge qu'il faut le réécouter pour le croire.
J'en retiens essentiellement que l'endettement sans borne des États est la faute au néolibéralisme et qu'il faut donc soumettre le système financier ... aux États pour s'en sortir !
Désolé de passer par un sentier battu, mais cette solution revient exactement à remettre les clés de la cave à l'alcoolique de service.
Penser qu'un homme, parce qu'il occupe un poste d'État, n'est pas un homme ordinaire relève au mieux de l'inconscience et au pire du mensonge. L'État, c'est-à-dire les hommes qui le dirigent, possède ce super-pouvoir d'être le seul dépositaire de la violence et donc de la contrainte.
Vous voudriez vraiment vous en remettre à quelqu'un qui est au-dessus des lois *quoiqu'il arrive* ? Et qui ne pense qu'à dépenser à tout va pour être réélu ? C'est ce que propose M. Lordon, fonctionnaire.
Il regrette sans aucun doute la banqueroute de l'URSS, et sans doute l'explique-t-il par la voracité des ultralibéraux... Un stage en Corée du Nord ou à Cuba lui ferait peut-être le plus grand bien (chez l'habitant, s'entend).
Je suis étonné qu'un sieur tel que M. Lordon soit presque devenu la mascotte d'ASI. Tous ses entretients figurent en première lignes dans les rubriques correspondantes. Quid de l'esprit critique des journalistes d'ASI ?? Quid de l'avers de la médaille ? -
Pat de Saint-Rémy
Et encore on ne parle pas du « Big Mac Index », calculé depuis 25 ans par The Economist qui montre que l’€uro est surévalué de 36% info reprise par Marianne 2 ICI.
Les règles de l’arithmétique, superbement ignorées par les économistes prétentieux (exceptons Lordon et Jorion entre autres) et par les politiciens dont la voracité le dispute à la stupidité ont une caractéristique dont ces braves (?) gens n’ont donc aucune idée : quand on les ignore elles vous reviennent dans la figure automatiquement…
Plus ou moins vite, mais toujours… Malgré les grimace et autres facéties. Pour en revenir à l’excellentissime Lordon il a naturellement raison sur toute la ligne :
- Il va falloir faire fumer la planche à billet, c’est l’unique issue. Fabriquer de la monnaie de singe pour voler tout le monde et principalement les plus faibles qui perdront tout dans l’opération…
- L’Allemagne va sortir du système qui l’a servie un moment (principalement pour détruire l’idée même d’Europe) et va laisser tout le monde en plan au nom de l’égoïsme qui préside toujours aux affaires de gros sous et aux relations entre États !
- Ce qu’il oublie, mais c’est évident – c’est que l’Allemagne va rafler la mise en récupérant sous son aile (en échange d’avantages très substantiels) tous les ramiers d’Europe du sud qui n’en branlent pas une et dépensent beaucoup trop…
- C’est ainsi que le IVème Reich gagnera enfin la Troisième guerre mondiale après avoir perdu, de justesse, les deux premières !
Tant pis pour nous, il aurait fallu nous réveiller beaucoup plus tôt, et surtout ne pas détruire notre industrie par bêtise et incompétence...
Nos lignes Maginot ont toujours beaucoup amusé les Teutons, à juste titre ! -
MORASSE
C'est le jour. La mère Lagarde dit depuis son trône de mère Ubu que la croissance (donc la consommation des siècles) craint l'ostérité. Putaing! c'est sûr que dans les camps de travail des nazes et au Goulag du père des peuples demeurés, la productivité était plutôt faiblasse et la consommation pas délirante. Ra la la... le bol de riz chinois en salaire égalitaire pour tous a du mourron à se faire. Que revienne bien vite le temps des "bouzou" (les nouveaux zéconomistes qui causent dans les postes en débitant des lieux communs) qu'on rigole. Nous on naît haletant ! A ciao ! -
Antoine S.
Je suis pas bon en économie, j'aimerais qu'on explique. Il me semble que le fait que F. Lordon n'évoque pas l'(hyper?)-inflation n'est pas anodin. Par pudeur, se demande D. Schneidermann? ça me paraît léger. En tous cas, c'est Daniel qui a choisi l'illustration de la brouette de billet. Rien de tel dans le billet original, ni même la moindre allusion à l'inflation comme conséquence final, pourquoi? Est-ce trop évident? Vraiment bizarre...
Par ailleurs, il me semble que l'article aurait dû être en rose, et pas en bleu. On est pas dans un article objectif là. -
joelle lanteri
sans oublié les dégats collatéraux qui nous entrainent vers des conflits armés -
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Gamma gt
Beaucoup de bruit et de prédictions hasardeuses.
La montagne qui va accoucher d'une souris,
sauf pour les "pauvres et consorts"
On meurt du "crabe" souvent, mais lentement, et on en chie !
grâce (amen) à l'acharnement [s]thérapeutique[/s] capitaliste...
Nous allons en baver longuement, sans chance de survie.
Pendant quelques années encore, puis une nouvelle dictature libérale triomphante va naître.
tsoin tsoin
gamma -
JIEM 92
Bonjour
Mais si l'Allemagne sort de l'euro, yaura plus de sommet Merkel-Sarkozy !!!
Ben mince alors, que vont devenir nos médias, y z'auront plus rien à dire. -
sylvain
Tiens des financiers qui parient sur la chute de l'euro...
http://www.channel4.com/news/catch-up/display/playlistref/150811/clipid/150811_euro -
Ptilou
Il n'y aura pas de "création monétaire" puisque tout le monde connait les tenants et aboutissants de cette mesure.
Il y aura pour l'Europe, et il y a, exactement comme ce que fait la FED : une structure qui rachète des actifs (pourris, mais chuttt!) en échange de prêts à taux préférentiels.
Typiquement, ce que doit devenir le FESF à terme...
RAS. Lordon peut se rendormir sur ses illusions. -
Al Ceste
Si j’ai bien lu, Lordon nous annonce la mort de l’ultra-libéralisme. Mmmm… elle risque d’être aussi rapide que la chute de Kadhafi annoncée par Juppé (non, moins).
Et si elle arrive, ce sera après celle des peuples qu’il opprime. On voit bien que la crise actuelle, avant de sonner cette mort, annonce avec les fameuses restrictions budgétaires celles des services publics, des pauvres qu’ils travaillent où qu’ils chôment, des retraités, des vieux.
Que cette crise est, pour Mr et Mme MEDEF-CAC40, une divine surprise comme l’ont été les attentats du 11 septembre pour la Busherie -
Yohm
Le mot du jour:
"Apocatastase"
J'aime ce mot et croit que ce que Lordon prédit est une évidence. Tout tend à l'apocastase.