Concessions Obama : Libé papier contre blog Libé

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Chercher les vainqueurs et les perdants de l'accord trouvé entre démocrates et républicains sur le relèvement du plafond de la dette américaine n'est pas chose facile. A Libération, la même journalistese contredit entre un article insistant sur les concessions d'Obama à la droite et un billet sur son blog, intitulé le "grand bluff de la dette américaine", qui présente ces concessions comme largement virtuelles.

"Cette fois-ci encore, le Président a joué la carte de la «raison» et de la «modération»" écrit Lorraine Millot dans Libération. Et la journaliste, qui donne largement la parole à l'économiste keynesien Paul Krugman, insiste sur les réactions négatives de la gauche. "La gauche du parti démocrate dénonce une «capitulation devant le Tea Party»: des coupes budgétaires à la hache et pas la moindre hausse d’impôts" relate Libé, sans véritablement contredire cette réaction dans l'article. Citant un économiste, Libé écrit: "S’il est vraiment appliqué sur dix ans, comme prévu, cet accord entraînera en revanche une réduction très notable des dépenses du gouvernement, ce qui aura des conséquences sociales importantes."

Mais l'accord sera-t-il vraiment aplliqué ? Sur son blog, la journaliste n'hésite pas à parler de "grand bluff". Elle précise que "le compromis prévoit des coupes très progressives, modestes dans l’immédiat, pour devenir de plus en plus saignantes d’ici 10 ans". En revanche, ce "sauvetage" serait selon elle un grand bluff car "rien ne garantit bien sûr qu’elles seront appliquées par les prochaines administrations". Et de souligner que seules 25 milliards de coupes sont "sûres et certaines d’entrer en vigueur d’ici la fin du mandat de ce Congrès, en décembre 2012".

Rien n'augure que les économies restantes seront mises en œuvre, la décision finale revenant à un "« Joint Select Comittee », petit comité de 12 élus (3 sénateurs démocrates, 3 sénateurs républicains, 3 représentants démocrates, 3 représentants républicains), chargé d’ici le 23 novembre de proposer 1500 milliards d’économies supplémentaires (sur 10 ans là encore). S’il se met d’accord, le comité pourra décider de coupes supplémentaires dès 2012. Mais il semble à ce jour peu probable que le comité puisse s'entendre d'ici l'automne sur un nouveau plan d'économies drastiques. Dans ce cas, la « sanction » sera 1200 milliards de coupes automatiques… qui n’entreront pas en vigueur avant 2013. Et que le prochain Congrès pourra donc bien sûr revisiter à sa guise" fait encore remarquer la correspondante de Libération à Washington sur son blog.

Dans une cacophonie générale de commentaires qui peinent à déterminer si les concessions d'Obama aux Républicains sont essentiellement réelles ou virtuelles, Libé répond ainsi: les deux !

(Par David Courbet)

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