Compte japonais de Chirac : Le Monde démonte la "rumeur"

Dan Israel - - 0 commentaires

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Fin de partie pour les théories sur l'existence d'un "compte japonais" de Jacques Chirac.

C'est manifestement l'effet qu'a voulu provoquer Le Monde dans un article publié hier. Gérard Davet et Fabrice Lhomme, investigateurs maison, y reviennent sur "la vraie histoire du faux compte japonais" de Chirac, en expliquant comment a prospéré, au cours des dix dernières années, la "rumeur" de ce compte en banque, censément détenu par l'ancien président à la Tokyo Sowa Bank et crédité de 45 millions d'euros, .

Le résumé que fait Le Monde de cette affaire, largement traitée par Le Canard enchaîné, et qui a fait l'objet d'un livre cosigné par Nicolas beau (ex-Canard) et Olivier Toscer (Nouvel Observateur) est brutal : "Une poignée de journalistes nippons disent avoir lu un jour un article sur le compte Chirac dans un journal à sensation, parlent de cette rumeur à un informateur de la DGSE, qui en fait état des années plus tard à son officier traitant, qui rapporte enfin la pseudo-information à Paris. Pas de recoupement, aucune vérification..."

Le quotidien a consulté une vingtaine d'auditions d'ex-agents secrets français, menées en 2010 et 2011 "par un magistrat têtu, en poste au tribunal de Papeete, à Tahiti". Le juge "veut explorer toutes les hypothèses liées à son enquête sur la disparition inexpliquée, en 1997, du journaliste Jean-Pascal Couraud (JPK), qui pourrait avoir été assassiné. (…) L'une des hypothèses d'enquête est que Jean-Pascal Couraud se serait un peu trop intéressé aux liens unissant le tout-puissant sénateur Gaston Flosse à son ami Jacques Chirac. Relations financières qui auraient pu, selon le juge, passer par une banque japonaise."

Tout commence le 11 novembre 1996, avec "un banal message expédié par le chef de poste de la DGSE au Japon", qui "fait mention d'un hypothétique compte détenu par le président de la République, depuis 1992, à la Tokyo Sowa Bank". Chirac a toujours contesté l'existence de ce compte. Le chef de poste en question a indiqué au juge que c'est un contact qui lui a mentionné cette histoire. "Il m'a dit qu'il ne voulait plus travailler sur cette question et qu'il craignait pour sa vie", assure le chef de poste. Le Monde ne commente pas particulièrement cette dernière phrase, et préfère insister sur le fait que la source n'aurait évoqué comme base de ses affirmations qu'un article de presse, qui n'a jamais été retrouvé.

L'article indique aussi que la note de la DGSE aurait pu passer inaperçue, si "le capitaine Bernard Coquart, chef du bureau messages à la DGSE de 1996 à 1999, n'avait décidé de jouer les justiciers". Coquart assure que selon lui, la DGSE enquêtait sur le dossier, en la personne de Gilbert Flam, un magistrat classé à gauche, détaché à la DGSE pour lutter contre la criminalité organisée. Coquart le soupçonne de chercher à rassembler des informations gênantes contre Chirac, et alerte Bernard Pons, ex-ministre proche de Chirac. C'est là que la machine se serait enclenchée, d'autres responsables des services secrets étant alors chargés de vérifier si la DGSE avait bel et bien enquêté sur ce fameux compte. Selon Le Monde, la réponse est non.

Sur ce dossier où s'affrontent depuis des années des journalistes d'investigation, nous avions interrogé sur notre plateau en 2008 Nicolas Beau, pour qui le compte a bel et bien existé.

pictoRegardez comment il parlait de son enquête et de l'effet produit au Canard Enchaînépar ses certitudes.

Interrogé aujourd'hui par @si, Beau indique que l'article du Monde, "peu précis sur les faits", ne le fait en rien changer d'avis.

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