Comptage manifs : médias moins généreux... que la police

Dan Israel - - 0 commentaires

Dans trois villes de France, des journalistes ont mis hier en pratique la même idée : compter de leur côté, indépendamment des syndicats et des policiers, le nombre de manifestants. Et à Paris, Marseille et Saint-Etienne, les résultats se ressemblent. Les journalistes ont compté moins de manifestants que les syndicats… mais aussi que la police !

Fastidieux exercice. Et pourtant. Mediapart à Paris, l'AFP, la Chaîne Marseille, France Bleu à Marseille et le Progrès à Saint-Etienne ont tous eu la même idée. Au lieu de subir les écarts de comptage, traditionnellement très différents selon les sources, autant compter soi-même.

A Mediapart (accès payant), "huit membres de l'équipe se sont portés volontaires pour cet exercice" : "A l'aide de compteurs à main, ces «clics-clics» utilisés par exemple dans les avions pour compter les passagers (on en trouve facilement sur internet au prix de 11 euros, nous en avons acheté six), nous avons compté les manifestants quasiment un par un. Plus exactement, par grappes de cinq." Résultat : alors que les syndicats annoncent 330 000 personnes dans les cortèges et que la police en dénombre 89 000, la rédaction arrive péniblement à 76 000 manifestants ! " Notre estimation nous a nous-mêmes surpris", indique la rédaction, qui a refait plusieurs fois ses calculs.

A Marseille, le sujet est très délicat. Pour la quatrième fois consécutive, la préfecture a estimé les manifestants à un nombre presque dix fois inférieur à celui des syndicats : 24 500 contre 230 000. Pour trancher, six journalistes des trois rédactions se sont donc postés en deux groupes. "Résultat : une estimation comprise entre 16.860 et 21.690 manifestants, qui ne saurait constituer un chiffre-référence, étant donné le caractère inédit et totalement expérimental de l'entreprise." Les journalistes donnent donc plutôt raison à la police (La Chaîne Marseille a d'ailleurs expliqué la méthode dans un reportage), alors que le jour même, un syndicat policier local, Unité SGP Police/Force Ouvrière, affirmait que "la direction départementale de la sécurité publique des Bouches-du-Rhône s'épuise à dévaloriser le nombre des manifestants".

La différence la moins grande avec l'une des deux estimations "officielles" est à chercher à Saint-Etienne, où le Progrès a compté 11 300 personnes, contre 11 500 pour la police, mais 48 000 pour les syndicats.

Mais quels que soient leurs résultats et les méthodes employées, tous les journalistes concluent à la très grande difficulté d'obtenir un décompte précis et fiable.

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