Comptage identité : France Télévisions brouille les cartes
La rédaction - - 0 commentairesHier soir, nous annoncions la diffusion prochaine par France Télévisions de la liste de toutes les émissions politiques du service public depuis septembre 2009. Promise par Patrice Duhamel, directeur des antennes, et disponible sur le site de France Télévisions dans l'après-midi (où nous ne l'avions pas vue, honte sur nous !), elle devait servir à contredire le désormais fameux "6 sur 9" de Vincent Peillon.
Le député européen affirme en effet que 6 émissions politiques sur 9 de France 2 entre octobre 2009 et janvier 2010 ont été consacrées en partie ou en totalité au débat sur l'identité nationale. Ces chiffres sont contestés par la direction de France 2, qui, dans une tribune publiée dans le Monde du 25 janvier, parle de "mensonges" et de "contre-vérités". Le comptage réalisé par @si n'ayant pas suffi, France Télévisions se veut transparente. Mais la liste diffusée par France Télévisions, que vous pouvez trouver ici, noie le poisson : elle recense toutes les émissions politiques de l'ensemble du service public (alors que Peillon se limite à France 2), et fait démarrer son comptage à partir de septembre (alors que le débat sur l'identité nationale a été lancé le 25 octobre, par Eric Besson, sur le plateau de RTL-LCI). France Télévisions brouille donc les cartes.
À ceux qui se demanderait encore si "l'information télévisée proposée par le service public est libre de toute intervention élyséenne", Jacques Merlino, ancien rédacteur en chef de France 2, répond, dans Le Monde du 27 janvier, que "la réponse est bien évidemment non ! [...] Je peux affirmer que ce contrôle est totalement intériorisé par les journalistes, qu'ils vivent avec en essayant de le masquer par de l'humour et que tous ceux qui tentent de s'en affranchir vont directement à la case placard ! Qui peut nier que chaque changement politique se traduit dans le service public par un bouleversement total de l'organigramme et du choix des présentateurs ? Les faits sont là, ils sont têtus et il est regrettable qu'aucun travail sérieux de sociologue, ou de politologue, n'ait été fait sur cette question."
(Par Colin Bertier)