Combien de repreneurs pour Le Monde ?

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Le dépôt des offres pour le rachat du Monde est fixé au plus tard au 14 juin, et le choix d’une option au 30 juin. D’ici là, les incertitudes sur le futur possible du quotidien du soir restent nombreuses. Pour la première fois, le directeur du Monde, Eric Fottorino, consacre à la situation du journal un long article complet...ou presque.

Eric Fottorino, directeur du Monde, explique la situation à ses lecteurs. Revenant d’abord sur les raisons qui ont conduit le groupe à un processus de recapitalisation, il se déclare bien plus enthousiaste qu’il y deux ans. «Nous sommes confiants dans l'issue de cette opération majeure, qui permettra au Monde d'envisager de nouveaux horizons, dans le respect de ses valeurs fondatrices et armé d'une ambition intacte pour inventer son propre avenir».

Il évoque ensuite les différentes offres reçues de la part d’investisseurs «de grande qualités». S’il cite notamment (outre le groupe espagnol Prisa, le groupe suisse Ringier, et "une société étrangère qui ne souhaite pas officialiser sa démarche") Claude Perdriel, le patron et fondateur du Nouvel Observateur, Fottorino ne mentionne pas le récent pas en arrière de celui-ci, depuis qu'il a examiné en détail les comptes de l'entreprise. Car les besoins de financement du Monde ne seraient pas de 60 millions d’euros, comme officiellement annoncé, mais plutôt de l’ordre de 80 à 100 millions. «Nous n’avons pas les moyens ni le souhait d’y aller seul, explique Perdriel dans Libération de ce jour, et nous cherchons des associés à hauteur de 30 à 40% avec lesquels nous pourrions nous entendre ». Certains voient comme associé probable du français le groupe italien Espresso ou l’espagnol Prisa. Mais ceux-ci pourraient également vouloir faire cavalier seul.

picto Fottorino, directeur du Monde, déclarait dans le Journal du Dimanche, que son groupe était "à nouveau une opportunité pour les investisseurs". Oui, mais combien en sont vraiment convaincus ?

La proposition actuellement la plus solide reste celle du trio composé de Pierre Bergé, homme d'affaires et mécène (déjà actionnaire de Libération), Matthieu Pigasse, banquier chez Lazard frères, réputé proche de Dominique Strauss-Kahn, et propriétaire du magazine Les Inrockuptibles, et Xavier Niel, le fondateur d’Iliad, maison mère du fournisseur d'accès Free. Associés à parts égales, ils ont déposé une offre officielle, se déclarant prêts à investir entre 80 et 100 millions d’euros."«Nous nous donnons cinq ans pour mettre en œuvre le projet industriel. Notre action recherche l'efficacité : nous proposons de rationaliser l'organisation capitalistique du groupe en mettant fin à la cascade actuelle de holding afin d'assurer une unité de gestion de groupe ». 

Dernier prétendant, évoqué par Les Echos et Fottorino, le groupe suisse Ringier. «Nous regardons toutes les opportunités sur le marché de la presse, et nous sommes historiquement partenaires du «Monde» à travers le quotidien suisse en langue française «Le Temps», dont nous détenons 47%, et «Le Monde» 2%. Nous allons étudier le dossier de manière professionnelle, et déciderons d'ici quelques jours de l'opportunité de faire une offre» annonçait le président de Ringier France, Jean-Clément Texier. Spécialiste médias du Point, Emmanuel Berretta se dit cependant aujourd'hui "sans nouvelles" du groupe suisse, pas davantage que de l'industriel italien Carlo de Benedetti, dont le nom a aussi été évoqué.

A ce stade, aucun des repreneurs évoqués n'a dévoilé publiquement une quelconque stratégie, pour regagner de la publicité, et retrouver des lecteurs payants.

(Par Sandrine Magne)

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