Climatosceptique et... financé par les industriels du pétrole et du charbon

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Dans le viseur de l'association Greenpeace depuis des années, Willie Soon se retrouve aujourd'hui accusé de conflit d'intérêts. Depuis 2008, le célèbre (et influent) climatosceptique a publié au moins 11 articles sans jamais faire mention de ses liens avec... l'industrie des énergies fossiles.

Wei-Hock Soon, de son vrai nom, est un célèbre climatosceptique américain. Depuis des années, l'astrophysicien défend l'idée que le soleil serait à l'origine du réchauffement climatique et non l'activité humaine, comme le prétend la grande majorité des chercheurs. Et Soon sait se faire entendre : conférences, articles dans les revues scientifiques, plateaux télévisés, le chercheur a même été amené à témoigner devant le Congrès américain. Problème : comme le révèle aujourd'hui Greenpeace, l'astrophysicien a accepté, au cours de la dernière décennie plus d'un million d'euros, versés par des lobbys industriels. Et au moins onze articles ont été publiés depuis 2008 sans faire mention de ses liens avec l'industrie des énergies fossiles, dont huit en violation évidente avec les règles éthiques des publications qui ont accueilli ses articles.

Un exemple ? Le 11 novembre 2014, la revue académique chinoise Science Bulletin publie un article de Soon et de trois autres signataires, qui critiquaient alors la méthodologie utilisée par les climatologues des Nations Unies pour estimer l'évolution des températures, avant de conclure que les menaces de réchauffement climatique étaient largement exagérées. A la fin de cet article, les quatre signataires affirment n'avoir aucun conflit d'intérêts dans le cadre de cette publication, comme le Science Bulletin l'impose à tous les auteurs. Ce n'est visiblement pas tout à fait vrai dans le cas de Soon. Comment Greenpeace, en collaboration avec le Climate Investigations Center, a-t-elle pu obtenir ces informations ? En faisant jouer la loi américaine sur la liberté de l'information (Freedom of Information, FOIA), qui oblige les agences fédérales à transmettre leurs documents à quiconque en fait la demande (et le Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics, qui regroupe 300 chercheurs dont Soon, est une agence gouvernementale).

Ce n'est pas la première fois que Soon et ses travaux font polémique. Dès 2003, et la publication d'un article dans le magazine Climate Research où Soon écrivait que "Le 20ème siècle n'est certainement pas le siècle le plus chaud", plusieurs scientifiques étaient montés au créneau pour dénoncer les liens entre Soon et l'American Petroleum Institute, qui avait financé une partie de ses travaux (à hauteur de 53 000 dollars). En 2011, Greenpeace avait également publié une première salve de documents, attestant du fait que Soon avait reçu près d'un million de dollars de la part d'industriels du pétrole et du charbon depuis 2001. L'American Petroleum Institute et Exxon Mobile étaient alors les deux plus gros donateurs. En 2013, au cours d'une conférence dans le Wisconsin, Soon s'était exprimé à ce sujet : "J'écris des propositions. Je les laisse décider s'ils veulent me financer ou pas. S'ils choisissent de me financer, je suis heureux de recevoir ces dons mais je ne serais jamais motivé par l'argent".

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