Chypre / Eurogroup : bataille de com

Anne-Sophie Jacques - - 0 commentaires

Qui est à l'origine de la taxe sur tous les dépôts bancaires retoquée par le Parlement chypriote hier ? Bruxelles ou Nicosie ? A Bruxelles, on assure que c’est le ministre des finances chypriote qui a plaidé pour une taxe sur tous les dépôts. A Nicosie, au contraire, le président dénonce la pression exercé par l’Eurogroupe.

Adieu taxe sur les dépôts bancaires… Comme nous le racontions ici, le plan de sauvetage négocié entre Bruxelles et Nicosie vendredi dernier pour sauver l’île d’une probable faillite prévoyait la mise en place d’une taxe de 6,75% pour les comptes de moins de 100 000 euros, de 9,9% au-delà.

La discussion au Parlement chypriote initialement prévue dimanche a finalement eu lieu mardi et, entretemps, l’accord a été amendé pour que soient exonérés les dépôts de moins de 20 000 euros. Mais le mal était fait: l’idée de taxer tous les comptes chypriotes a été très mal reçue par la population.

De fait, mardi, l’accord a fait un bide total puisque aucun député n’a voté pour. Trente-six ont voté contre et dix-neuf se sont abstenus, tous du parti du président de droite Nicos Anastasiades.

Mais qui donc a imposé une taxe sur tous les dépôts bancaires fatalement impopulaire ? Dimanche, dans son discours devant la population, le président semble dire qu’il n’a pas eu le choix et assure qu’il "continuait de se battre afin que l'Eurogroupe amende ses décisions dans les prochaines heures pour limiter l'impact sur les petits déposants". Et lundi, raconte Jean Quatremer dans Libération, le porte-parole du gouvernement chypriote assure que "le président s’est démené pour ne pas arriver à une telle issue, qui a été imposée par ceux qui tentent de justifier leur décision".

Chypre victime et zone euro bourreau ? Le correspondant de Libération à Bruxelles n’est pas convaincu. Selon ses informations, "Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des Finances, affirme que c’est [le ministre des Finances, Michalis Sarris] qui a refusé d’exonérer les dépôts en dessous de 100 000 euros. Une version confirmée par son homologue français, Pierre Moscovici : «C’est Michalis Sarris qui a plaidé pour […] que les déposants soient assujettis à une taxe dès le premier euro."

De même, Quatremer estime que "le seul moyen de ramener la somme réclamée par les partenaires de Chypre aurait été de remonter le niveau de la taxe frappant les comptes de plus de 100 000 euros. En refusant de le faire, Nicos Anastasiades a apporté la confirmation que c’est bien lui qui s’est opposé à toute taxe supérieure à 10%. En effet, deux tiers des comptes de plus de 100 000 euros étant détenus par des non-résidents (dont une majorité de Russes, aux avoirs compris, selon les évaluations, entre 25 et 30milliards), Anastasiades craignait qu’un tel projet nuise gravement à l’attractivité fiscale de l’île".

Chypre veut-elle préserver son statut fiscal avant tout ? Réponse d'ici les prochaines heures.

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