Chine / medias : interdiction d'évoquer la "catastrophe boursière" (Financial Times)

Justine Brabant - - 0 commentaires

Occultée par la Grèce, la Chine. Tandis que les rédactions françaises sont concentrées sur les négociations sur la Grèce, la Chine connaît un gigantesque krach boursier, qui pourrait toucher le reste de l'Asie. Afin de ne pas propager la panique, le gouvernement chinois aurait interdit aux journaux de parler de "catastrophe boursière"

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"Les bourses chinoises ont reculé de plus de 30% en trois semaines, perdant l'équivalent d'une douzaine de fois le PIB de la Grèce en 2014" : France TV Info a compris que pour intéresser le public au krach boursier en Chine, rien ne valait une référence à la Grèce – dont la dette fait l'objet de négociations historiques, très suivies par les médias européens et mondiaux.

Les causes de ce krach ? "La dynamique du pays étant minée par la crise du marché immobilier, les épargnants se sont massivement reportés sur la Bourse afin de placer leurs économies – avec la bénédiction des pouvoirs publics", explique Le Monde. Mais ces épargnants, poursuit le quotidien, sont "pour beaucoup – près de 100millions de personnes – de petits porteurs (...) attirés par le mirage d’un enrichissement facile et la pratique des «appels de marge», cette technique qui consiste à emprunter auprès des courtiers pour investir et compenser ses pertes." Dopée par cette pratique, la bulle gonfle : le principal indice de la Bourse de Shanghaï a grimpé de 150% entre juillet 2014 et juin 2015. Une ascension que "rien ne justifiait" dans l'économie réelle, explique la journaliste Martine Orange de Mediapart.

Les cours commencent à chuter à la mi-juin. L'un des déclencheurs de l'explosion de la bulle : le gouvernement chinois lui-même, qui a mis en place des restrictions aux fameux "appels de marge" pour ralentir la spéculation, créant un mouvement de panique parmi ces petits investisseurs.

Les Echos titrent sur la "fin de partie" à la Bourse chinoise, le 3 juillet 2015

Afin de limiter la propagation de cette panique, le gouvernement chinois tente de jouer sur le levier médiatique : selon un journaliste chinois interrogé par le Financial Times (et cité par la journaliste de Mediapart), "le gouvernement a interdit aux journaux d’utiliser les expressions «catastrophe boursière» et «sauvetage du marché» dans leurs articles." Une interdiction dont se passent volontiers des médias francophones, qui sont nombreux depuis deux semaines à qualifier de "catastrophe boursière" la situation financière en Chine.

Recherche Google sur les termes "catastrophe boursière" + Chine, le 09/07/2015

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