Chevènement / HLM : des journalistes aussi (Ottenheimer)

Laure Daussy - - 0 commentaires


Des journalistes logés à moindre frais dans des logements sociaux de Paris...

Souvenons-nous. La rédactrice en chef de Challenges, Ghislaine Ottenheimer, était invitée hier du Petit journal, après ses propos sans concession envers Jean-Pierre Chevènement, qui refuse de quitter le HLM de la ville de Paris, qu'il occupe depuis 1983. "On a envie de lui dire, casse-toi et ferme ta gueule", a-t-elle dit sur RTL.

"Entre nous, si vous aviez un appartement à 12 euros le M2 dans le 5è arrondissement, est-ce que vous le lâcheriez" , demande Barthès. "J'ai eu l'occasion d'en avoir, et je ne l'ai pas pris", répond-elle.

"A l'époque, vous savez, tous les journalistes, .... Elle s'interrompt. "C'était facile d'obtenir un appartement sous Chirac".picto

L'affaire est déjà connue. Mais lointaine pour les jeunes générations, Chirac ayant été maire de Paris de 1977 à 1995. Rafraichissons-nous la mémoire. De quels journalistes parle-t-elle ?

Contactée par @si, Ottenheimer ne livre pas de noms plus précis. "Plusieurs journalistes, certains ne sont plus vivants aujourd'hui'. Mais certains sont encore en activité. Comme Jean-François Kahn. Une enquête de Libé de 1995, citait son nom dans la liste - non exhaustive- de personnalités bénéficiant de logements de la Mairie de Paris. "(...) l'ancien ministre Bernard Debré; Pierre Bas, maire du VIe arrondissement jusqu'en 1989; le fondateur de l'Evénement du jeudi Jean-François Kahn; deux fils de l'ancien ministre Olivier Stirn; la parentèle du maire du IIIe Jacques Dominati", écrivait Libé. Et de préciser : "L'avantage de ce type de logement, c'est que le propriétaire est arrangeant: les loyers tournent autour de 70 francs le m2, alors que dans le marché libre, et dans un tel environnement, les prix s'envolent bien au-delà de ce plancher. Avantage supplémentaire: une fois le bail signé, c'est quasiment pour la vie. Si on déménage, ce qui est rare, on peut toujours laisser l'appartement à un membre de sa famille."

Kahn s'en était expliqué sur son blog, le 25 mai 2010, alors que l'information était rappelée par le Canard enchaîné. "effectivement, j’ai, il y a 29 ans, emménagé dans un appartement dont le propriétaire était la Ville de Paris (franchement, ça ne me dérangeait nullement), après avoir accepté qu’on double le prix du loyer. (Depuis quinze ans, j’habite vers la place de la République). Et comment le sait-on? Parce que L’Evénement du Jeudi, que je dirigeais, ayant fait une enquête sur ce type de logement appartenant à la Ville, c’est moi qui ai tenu à ce qu’on indique que j’en occupais un. Et, plus tard, j’ai raconté dans un magazine de Canal +, comment je m’étais retrouvé là. Il est vrai que, compte tenu de ce que je payais, je ne voyais pas en quoi c’était plus condamnable que si j’étais locataire de la Lyonnaise des Eaux. A moins, bien sûr, que je ne sois un agent RPR, puisque ça se passait sous Chirac.."

Choquant ? "C'était une autre époque", souligne Ottenheimer. "Vous étiez un con si vous n'aviez pas un plan pour avoir un appartement par la Mairie de Paris. Il n'y avait pas de prise de conscience à l'époque." Au Petit journal, elle raconte qu'on lui en a proposé un à elle, aussi. Alors qu'elle réalisait une enquête dans les années 80, pour l'Express, sur les 60.000 personnes qui attendaient un logement social à Paris, l'adjoint au maire qu'elle interviewe lui lance : "on peut vous trouver quelque chose à la Mairie". Plus drôle encore, "Des gens m'appelaient pour me demander si je ne pouvais pas leur trouver un appartement, car ils savaient que je suivais le RPR".

Et maintenant ? "Il reste une petite dizaine de personnes qui ne devraient pas avoir de logement social", estime-t-elle.

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