Charlie : débats animés à Al-Jazeera (France 24)
La rédaction - - 0 commentairesPlusieurs mails internes de la chaîne anglophone Al-Jazeera ont fuité, comme le note France 24. Des messages qui révèlent des points de désaccord profonds entre certains journalistes occidentaux de la chaîne et leurs confrères arabes.
"Défendre la liberté d'expression face à l'oppression est une chose, revendiquer le droit d'être odieux et offensant juste parce que vous le pouvez est infantile". Salah-Aldeen Khadr, directeur de la rédaction de la chaîne anglophone d'Al-Jazeera, n'est pas le plus grand défenseur de Charlie Hebdo. Dans un mail envoyé à l'ensemble de ses journalistes, Khadr recommande d'ailleurs que cet évènement ne soit pas simplement présenté comme "une attaque contre la liberté d'expression", mais plutôt comme "un affrontement entre deux franges extrêmistes". Avant de développer : "Provoquer les extrémistes n’est pas un geste courageux, si votre manière de le faire offense des millions de gens modérés. Et dans un climat où la réponse violente - bien qu'illégitime - est un risque réel, adopter une telle posture sur un principe que pratiquement personne ne conteste est pire qu'inutile : c'est inutilement une question d'ego".
Les échanges de mail qui ont suivi, et qui ont donc fuité, révèlent des points de désaccord profonds entre certains journalistes occidentaux de la chaîne et leurs confrères arabes. Tom Ackerman, correspondant de la chaîne aux Etats-Unis, estime par exemple que cette ligne n'est pas tenable et que "les meurtriers ne peuvent pas être autorisés une seule seconde à penser que leur stratégie ait pu être la bonne". Jacky Rowland, ancienne de la BBC, correspondante à Paris a elle aussi répondu, utilisant avec ironie le hashtag #lejournalismen'estpasuncrime après le message suivant : "Bonjour à tous. Nous sommes tous AlJazeera. Un petit rappel donc".
Ce n'est pas l'avis de Mohamed Vall Salem, correspondant de la chaîne à Doha : "Si vous insultez un milliard et demi de gens, ne soyez pas surpris si un ou deux veulent vous tuer, l'insulte n'est pas du journalisme et ne pas faire convenablement du journalisme est un crime". Ni celui d'Omar Al Saleh, correspondant de la chaîne au Yemen : "Premièrement, je condamne bien évidemment cette tuerie. Mais JE NE SUIS PAS CHARLIE. LE JOURNALISME N'EST PAS UN CRIME. L'INSULTE N'EST PAS DU JOURNALISME. ET NE PAS FAIRE DU JOURNALISME CORRECTEMENT EST UN CRIME".
Polémique dans les mails internes de la chaîne Al-Jazeera mais pas seulement. L'occasion de relire notre papier : "Polémiques sur Charlie dans la presse anglo-saxonne".