Charlie à Angoulême : un prix, une place et "un con"
La rédaction - - 0 commentaires"Le maire d'Angoulême est un con". Comme prévu, dans le cadre du festival de BD d'Angoulême, un grand prix spécial a été décerné, jeudi 29 janvier, à Charlie Hebdo et aux dessinateurs assassinés. Mais loin d'être un hommage consensuel, comme a pu l'être la marche du 11 janvier, la cérémonie de remise du prix a "décoiffé", comme l'a noté la Charente Libre, avec le discours de Jean-Christophe Menu, auteur et éditeur de bandes dessinées, venu chercher le prix au nom de Charlie Hebdo.
Voilà un discours qui n'est pas passé inaperçu. Mandaté par le dessinateur Luz et la rédaction de Charlie Hebdo, Jean-Christophe Menu est venu récupérer le prix décerné au journal satirique par le festival de BD d'Angoulême. Menu ? C'est un auteur et éditeur de BD alternative (il a notamment cofondé la maison d'édition L'Association). Et à l'Hôtel de ville d'Angoulême, ce jeudi 29 janvier, il n'a pas mâché ses mots.
"Etre Charlie, c'est en avoir rien à branler. C'est ça la meilleure réponse. Je suis Charlie, ce n'est pas faire sonner Notre Dame pour des anticléricaux, Je suis Charlie, ce n'est pas transformer en héros nationaux des satiristes dont l'activité principale était de chier sur le pouvoir et toute forme d'oppression", a-t-il déclaré. Avant d'allumer le maire UMP d'Angoulême, Xavier Bonnefont, présent dans la salle, à propos des grillages posés autour des bancs contre les SDF (@si vous en parlait ici) : "Je suis Charlie, ce n'est pas un slogan, c'est Charlie qui dit au maire d'Angoulême que c'est un con. Je transmets", a lancé Menu. |
Continuant dans une tonalité très politique, Menu a ensuite déclaré que l'esprit de Charlie Hebdo, "ça pourrait être refuser le traité de libre échange transatlantique, qui va permettre à Monsanto de transformer les champs européens en désert de cailloux. Je suis Charlie, ça pourrait être enterrer le projet d'aéroport ou de barrages aussi inutiles qu'absurdes. Je suis Charlie, ça pourrait être d'arrêter de prononcer le mot de croissance, qui, tout le monde le sait, est loin derrière nous". Et Menu de poursuivre : "Je rêve de planter des carottes sur les pistes de Notre-Dame-des-Landes avec M. François Hollande, M. le maire d'Angoulême (...) et que l'on rédige ensemble des lettres d'insultes aux multinationales, au FMI et à tous les bureaucrates qui tuent la planète pour s'en foutre plein les poches. Ce jour-là, oui, nous pourrons dire ensemble Je suis Charlie".
Ecoutez son discours, mis en ligne par France inter :
Interrogé à l'issue de son discours, Menu s'est justifié : "C'est Luz qui m'a demandé [de venir chercher ce prix]. Il m'a dit: 'sois toi et tu seras nous. Démerde toi'. J'en ai pas dormi pendant trois jours". L'insulte contre le maire d'Angoulême ? "C'est encore Luz qui m'a dit: n'oublie pas de parler des bancs. Le maire est venu me serrer la main après".
Tout est pardonné ? Trois jours après ce discours, une "place Charlie, pour la défense de la liberté d'expression" a été inaugurée à Angoulême en présence d'Alain Juppé et du maire de la ville, Xavier Bonnefont. Lequel a voulu temporiser : "Même si l'insulte gratuite ne fait pas partie de mon vocabulaire, politique j'entends, j'ai quand même pu partager l'esprit Charlie Hebdo avec Jean-Christophe Menu, jeudi soir à l'issue de son discours. Moi aussi en tant que maire d'Angoulême je suis Charlie ! "
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