Change.org : la pétition en ligne, une affaire qui marche (Le Monde)

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La petite industrie de la pétition en ligne se porte bien. Le Monde raconte la success-story de la plateforme de campagnes en ligne Change.org, à la croisée des chemins entre entrepreunariat de l'humanitaire et militantisme googlisé.

Des clics, des signatures, et des buzz d'élans solidaires, voilà les bonnes recettes de la start-up Change.org. Le Monde revient sur le succès de cette plateforme de campagnes en ligne, née en 2007 aux États-Unis. Lancée en France il y a trois ans, la plateforme a notamment suscité un regain d'intérêt depuis la pétition demandant la naturalisation de Lassana Bathily, le jeune Malien qui a aidé les otages de l'Hyper Cacher à se cacher. Les chiffres l'attestent, le "pétition-business" se porte bien : le site compte aujourd'hui plus de 96 millions d'utilisateurs dans le monde, parmi lesquels 4,5 millions d'utilisateurs français. Plus 35 000 nouvelles pétitions y sont déposées chaque mois, soit le double d'il y a deux ans.

Une belle réussite pour cette entreprise, "qui emploie 250 salariés dans 18 pays", et dont @si décrivait le fonctionnement en 2013. Sans toutefois être déjà rentable, précise Le Monde, la plateforme étend considérablement son utilisation via les smartphones : "Sur huit ans d'histoire en ligne, janvier 2015 représente une date pivot : les utilisateurs accédant aux pétitions par smartphones viennent de devenir majoritaires", raconte Le Monde. Le site a les moyens de faire tourner la boutique : financé par le biais de pétitions sponsorisées proposées aux signataires qui peuvent ou non en faire la promotion à travers un don, Change.org vit, pour une large part, de la philanthropie de quelques riches entreprenneurs. En décembre 2014, une vingtaine d'entrepreneurs et de dirigeants participaient à la levée de fonds à hauteur de 25 millions de dollars. Parmi ces investisseurs bien intentionnés, Bill Gates (Microsoft), Arianna Huffington (Huffington Post), Jerry Yang (Yahoo!)...

LA PETITE START-UP QUI FAIT TREMBLER LES GRANDES ENTREPRISES ?

Quel impact de cette mobilisation en ligne ? Interrogé par Le Monde, le patron de Change.org, Ben Rattray, constate : "A la naissance de la plate-forme en 2007, je pensais que les campagnes en ligne seraient principalement politiques. Mais c'est plutôt vis-à-vis des entreprises de grande consommation, plus réactives, que se sont orientées les demandes". A titre d'exemple, une campagne internationale en ligne réclamant l'indemnisation des victimes de l'effondrement des usines du Rana Plaza, au Bangladesh avait contribué à obtenir (partiellement) gain de cause : Camaïeu (mais pas Auchan) s'était officiellement engagé à le faire.

ET LES POLITIQUES ... ?

Les politiques ne sont pas toutefois en reste, souvent interpellés directement à l'occasion ces campagnes. Alors, la pétition en ligne, un outil au service de la démocratie participative promis à un bel avenir ? Cela reste encore à prouver. Des critiques s'élèvent contre cette sorte de solidarité de clics fragile et superficielle.

Toujours cité par Le Monde, le sociologue Dominique Boullier explique l'impact possible de ces pétitions : "Ce sont des indicateurs de bonne santé de la démocratie puisque cela montre que les citoyens ont envie de donner leur avis. Change.org rend visible le nombre. Mais le nombre ne signifie pas la justesse. (...) Ces actions poussent dans tous les cas les autorités à mettre leur agenda à jour". A la une de l'agenda de Change.org aujourd'hui : la demande d'une opération de l'Union Européenne pour venir en aide aux migrants, la demande d'une loi obligeant les grandes surfaces à redistribuer leurs invendus aux pauvres, et celle pour retrait du projet de loi sur l'action des services de renseignement.

(par Marie Berthomé)

L'occasion de revoir le #14h42 "La démocratie participative, de l'échelon local à l'utilisation d'Internet", avec le directeur de l'antenne française de Change.org, Benjamin des Gachons.

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