C'est pas sorcier, documentaires : Filippetti convoque Pflimlin
La rédaction - - 0 commentairesUn désaveu public. Sur RTL, la ministre de la Culture Aurélie Filippetti a taclé les derniers choix stratégiques de Rémy Pflimlin concernant France 3 et France 2.
130 millions d'euros d'économies à réaliser pour France Télévisions, qui voit baisser son budget et ses recettes publicitaires. Début décembre, plusieurs mesures de réduction des coûts de la grille ont donc été annoncées. Dès mars 2013, les secondes parties de soirée de France 3 seront supprimées au profit d’un grand Soir 3 qui durera une heure. Cette session d’information allongée se composera d’un journal national, d’un décrochage régional puis d’un débat.
Des secondes parties supprimées pour faire des économies, voilà un choix qui ne passe pas pour Aurélie Filippetti. Cette tranche était en effet dévolue jusqu'alors à la production documentaire et de fiction.
"Il y a eu une série d'annonces notamment sur des programmes, par exemple l'élargissement du journal de France 3, le Soir 3. En soi, faire passer à une heure ce journal n'est pas un problème, évidemment l'information est de qualité sur le service public, tant mieux. Simplement ça a des conséquences sur la case des documentaires et des fictions qui jouxtent le Soir 3 et ça n'a pas été visiblement anticipé", a-t-elle déploré. Et de souligner aussi la possible disparition en septembre 2013 de l'émission C'est pas sorcier, que nous évoquions ici. "Je veux que France Télévisions nous présente un plan stratégique avec des missions de service public claires en matière de soutien à la création, d'augmentation des programmes en direction des enfants et notamment les programmes éducatifs, d'information", a-t-elle ajouté. |
"France Télévisions ne peut pas toujours se retrancher derrière les difficultés budgétaires, a insisté la ministre.J'ai des interrogations sur la stratégie de France Télévisions, et c'est pourquoi j'ai demandé à voir très rapidement Rémy Pflimlin, a-t-elle indiqué. Le documentaire est aussi une obligation et une mission du service public. C'est le rôle du service public de défendre la production."
Aurélie Filippetti se fait donc la porte-parole des syndicats de producteurs qui sont montés au créneau ces derniers jours pour contester les choix de Pflimlin. Le PDG de France Télévisions les avait, en réponse, sévèrement rabroués, comme le précise Le Point. "À quoi joue Pfimlin ?", se demandait le Syndicat des producteurs indépendants (SPI) qui déplorait la suppression de "deux cases hebdomadaires de documentaires de création, et une case hebdomadaire de diffusion de films de long métrage cinématographiques." "Ces cases de seconde partie de soirée sont essentielles dans la diversité de l’offre du groupe France Télévisions et pour la création. Entre les premières parties de soirée, qui se doivent d’être très fédératrices, et les troisièmes parties de soirée sans moyen financier, c’est dans cet espace que la création parvient aujourd’hui à s’exprimer et à se renouveler", précisait le syndicat.
Pflimlin s'est défendu en retour d'être un ennemi de la création : "Je me suis engagé à préserver en 2013 l'essentiel de nos investissements dans les programmes de création audiovisuelle et cinématographique, et même la totalité de ce qui était prévu dans le documentaire. Alors que la représentation nationale envisage, malgré la situation économique, de demander aux Français une contribution supplémentaire à l'audiovisuel public [une redevance à 131 euros, NDLR], les représentants des producteurs seraient mieux inspirés de dépasser leurs intérêts particuliers au profit de l'intérêt général."
Vendredi, plusieurs syndicats (SPI, Scam, USPA), ont répliqué avec un communiqué commun : "Les acteurs de la création sont choqués d’être accusés de défendre leurs intérêts particuliers." Ils poursuivent : "Quand Rémy Pflimlin annonce unilatéralement la suppression de plusieurs cases dédiées à la création audiovisuelle et cinématographique, la question qui lui est posée par la création est celle de l’exposition des œuvres. Les auteurs et leurs producteurs souhaitent tout simplement pouvoir continuer à exposer leurs œuvres sur les antennes du Service public, dans des créneaux de diffusion qui leur permettent de rencontrer leur public, et non pas à des heures où les téléspectateurs dorment. Nous attendons une réponse de Rémy Pflimlin sur ce terrain." La guerre est déclarée.