"Ces études à la con qui nous prennent pour des connes" ( Slate.fr)

Laure Daussy - - 0 commentaires

 

Vous avez peut-être déjà lu des études comme celle-ci, publiée sur le Dailymail, qui affirme que les femmes ne savent pas lire une carte, celle-ci, qui vous explique que les envies de shopping dépendent du cycle menstruel, ou encore celle-ci, qui affirme que... la femme qui ovule marche les genoux rapprochés !

Une multitude d'études scientifiques, retranscrites dans la presse, trace le portrait de "La" femme-type, et l'enferme dans un déterminisme biologique, dénonce Slate.fr.

La journaliste Titiou Lecoq pousse un coup de gueule sur Slate.fr : "Qu’est-ce qui ressort de tout ça? Que certains de comportements de Gwendoline sont entièrement le résultat de sa biologie. Qu’on peut la mettre dans n’importe quel environnement, ça ne change rien, elle y peut rien, elle est biologiquement déterminée" (...) "Le plus inquiétant, c’est que les plupart des idées propagées par ces études sont en train de passer pour des vérités absolues." Et de rappeler la phrase d'Eric Zemmour,qui affirmait, comme une évidence : "Le pouvoir attire les femmes, c’est dans leur cerveau archaïque."

"Ces études sont fausses", affirme Lecoq. "Quand on se penche un peu plus sur ces expériences, on s’aperçoit qu’elles sont menées sur très peu d’individus." Et de prendre l'exemple de cette étude, réalisée sur des strip-teaseuses, qui affirmait que les hommes donnent plus de pourboire aux femmes en pleine ovulation "parce qu’elles leur envoient des signaux inconscients et qu’ils éprouvent le besoin de les protéger." Selon la journaliste, cette étude a été réalisée surseulement ... 18 filles. "Or, quand on refait ces expériences sur plus de mille personnes, plus aucun résultat probant n’en sort."

Ces études se fondent le plus souvent sur le fait qu'il y ait un cerveau féminin distinct du cerveau masculin, dès la naissance. "Tout cela est faux!" clame Lecoq. Et de citer la neuro-biologiste Catherine Vidal, auteure de Cerveau, sexe et pouvoir : "L’existence d’un cerveau proprement féminin impliquerait qu’il y a des choses figées dans le cerveau. Or la particularité première du cerveau, peu importe l’individu, c’est sa plasticité, c’est-à-dire précisément sa capacité à se modifier, l’inverse de quelque chose de figé." En clair, "Si c’est toujours Gwendolino qui lit la carte routière, le cerveau de Gwendoline ne développera pas cette capacité", s'amuse Lecoq.

Et de conclure : "Là où les études à la con deviennent dangereuses c’est qu’elles engendrent des stéréotypes quasi performatifs, c’est-à-dire qui ont la capacité de créer de toute pièce la réalité qu'elles ne prétendent que décrire. Si on dit à Gwendoline qu’elle est neurologiquement moins douée pour les maths, elle risque de le devenir."


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