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Oblivion
Germain, on peut retrouver en partie sur Wayback Machine les anciens forums, mais c’est laborieux.
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Germain RITAL
"ce qui va permettre de laisser le quotidien séquencé, exister à l'avenir, c'est l'attachement au papier."
Mais tout ne mérite pas d'être confié au papier. Isolant de votre très instructive émission - et, en son déroulement remarquable de sérénité - ce passage futuristement risqué, vous m'inspirez une double réflexion. Historiale la première: comme a bien permis de l'inscrire en mémoire le responsable de la MLP, la désormais survivante presse quotidienne que nous connaissons fut, avec les avancées sociales du Conseil National de la Résistance, le plus symbolique fleuron de la nouvelle - la véritable France née de la Résistance. Il se joue donc dans son destin un peu plus qu'une simple question de mode de diffusion ou - pire - de consommation d'information.
Car il y eut un temps où les journaux papiers étaient non seulement achetés, lus et partagés, mais soigneusement conservés par nombre de leurs acheteurs particuliers. Je songe notamment aux enseignants: professeurs d'histoire dont les placards furent saturés du Monde de Beuve-Méry, mais pas seulement eux: le professeur que je fus de philosophie continue de pieusement garder ce qui dans ce journal (même après Beuve-Méry!) émerge en l'actualité de ce qui a trait, fût-ce de loin ou faussement, à la pensée.
C'est que seul l'écrit fait autorité. Et le papier imprimé -livre ou journal - en est, depuis Gutenberg, le moderne support. Lequel du reste n'élimine rien de ce qui fut confié à ses prédécesseurs: de pierre ou de peaux (de parchemins). Cela va même jusqu'à, ainsi que je le fais pour ce qui le mérite, de recopier de ma main de moins et jusqu'à très longs passages imprimés: on n'a bien lu en effet que ce que l'on a pris lentement le temps de mémoriser pour l'avoir recopié (et quelques fois: plusieurs fois). Ce n'est pas un hasard si Flaubert, sous la double figure de Bouvard et Pécuchet, nous a tracé l'image de ces moines de l'ère scientiste auxquels la mémoire du monde aura été confiée. Qui est né dans un milieu illettré sait qu'il n'y na pas d'autre vraie religion, de religion vraie, que celle des celle de la lettre (je me souviens de mes grands parents ne pouvant correspondre à ceux restés "al paese" que par le truchement d'un "écrivain public").
Merci de m'avoir permis cette confession de "cuistre" comme m'appela Max Gallo (je ne connaissais alors même pas le terme) bien avant qu'Alain Korkos sur ce site de ce mot m'affubla de nouveau. Ce fut un compliment, ai-je eu du mal à l'avoir compris, comme Péguy, encore après me l'apprit. Tels les ânes les cuistres ont longue mémoire: celle qui tient à l'écrit. C'est pourquoi je ne pardonnerais pas à qui l'a commis la suppression du précédent forum d'@si. Que les "éventuels" irresponsables se le tiennent dit.