Cash / videosurveillance : Libé donne raison à Hortefeux contre Lucet

La rédaction - - 0 commentaires


Encore un échange tendu en guise de teasing.

Comme pour le clash avec Rachida Dati, le magazine Cash investigation de France 2 a mis en ligne un teaser montrant un échange musclé entre Brice Hortefeux et Elise Lucet à propos de l'inefficacité de la vidéosurveillance. "Le nombre d'agressions aux personnes augmente plus dans les villes les plus équipées de caméras de vidéosurveillance. Le nombre est de +25,8%", assure Lucet sur la base d'une étude de 2009 effectuée par le ministère de l'Intérieur, les services de police et de gendarmerie.

De quoi mettre à mal la thèse de Hortefeux qui assure, au contraire, que la délinquance diminue deux fois plus vite dans les communes équipées de vidéosurveillance. Et sous le feu des questions de la journaliste, Hortefeux finit par s'agacer en mettant en doute cette lecture des statistiques : "Il manque des éléments, je le démens catégoriquement. Malheureusement, je n'ai pas tous les rapports sous ma poche trois ans après mais je me souviens très précisément que là où il y a une densité de caméra, il y a une diminution de la délinquance".


Qui a raison ? Libéa retrouvé le rapport en question qui porte sur la période 2000-2008. Le chiffre cité par Lucet figure en page 11 : les atteintes aux personnes ont bien augmenté de 25,8% dans les villes ayant la plus forte densité de caméras (supérieure à une caméra pour 1 000 habitants). Sauf qu'on ne peut pas en conclure que les agressions augmentent plus vite dans ces villes que dans les autres. Car lorsqu'on regarde les statistiques des villes ayant moins de caméras (dont la densité est de une caméra pour plus de 2000 habitants), l'augmentation des atteintes aux personnes est encore plus forte : +44,8%.

Surtout, ce chiffre n'invalide pas l'affirmation de Hortefeux selon laquelle "la délinquance diminue deux fois plus vite dans les communes équipées de vidéosurveillance". Un autre tableau montre que dans les villes dépendant de la zone police et qui n'ont pas de vidéosurveillance, les atteintes aux personnes ont agumenté de 40,5%. Cette hausse n'est "que" de 24,1% dans les villes équipées de caméras. Même constat en zone gendarmerie : +64,7% d'atteintes aux personnes dans les villes sans caméra, +27% dans les villes équipées de caméra. Deux fois moins avec caméra. Précisément ce que dit Hortefeux.

Conclusion de Libé : "Opposer des faits aux affirmations des politiques est assurément un des grands défis dans l’interview politique. A condition que les journalistes n’empruntent pas aux politiques leur rouerie et leur vilaine manie de piocher dans un rapport le seul chiffre qui les arrange".

Lire sur arretsurimages.net.