Canal+ : la charte d'indépendance retrouvée

Sébastien Rochat - - 0 commentaires

Finalement, on a retrouvé la charte fantôme.

Annexée à la convention du CSA entre 2002 et 2005, la "charte Canal+" garantissait l'indépendance éditoriale de la chaîne par rapport à son actionnaire, Vivendi. Pour des raisons inconnues, elle avait été retirée il y a dix ans des annexes de la convention. Un retrait qui ne s'était pas accompagné du rétablissement, dans la convention de Canal, de l'article garantissant l'indépendance de l'information vis-à-vis de l'actionnaire (un garde fou présent dans les autres conventions, notamment celles de TF1 et M6).

Ces derniers jours, personne au CSA n'était capable de nous dire où était passée cette fameuse charte disparue en 2005. Une source interne à Canal+ en avait finalement gardé un exemplaire. Que dit ce texte ? D'abord que Vivendi entendait préserver "l'intégrité et l'unité de Canal+". Et sa spécificité éditoriale : "La création et le talent de ses hommes et de ses femmes sont le premier actif de Canal+. Ils sont reconnus et soutenus. Gage de qualité et du succès de ses équipes comme des programmes, la liberté éditoriale de Canal+ (choix des sujets, traitement de l'information...) en matière de télévision, de cinéma ou d'internet est assurée en toutes circonstances", peut-on lire dans ce document de 4 pages (lien PDF).

Concrètement, le texte daté de juillet 2000 précise qu'une "charte éditoriale sera mise en place, selon les principes suivants, et sous l'autorité de Pierre Lescure". Il y est question de l'indépendance vis-à-vis de tout pouvoir, de la liberté de traiter tous les sujets "à caractère économique, social ou financier" et que la rédaction "se doit de refuser toute pression ou directive d'où qu'elles viennent qui pourraient porter atteinte à son indépendance éditoriale" :

La charte définit également les relations entre Vivendi et Canal+, et réaffirme la nécessité de préserver l'identité de la chaîne : "La force de Canal+ pour Vivendi-Universal réside aussi dans son identité, dans ses spécificités : liberté de ton, qualité éditoriale, respect et fidélisation de l'abonné". Et au cas où le lecteur de cette charte n'aurait pas compris l'enjeu, le texte se conclut en des termes quasiment identiques : "Ces principes permettent de concilier l'autonomie de Canal+ et son appartenance au groupe Vivendi Universal. Création, liberté éditoriale et spécificités du groupe Canal+ seront préservées au sein d'un projet plus vaste, celui de Vivendi Universal auquel Canal+ s'associe avec enthousiasme". Les temps ont bien changé avec l'arrivée de Bolloré, qui doit être entendu par le CSA ce jeudi 24 septembre.  

Pour bien comprendre l'histoire cette charte, relisez notre enquête.

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