Canada : une pub contre l'enseignement du genre
Gilles Klein - - 0 commentairesFace à la polémique déclenchée par la publication d'une page de publicité dénonçant l'enseignement du genre dans les écoles de l'état de l'Ontario (Canada), le quotidien National Post présente ses excuses à ses lecteurs, et décide de ne pas rediffuser cette annonce.
"S'il vous plaît ! Ne m'embrouillez pas !", indiquait la page de publicité payée fin deptembre par l'Institute for Canadian Values, groupe catholique évangélique classé à droite. La pub interpellait Dalton McGuinty, le Premier ministre de l'Etat de l'Ontario, et d'autres hommes politiques, dans le cadre de la campagne pour les élections législatives du 6 octobre. "Ne m'apprenez pas à me demander si je suis un garçon, un transexuel, un transgenre, un intersexué" dit, entre autres, l'annonce qui critique le contenu d'un manuel du Toronto District School Board destiné aux professeurs, en en citant des extraits. L'annonce demande que les parents puissent exiger que leurs enfants n'assistent pas aux cours qui abordent ce sujet. Publicité dans le National Postle du 24 septembre La publicité invite aussi les lecteurs à signer une pétition sur le site StopCorruptingChildren.ca. |
La publicité a naturellement provoqué l'indignation de plusieurs associations, qui dénoncent son caractère homophobe ou transphobe. Parmi les réactions, on trouve des annonces qui reprennent la même présentation que celle de l'Institute for Canadian Values :
"S'il vous plaît ! Ne m'insultez pas. Je m'appelle Chase. Apprenez-moi à me poser des questions sur tout, particulièrement sur le fait que transexuel, transgenre, intersexué figurent parmi mes choix." Ou : "S'il vous plaît ! Ne me faites pas de mal. Je suis un enfant, ne m'apprenez pas à me haïr moi-même ou les autres parce qu'ils sont transexuels, transgenres, intersexués, homosexuels, gays, lesbiennes, ou bisexuels."
Par ailleurs, le coordinateur du programme scolaire de prévention des violences motivées par le genre sexuel répond que le guide anti-homophobie cité par la publicité publiée dans le National Post n'est pas un livre de cours. Il ne figure pas au programme, mais peut être utilisé par les professeurs après un incident sexiste ou homophobe.
"Le National Post a mis en place des procédures pour filtrer les publicités, particulièrement quand elles défendent une cause particulière." Ces procédures sont destinées à s'assurer que leur contenu alimente de manière constructive un débat sur des sujets de société, explique le journal. "Nous considérons que des points de vues qui ne sont pas populaires ne doivent pas être censurés sous prétexte qu'il peuvent perturber ou choquer certains lecteurs", assure le journal. Mais "dans ce cas, ces procédures n'ont pas été suivies. La publication de cette publicité sous cette forme n'aurait pas dû être acceptée." |
"Là où cette publicité a dépassé les limites, c'est dans son style et dans l'exploitation de l'image d'une petite fille, en suggérant qu'un enseignement pouvait la corrompre, avec tout ce que ce mot implique, et en s'en prenant à des groupes de personnes dont les auteurs de l'annonce désapprouvent la sexualité."
"Le National Post présente ses excuses sans réserve, à toute personne qui s'est sentie offensée par cette annonce. (...) Le Post versera à une association qui défend les droits des lesbiennes, des gays, des bi-sexuels et des transgenres le montant reçu pour la publication de cette annonce."
Pour comprendre les enjeux de ce débat, retrouvez notre émission qui opère un "Arrêt sur manuels de SVT" : les manuels de 1ere ES et L et l'enseignement du genre passés à la loupe.