Cahuzac : passes d'armes entre journalistes
La rédaction - - 0 commentairesLe nouveau rebondissement de l'affaire Cahuzac a donné lieu à une énième passe d'armes entre Jean-Michel Aphatie et Edwy Plenel au Grand journal. Avec toujours le même reproche, dans la bouche d'Aphatie : où sont les preuves ? Des doutes également exprimés en début de semaine par Hervé Gattegno dans sa chronique sur RMC, entrainant un règlement de comptes entre journalistes d'investigation sur twitter.
Où sont les preuves ? Venu défendre à nouveau l'enquête de Mediapart sur l'affaire Cahuzac, Edwy Plenel a eu beau répéter que "la justice ne déclenche pas une enquête pour blanchiment de fraude fiscale sans qu'il y ait des éléments sur la table", Michel Denisot et Jean-Michel Aphatie ont insisté. "Tout est sous vos yeux ! Monsieur Aphatie, vous ne savez plus ce qu'est le journalisme d'enquête", s'est agacé Plenel. Et Denisot de venir à la rescousse d'Aphatie : "Faut pas exagérer, vous n'avez pas le monopole du journalisme d'enquête". Dialogue de sourds sur Canal + |
Gattegno/Arfi, l'autre match
Un peu plus tôt dans la journée, un autre journaliste, Hervé Gattegno, s'en était également pris à Mediapart.
Passé par Le Monde, puis Le Point, avant de rejoindre le Vanity Fair français, Gattegno - ancien proche d'Edwy Plenel au Monde - a exprimé son scepticisme dans sa chronique sur RMC, reprise par Lepoint.fr, quant aux preuves de Mediapart : "Jusqu'ici, on a vu au moins autant d'insinuation que d'investigation, assure Gattegno. L'accusation n'est fondée que sur ce fameux enregistrement troublant, bizarre, dont on sait qu'il vient d'un opposant politique local de Jérôme Cahuzac (qui a pourtant d'abord juré le contraire... et qui l'a gardé dix ans chez un notaire !). Rien de tout cela n'est glorieux. Pour tout dire, il s'en dégage même un certain malaise". Leçon de Gattegno à Mediapart |
Réplique d'Arfi sur twitter :
Le journaliste de Mediapart rappelle ainsi les "casseroles" de Gattegno en revoyant vers deux liens (ici et ici). En 2005, Gattegno avait écrit un article dans Le Monde sur un marchand d'armes libanais, Iskandar Safa, qui avait lui-même payé le voyage de Gattegno pour faire cet article. Un moyen d'acheter le journaliste ? Entendu dans le cadre d'une enquête sur Safa, Gattegno avait été contraint de s'expliquer sur les conditions du voyage. Et d'après les extraits du procès-verbal, publiés et commentés en 2007 par Bakchich, l'audition de Gattegno avait pris la tournure d'un cours de déontologie : "Se faire payer un voyage par le sujet principal de l’article, cela ne vous pose-t-il pas un problème éthique ?", remarque l'enquêteur. Réponse du journaliste : "Non, aucun. Et vous n’êtes pas qualifiés pour juger". Et Bakchich d'en rajouter une louche, en citant la suite de l'audition : "Le limier qui l’interroge reste dubitatif. « Qu’en dit la charte de déontologie de votre journal ? », demande-t-il. « Je ne sais pas », avoue un Gattegno tout penaud".
Et pour tout savoir sur le fond de l'affaire Cahuzac, lisez notre article sur ce que change (ou pas) l'enquête préliminaire.