Cahuzac : Moscovici, le ministre qui doutait...sans doute

Sébastien Rochat - - 0 commentaires


Les auditions touchent à leur fin. Mardi 16 juillet, trois ministres étaient entendus par la commission d'enquête parlementaire mise en place pour déterminer s'il y a eu un dysfonctionnement dans la gestion de l'affaire Cahuzac. Christiane Taubira, Manuel Valls et Pierre Moscovici ont estimé que tout avait été fait dans les règles. Des trois ministres auditionnés, c'est surtout le ministre de l'Economie qui a été le plus mis en difficulté.



Jérôme Cahuzac était son ministre délégué. L'audition du ministre de l'économie, Pierre Moscovici, était donc très attendue par les membres de la commission d'enquête parlementaire. Et ce d'autant plus qu'en février 2013, quand la demande d'entraide administrative a conclu à l'absence de compte suisse, Moscovici avait répondu sur France inter qu'en lançant cette procédure, il n’avait "pas eu de doute sur le résultat". Pas de doute ? Six mois plus tard, le ministre de l'Economie a finalement justifié sa démarche en la théorisant sous le terme de "doute méthodique" : en tant que collègue, il faisait confiance à Cahuzac, et dans le même temps, il était prêt à tout faire pour connaître la vérité. Une position difficile à comprendre comme le lui a souligné le président de la commission d'enquête, Charles de Courson : "Monsieur le ministre, vous maniez le paradoxe. Vous ne pouvez pas dire que vous utilisez le principe du doute méthodique tout en faisant confiance. Le doute, c'est douter".

Autre moment clé dans cette audition : l'existence d'une réunion mi-janvier à l'Elysée entre François Hollande, Jean-Marc Ayrault, Pierre Moscovici et Jérôme Cahuzac avec pour objet la décision de solliciter l'entraide administrative auprès des suisses. C'est une journaliste du Point, Charlotte Chaffanjon, qui a révélé l'existence de cette réunion dans son livre intitulé Les Yeux dans les yeux (Plon). Une telle réunion, contraire au principe de la fameuse muraille de Chine censée tenir à distance Jérôme Cahuzac de la gestion de cette affaire, a-t-elle bien eu lieu ? Oui. Mais Moscovici a tenté d'en atténuer l'importance : "C'est moi qui en ai fait la proposition, sur proposition de Bruno Bézard, au président et au premier ministre, et ils en ont accepté le principe. Il y a eu, non pas une réunion, mais quelques mots dans la salle à côté du conseil des ministres, où Jérôme Cahuzac a été informé du lancement de la procédure", a-t-il déclaré.

Sauf que Cahuzac avait assuré, devant la commission d'enquête, à propos de cette demande d'entraide qui l'a provisoirement blanchi, n'en avoir jamais été informé : "M. Pierre Moscovici ne m'a jamais informé de cette procédure, a fortiori, il ne m'a pas communiqué les termes de la demande formulée par l'administration française à son homologue helvétique". Une déclaration effectuée sous serment le 26 juin.

Face à ce récit contradictoire, Moscovici a insisté sur le fait que Cahuzac avait été informé du "principe de la procédure" mais pas de "la procédure elle-même, de sa conduite, de la rédaction de la question, et de la réponse". Et le président de la commission d'enfoncer le clou : "Vous pensez que Jérôme Cahuzac a menti dans sa réponse à la commission ?"

De quoi susciter un léger malaise de la part du ministrepicto

Lisez ici le compte-rendu complet de cette affaire de la "vraie fausse" réunion de l'Elysée. Si vous avez raté les précédents épisodes de la commission Cahuzac, consultez notre dossier : "Cahuzac, un compte suisse"

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