Cahuzac : Bruguière a détenu la conversation, mais ne l'a "pas écoutée"

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Feuilleton Cahuzac, suite. Le détenteur de la bande-son, Michel Gonelle, l'avait donnée au juge Jean-Louis Bruguière qui a déclaré à Paris-Match l'avoir détruite sans l'avoir jamais écoutée. Quant à l'enquête fiscale visant Jérôme Cahuzac, Bercy a démenti mais Mediapart confirme ses informations.



À chaque jour, un nouvel épisode. Vendredi 21 décembre, Mediapart révélait l'identité du détenteur du fameux enregistrement sonore datant de 2000. Il s'agit de Michel Gonelle, l'opposant local à Cahuzac. Dans une interview au Parisien, ce dernier a expliqué qu'il avait réalisé deux copies de cet enregistrement dans lequel Jérôme Cahuzac admettrait avoir un compte en Suisse. "Je n’ai pas utilisé ces copies pendant des années jusqu’à ce que je m’en ouvre à un haut magistrat. Je lui ai transmis l’une des deux copies, mais elle ne m’a jamais été restituée. Je présume que c’est cette copie qui a dû circuler", a déclaré Gonelle.

Ce mystérieux magistrat est sorti de l'ombre dimanche 23 décembre : c'est le juge anti-terroriste Jean-Louis Bruguière, candidat malheureux contre Jérôme Cahuzac aux législatives de 2007 dans le Lot-et-Garonne. Interrogé par le site de Paris-Match, Bruguière raconte que Gonelle lui a parlé du compte suisse de Cahuzac pendant la campagne des législatives de 2007 et qu'il lui a remis un document audio censé prouver l'existence de ce compte. Du moins le croit-il, car cinq ans après la remise du document, Bruguière reste très évasif : "Je pense aujourd’hui qu’il s’agit de l’enregistrement diffusé par Mediapart, mais je ne peux le certifier car je n’ai jamais écouté le contenu du support audio que Michel Gonelle m’a remis en 2007, explique-t-il. Je ne l’ai ni utilisé, ni conservé considérant ce type de procédé douteux, contestable, non éthique." Il assure aujourd'hui avoir détruit le document sonore... sans pouvoir dire exactement quel était son support. Était-ce un CD ? Une clé UBS ? "Je ne m’en souviens pas. Mais ce n’était pas un CD", a déclaré Bruguière.

Parallèlement à ces conjectures sur la circulation de la bande-son, le volet fiscal de l'affaire connaît un nouveau rebondissement. Vendredi 21 décembre, Mediapart affirmait que Jérôme Cahuzac faisait l'objet d'une enquête de sa propre administration en raison de certaines anomalies dans ses déclarations d'impôt. Une information démentie samedi 22 décembre par la Direction générale des finances publiques (DGFip) dans un communiqué diffusé par l'AFP : "Aucun contrôle ou enquête n’est en cours à l’encontre d’un membre du gouvernement, indique ce communiqué. Comme c’est l’usage pour chaque nouveau gouvernement, le ministre délégué chargé du Budget a demandé à la DGFip de procéder à un examen de la situation fiscale des membres du gouvernement. C’est cette procédure qui est en cours et qui vise notamment à assurer que la situation de chacun des membres du gouvernement est irréprochable et exemplaire." Une procédure qui serait donc normale.

Sauf que d'après Mediapart, qui maintient ses informations dans un nouvel article (lien payant), la procédure classique de vérification du patrimoine d'un ministre serait terminée depuis longtemps. C'est le ministre lui-même qui l'avait affirmé à Mediapart le mardi 4 décembre, quelques heures avant que l'affaire n'éclate. "Quand j’arrive au gouvernement, comme tous les membres du gouvernement, mais peut-être davantage que d’autres, je suis l’objet d’une enquête fiscale. On cherche, ce qui est normal. Et rien ne revient", avait déclaré Jérôme Cahuzac pendant l'entretien qui a été enregistré. Sous-entendu : les vérifications ont été faites à son entrée au gouvernement et sont terminées.

Or, Mediapart assure qu'une nouvelle procédure serait en cours. L'expert-comptable de Jérôme Cahuzac, un certain Gérard Ranchon du cabinet Norminter, se serait rendu à une réunion de la Direction régionale des finances publiques de Paris Sud le 19 décembre. "Devant plusieurs hauts responsables de cette direction, il s’est vu notifier leurs observations sur les déclarations du ministre du Budget sur son impôt sur la fortune (ISF)", raconte Mediapart en rappelant les différents points litigieux comme la sous-évaluation de son appartement dans le calcul de l'ISF ou encore des suspicions dans le financement d'un deuxième appartement.

Les précédents épisodes du feuilleton Cahuzac sont dans ce dossier.

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