Bygmalion : l'étau se resserre. Mais sur qui ?
Sébastien Rochat - - 0 commentairesL'étau se resserre dans l'affaire Bygmalion. C'est ce qu'annoncent Libération, Les Echos ou encore 20 minutes et Politis après de nouvelles gardes à vue et mises en examen. Mais il se resserre sur qui cet étau ? Sarkozy ? Copé ? Des cadres de l'UMP ? Pour bien comprendre les dernières décisions de la machine judiciaire, @si a scruté l'intérieur de cet étau.
Qui a décidé de mettre en place un système de fausses factures UMP pour masquer les 18,5 millions d'euros de dépassement des comptes de campagne de Sarkozy ? C'est tout l'enjeu de l'affaire Bygmalion (affaire n°8 dans notre synthèse) qui a connu de nouveaux rebondissements avec le placement en garde à vue et la mise en examen de cadres de l'UMP et des anciens dirigeants de Bygmalion, dont la filiale Event & Cie était en charge de l'organisation des meetings de Sarkozy en 2012.
Relatant ces derniers rebondissements, Libération assure que "l'étau se resserre sur Sarkozy". Même constat de 20 minutes et des Echos pour qui "l’étau se resserre autour de Jean-François Copé et Nicolas Sarkozy". Dans le même registre, avec un petite variante, "l’étau se resserre en même temps que les filets s’élargissent", selon l'hebdomadaire Politis.
Qu'en est-il exactement ? Desserrons l'étau et observons les pièces. Mercredi 1er octobre, les deux fondateurs de Bygmalion, Bastien Millot et Guy Alvès, ainsi que le dirigeant de la filiale événement de Bygmalion, Franck Attal, ont été placés en garde à vue et mis en examen pour "complicité de faux et usage de faux". Face aux enquêteurs, Alvès a reconnu le système de fausses factures destinées à reporter des dépenses de campagne de Sarkozy sur l'UMP, et non sur les comptes du candidat dont le plafond légal aurait alors explosé. De son côté, Millot, (déjà mis en examen dans une affaire Bygmalion/France télévisions) a nié avoir été mis au courant de ce système de fausses factures.
L'intitulé des mises en examen "complicité de faux et usage de faux" dans une information judiciaire ouverte pour "abus de confiance" et "tentative d’escroquerie" au détriment de l'UMP montre que la pression est désormais sur les responsables UMP. Car ce serait à l'initiative de l'UMP, et non de Bygmalion, que ce système de fausses factures aurait été mis en place.
Ce jeudi 2 octobre, trois anciens cadres ont été placés en garde à vue : Eric Cesari, directeur général adjoint de l'UMP ("surnommé l'oeil de Sarkozy à l'UMP", dixit l'AFP), Fabienne Liadze, directrice des affaires financières et Pierre Chassat, directeur de la communication. Tous trois ont été mis en cause par Jérôme Lavrilleux (le directeur adjoint de la campagne qui s'était confié à BFM TV). Ils auraient participé à une réunion, fin mai 2012, au siège de l'UMP, en présence de Guillaume Lambert, directeur de campagne de Sarkozy, pour décider de mettre en place ce système de fausses factures pour masquer les dérapages des comptes de campagne en raison de l'organisation - très coûteuse - de meetings dans des délais très courts. Et selon la version des dirigeants de Bygmalion, ils n'auraient pas eu d'autres choix que d'accepter ce système frauduleux proposé par l'UMP, faute de quoi la société et les sous-traitants n'auraient pas été payés.
L'étau se resserre donc sur ces cadres de l'UMP. Quant à Sarkozy et Copé, c'est le profil des personnes entendues qui fait dire à Libération, aux Echos et à 20 minutes que l'étau se resserre sur eux : Lavrilleux était le bras de droit de Copé (malgré tout, Lavrilleux maintient que Copé et Sarkozy n'étaient pas au courant pour les fausses factures), Cesari était donc surnommé "l'oeil de Sarkozy". Et l'étau pourrait un peu plus se resserrer avec l'audition prochaine, annoncée comme inévitable par Libération, de Guillaume Lambert, directeur de la campagne de Sarkozy, qui faisait le lien entre les équipes de l'Elysée et de l'UMP. C'est donc par les auditions de son entourage que l'étau de se resserre sur Sarkozy. Et ce d'autant plus que L'Expressrelève que les mises en examen des dirigeants de Bygmalion s'accompagnent d'une interdiction de rencontrer Nicolas Sarkozy. Une mesure annonciatrice de sa prochaine audition par les juges ?
Pour se repérer dans ce labyrinthe judiciaire, lisez le résumé des 11 affaires et celui sur les dernières révélations.