Brésil / vidéo : policiers maquillant une scène de crime
Justine Brabant - - 0 commentairesFlagrant délit de mise en scène. Cinq policiers brésiliens ont été arrêtés après le meurtre d'un jeune homme dans une favela de Rio de Janeiro, le 29 septembre. Ils ont été confondus par une vidéo amateur, qui les montre plaçant un pistolet dans la main du cadavre pour faire croire à de la légitime défense.
La scène a été filmée depuis une habitation en surplomb. Cinq policiers s'affairent autour du corps d'Eduardo Santos, 17 ans, gisant dans une mare de sang. Un premier s'éloigne de quelques pas et tire un coup en l'air. Quelques secondes plus tard, un second met un pistolet (le même, semble-t-il) dans la main du cadavre, puis tire à son tour. Une mise en scène qui vise à faire croire que l'adolescent a tiré (pour preuve, les traces de poudre sur sa main), et que les policiers l'ont donc tué en situation de légitime défense.
La vidéo, ici reprise par le quotidien brésilien O Globo
(qui a supprimé les passages où l'on entend la voix du videaste afin de préserver son anonymat)
Sitôt publiée, le 29 septembre, la vidéo a été dupliquée des dizaines de fois sur Youtube. La version papier d'O Globo en a fait sa Une le lendemain.
"Des agents de la police de proximité (Unidade de Polícia Pacificadora, UPP en portugais) fabriquent la scène du crime", titre O Globo à côté d'une capture d'écran
Que s'était-il réellement passé avant que les policiers ne mettent une arme dans la main du corps d'Eduardo Santos ? Le jeune homme tué "était armé, mais il s'était rendu. Ils ont tiré alors qu'il avait les bras en l'air", ont témoigné des résidents de la favela. Les forces de l'ordre n'ont pas uniquement maquillé la scène du crime : ils ont également tenté de cacher leur forfait. "La polémique s’est amplifiée lorsque l’on a appris que des témoins avaient été menacés par des policiers", ajoute ainsi RFI.
Les cinq policiers ont été arrêtés, et font l'objet d'une enquête pour meurtre. Le 7 septembre dernier, 11 policiers de l'Etat de Sao Paulo avaient eux aussi été filmés en train d'exécuter deux hommes, avant de modifier la scène du crime - là encore, en plaçant une arme dans les mains d'un cadavre. Ils avaient été exclus des rangs de la police militaire. Selon l'ONG Amnesty international, "16% des homicides enregistrés [à Rio de Janeiro] ces cinq dernières années sont imputables à des policiers en service – soit 1519 au total".