Bouclier fiscal : le rétropédalage de Lellouche

Laure Daussy - - 0 commentaires

Il se prononce pour sa remise en cause puis se ravise dans la nuit

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Le secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, Pierre Lellouche, s'est prononcé pour une remise en cause du bouclier fiscal lors de l'émission "Mots croisés" lundi soir sur France 2, avec pour objectif de faire contribuer «les hauts revenus» à la réforme des retraites... Avant de se raviser, et d'appeler l'AFP pour nuancer ses propos.

Un secrétaire d'Etat qui ose s'attaquer à la mesure phare de Nicolas Sarkozy, le bouclier fiscal.... et se ravise illico presto. Pierre Lellouche a plaidé lundi soir sur France 2, à titre "personnel", pour une remise en cause partielle du bouclier fiscal, afin de faire contribuer "les hauts revenus" à la réforme des retraites. C'est la première fois qu'un ministre en exercice s'attaque ainsi au bouclier fiscal.

A la question "Nicolas Sarkozy a annoncé officiellement aujourd'hui que les hauts revenus seraient sollicités pour les retraites. Est-ce que le bouclier fiscal est mort ce soir ?", le ministre répond : "si on parle des 600 millions qui sont reversés et qui font l'objet des attaques incessantes de la gauche, effectivement, ce serait bien que ça aille aux retraites. C'est ma position personnelle". Ajoutant : "Sur le plan politique, je pense que cette affaire rapporte peu. Je souhaiterais que les gens qui sont émigrés fiscaux en Belgique ou ailleurs soient revenus. Ils ne sont pas revenus. Donc je pense qu'il faut peut-être arrêter cette expérience. Voilà ce que je pense", a-t-il déclaré.

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Ni une, ni deux, la déclaration est suffisamment innattendue pour que l'AFP diffuse un "urgent" a 23h57, intitulé : Lellouche pour, "à titre personnel", une remise en cause du bouclier fiscal.

Mais entre temps, le secrétaire d'Etat a dû être rappelé à l'ordre. Il passe donc un coup de fil à l'AFP, dans la nuit, pour nuancer ses propos....Et tenter de trouver une explication. A 1h44, une dépêche intitulée "Pierre Lellouche corrige ses propos sur le bouclier fiscal" est publiée. "Je me suis mal exprimé. Je ne visais que les hauts revenus et les revenus du capital qui bénéficient de la ristourne", dit-il. Il précise ainsi qu'il pensait "que les "600 millions d'euros" cités pendant l'émission concernaient uniquement les plus riches bénéficiaires du bouclier, écrit l'AFP. Lellouche aurait donc confondu les chiffres de l'ensemble du bouclier fiscal, qui a coûté à l'état près de 600 millions d'euros en 2009, et les chiffres concernant uniquement les hauts revenus, soit 1.055 contribuables avec un patrimoine de plus de 16 millions d'euros, qui ont bénéficié, selon Bercy, d'une restitution moyenne de 363.872 euros pour un coût total de 383 millions d'euros.

Le lendemain matin, deux ténors de la droite enfoncent le clou. Supprimer le bouclier fiscal? "On n'en est pas là", lance Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, sur RTL. "On discute avec les partenaires sociaux, toutes les options sont sur la table, on verra ce qui est nécessaire et après nous pourrons commenter les décisions qui auront été prises". Interviewé sur France 2, le chef de file des députés UMP Jean-François Copé affirme également qu'il est "un peu tôt" pour remettre en cause le bouclier fiscal afin de financer la réforme des retraites.

Notre dossier spécial sur le bouclier fiscal et les impôts est ici

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