Bouches closes et yeux bandés
Alain Korkos - - 0 commentairesIl existe, dans le monde de l'affiche, de grands thèmes. Des classiques
. Les bouches closes et les yeux bandés en font partie, l'actualité nous le prouve ces jours-ci. Avec, tout d'abord, cette affiche de Reporters sans frontières Allemagne nous montrant le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, qui veut fermer dans son pays l'accès aux réseaux sociaux dénonçant la corruption dont il serait coupable (@si en a parlé par là). Un hashtag suivi des mots Freedom of tweets (Liberté de twitter) lui recouvre la bouche :
Dans le même temps, une campagne d'affiches pour les élections qui auront lieu en Inde entre le 7 avril et le 12 mai prochains nous montre un portrait de femme avec un billet de banque sur la bouche, ainsi qu'un portrait d'homme avec un billet de banque sur les yeux. Les slogans Don't lose your voice to the note. Just vote (Ne perdez pas votre voix pour de l'argent. Votez) et Don't be blinded by the note. Just vote (Ne soyez pas aveuglé par l'argent. Votez) font allusion à cette pratique extrêmement courante en Inde qui consiste à acheter les voix des électeurs :
On remarquera au passage qu'une voix de femme coûte deux fois moins cher qu'une voix d'homme. L'homme, donc, a les yeux bandés par un billet de banque. Une idée très voisine avait été exploitée en juillet 2013 par la chaîne de télé KTK, sise au Kazakhstan. Elle nous montre trois personnalités bien connues des Kazakhs : le premier est un corrupteur notoire, la deuxième une célèbre prostituée, le troisième un politicien scandaleux. Leurs yeux sont cachés par une télécommande. Le slogan You cannot hide from the truth (Vous ne pouvez vous cacher de la vérité) rappelle à ces personnalités qu'elles peuvent toujours zapper le JT, se voiler la face, rien n'empêchera la vérité de surgir.
Cette campagne d'affichage ne fut visible qu'à Astana, capitale du Kazakhstan. Elle fut censurée en province.
Les bouches closes et les yeux bandés se rencontrent aussi dans les affiches de cinéma, elles y foisonnent. En voici un tout petit échantillon :
Le silence des agneaux, 1991
La memoria del muerto, 2011
Silent Hill, 2006
Présumé coupable, 2011
Syriana, 2005
Les Cavaliers de l'Apocalypse, 2009
L'occasion de lire ma chronique intitulée On a les amis qu'on mérite !