Bolloré : Bastamag et Rue 89 mis en examen pour diffamation
La rédaction - - 0 commentairesPot de fer contre pot de terre? Le groupe Bolloré poursuit en diffamation Basta! et Rue 89 suite à la publication d’un article sur l’accaparement des terres en Afrique par le groupe.
C'est un article publié sur Bastamag en octobre 2012 qui a fortement déplu au groupe Bolloré. Bastamag expliquait en quoi le groupe achète des terres pour les exploiter en Afrique au détriment de l'environnement, et souvent avec des conditions d'emploi de la population déplorables. Bolloré, via ses filiales Socfin, Socfinaf et Socfinasia, "est présent dans 92 pays dont 43 en Afrique. Il y contrôle des plantations, ainsi que des secteurs stratégiques: logistique, infrastructures de transport, et pas moins de 13 ports, dont celui d’Abidjan" expliquait le site.(...) Selon le site du groupe Bolloré, 150 000 hectares de plantations d’huile de palme et d’hévéas, pour le caoutchouc, ont été acquis en Afrique et en Asie. L’équivalent de 2 700 exploitations agricoles françaises!" précise encore l'article. |
L'article se fonde sur les enquêtes de plusieurs ONG et Think tank, comme le Oakland Institute, l'association Survie, ou encore l'ONU. "Au Libéria, le groupe Bolloré possède la plus grande plantation d’hévéas du pays, via une filiale, la Liberia Agricultural Company (LAC). En mai 2006, la mission des Nations Unies au Libéria (Minul) publiait un rapport décrivant les conditions catastrophiques des droits humains sur la plantation: travail d’enfants de moins de 14 ans, utilisation de produits cancérigènes, interdiction des syndicats, licenciements arbitraires, maintien de l’ordre par des milices privées, expulsion de 75 villages", explique encore l'article.
Ce jeudi, Julien Lusson, directeur de publication, et Ivan du Roy, rédacteur en chef du site se sont vu signifier leur mise en examen pour diffamation par Saida Kelati, juge d’instruction du Tribunal de grande instance de Paris, annonce le site. Deux autres journalistes de Basta!, Nadia Djabali et Agnès Rousseaux, co-signataires de l’article seront aussi convoquées prochainement. "Plusieurs passages, dont ceux où le groupe Bolloré est cité, sont incriminés. Il est le seul des grands groupes français mentionnés dans l’article à avoir engagé des poursuites", précise Bastamag. Pierre Haski, directeur de publication du site Rue 89 est également mis en examen. Rue 89 avait pourtant seulement signalé l’article dans sa "vigie" (revue de presse signalant "le meilleur du Web"). D’autres responsables de blogs et de sites pourraient également être visés par la procédure pour avoir reproduit ou relayé l’article.
Le groupe Bolloré est coutumier du fait. Il a déjà attaqué en justice plusieurs médias, dont France Inter suite à la diffusion d’un reportage sur ses activités au Cameroun, ainsi que le journal Témoignage Chrétien. Nous l'évoquions ici.